Mythes au sujet des rituels funéraires: un embaumeur répond à nos questions

ACTUALITÉ – Avant de devenir propriétaire d’une maison funéraire, Steve Finnegan a d’abord fait des études pour devenir thanatologue, ou embaumeur. Son métier consiste à conseiller les familles sur la façon dont elles veulent souligner la mort d’un proche. C’est aussi lui qui embaume le défunt. Plusieurs questions lui sont fréquemment posées par les familles qu’il rencontre. Nous l’avons rencontré pour obtenir des réponses et démystifier cet univers qu’est celui des rituels entourant la mort.  

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La question de savoir si plusieurs défunts sont incinérés en même temps fait partie de celles qui sont régulièrement posées.

«Les corps sont incinérés un à la fois, assure M. Finnegan. Le four est conçu pour accueillir une seule personne à la fois.»

Selon lui, cette rumeur est née dans les années 1980, alors que l’incinération était moins répandue. On demandait parfois aux familles d’attendre d’avoir trois ou quatre dépouilles à incinérer avant de démarrer le four crématoire, qui nécessite beaucoup d’énergie.

«Aujourd’hui, on n’a plus cette problématique parce qu’il y en a plus», dit M. Finnegan.

Le four fonctionne au gaz naturel et la durée moyenne d’une incinération est d’environ 1 h 30.

«Les familles peuvent assister si elles le veulent, précise-t-il. Parfois, les gens sont craintifs. Je n’ai rien à cacher. Tout ce qu’on voit, c’est à travers un petit hublot. Certaines personnes veulent accompagner le défunt jusqu’au bout.»

Cendres

Un autre mythe concerne la disposition des cendres. Nombreuses sont les personnes qui croient qu’il est illégal de les disperser dans l’environnement.

«Les gens sont parfois craintifs de me le dire parce qu’ils pensent que c’est illégal, raconte M. Finnegan. Au Québec, on peut le faire si ça ne contrevient pas à l’ordre public. Il faut aussi s’assurer que c’est un geste réfléchi.»

Il est donc possible d’en disposer dans un lac, une rivière, par avion et même… dans l’espace !

«Il y a une compagnie qui emporte des fioles contenant des cendres dans la stratosphère, en même temps qu’elle envoie un satellite, explique M. Finnegan. Il y a aussi une compagnie Italienne qui fait un diamant en carbone, à partir de cendres et elle fait un bijou avec. C’est venu d’Europe, il y a deux ans.»

Petit conseil pour ceux qui voudront disperser des cendres aux quatre vents: d’abord s’assurer de connaître la direction du vent.

«C’est une poudre très volatile, prévient M. Finnegan. Il faut aussi se demander, si on en a un peu sur nous, si on est à l’aise avec ça. Et si on les disperse dans un lac, au bout d’un quai par exemple, il faut expliquer aux enfants ce qu’on fait, pour éviter qu’ils ne veuillent plus aller dans l’eau après.»

Il est aussi possible de conserver une urne contenant des cendres à la maison ou de conserver une petite quantité de cendres dans un reliquaire, sorte de contenant miniature, qui peut servir de bibelot ou que l’on peut porter sur soi comme un bijou.

Les cendres ne sont pas reconnues comme des restes humains. C’est pour ça qu’on peut en disposer comme on veut.

Steve Finnegan, propriétaire des salons funéraires Serre et Finnegan

Urne

Pour ce qui est de l’urne, on peut même décider de l’enterrer chez soi. Par contre, il faut déclarer sa présence lorsque l’on vend la propriété, à moins de l’emporter avec soi. Dans le cas contraire, cela constitue un vice caché.

«C’est déjà arrivé qu’un vendeur a dû racheter sa propriété au prix du marché, cinq ans après l’avoir vendue, parce que l’acheteur a découvert une urne qui était enterrée sur le terrain», illustre M. Finnegan.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a des gens qui déménagent et qui oublient des cendres dans un grenier ou encore un garage. D’autres ne les réclament jamais auprès du salon funéraire qui était chargé d’incinérer le défunt.

C’est le cas de M. Finnegan qui garde les cendres d’environ 25 personnes, dans ses bureaux de Lacolle.

«Il y a des gens qui emménagent dans un appartement ou une maison et qui découvrent des cendres, dit-il. Un peu paniqués, ils nous appellent pour qu’on les récupère et qu’on entre en contact avec la famille. Il y a des cendres qu’on garde depuis 1990. Moi, je n’ai pas le droit de m’en départir. Tout a été payé, mais elles n’ont jamais été réclamées.»

Embaumement

En plus de conseiller et d’informer les familles, M. Finnegan réalise aussi les embaumements. C’est donc lui qui prépare le défunt. Il remplace le sang par un produit qui permet au corps de se conserver. Il doit laver le corps, puis l’habiller et le maquiller.

«Ça me prend en moyenne trois heures, dit-il. Certaines situations impliquent beaucoup plus de travail, mais le tarif est le même, peu importe l’état du cadavre. On est humains, on a des émotions comme tout le monde et on est là pour aider et supporter les familles.»