Napierville: un train qui inquiète
Après la tragédie de Lac-Mégantic, les citoyens de Napierville se demandent s’ils sont en sécurité, avec un chemin de fer achalandé sur lequel on transporte des matières dangereuses et qui traverse la municipalité, longeant plusieurs industries dont une station d’essence et une raffinerie.
Est-ce que le rail est en bon état? Est-ce que la raffinerie présente un risque potentiel? Le Coup d’œil a posé ces questions à différents intervenants, dont la municipalité de Napierville, le service des incendies et nous avons aussi visité les Raffineries de Napierville.
Le chemin de fer qui traverse Napierville appartient au Canadien Pacifique (CP) et relie Montréal à Rouses Point, la porte d’entrée à la frontière américaine, dans l’État de New York.
Si les autorités de la municipalité de Napierville ont confiance dans le réseau ferroviaire du CP, il n’en reste pas moins que peu après l’accident survenu à Lac-Mégantic, la directrice générale, Ginette Pruneau, a communiqué avec les autorités concernées afin de connaître l’état des rails, nous confiait Serge Bouchard, directeur des travaux publics à Napierville.
«Comme à peu près toutes les municipalités, on ne peut pas savoir avec exactitude ce qui traverse, ni quand ça va passer. Avec le CP, c’est comme un gouvernement dans le gouvernement. S’il y a un déraillement, les pompiers ne savent pas exactement ce qu’il y a dans le convoi. On sait que ce n’est pas de l’eau potable qui passe! Il y a toutes sortes de produits chimiques, de l’éthanol, etc. C’est connu de longue date.»
Selon M. Bouchard, plusieurs modifications ont été apportées aux rails et ils ont tous été remplacés au fil des ans. «Ils ne sont pas vieux et CP, ce n’est pas MMA (la compagnie qui possède le chemin de fer à Lac-Mégantic). La voie ferrée, ça dessert des milieux urbanisés. Elle est là et il faut vivre avec, mais personne ne veut vivre ce que Mégantic vit.»
«Le plus gros risque ce n’est pas la raffinerie, c’est la voie ferrée», estime-t-il.
Un chemin de fer dans la ville
Selon Dany Deragon, chef aux opérations du service des incendies de St-Cyprien et de Napierville, le chemin de fer figure parmi les risques les plus élevés. Bien que la municipalité compte plusieurs usines, dont la Coop, où on fabrique de l’engrais, ou encore la raffinerie, le service des incendies connait les produits avec lesquels ils travaillent et ces usines présentent un plan de mesures d’urgence aux pompiers et ils peuvent donc se préparer en conséquence. Ce qui n’est pas le cas pour le train et ce qu’il transporte.
«À Napierville, certains convois peuvent mesurer 4,5 km de long, avec 150 wagons. Ça pèse plus de 10 000 tonnes et ça prend 2,5 km pour arrêter, explique M. Deragon. Je ne peux pas te dire ce qui passe sur le rail. On sait qu’il y a du mazout, comme à Mégantic, mais aussi du chlore, de l’ammoniaque, du propane, du naphtalène et de l’essence.»
M. Deragon est d’avis que le chemin de fer qui passe à Napierville est bien administré. «Je pense que CP est une bonne compagnie de transport. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de risques. Napierville n’est pas à l’abri d’une catastrophe et le jour où ça va arriver, ce ne sera pas très différent de Mégantic.»
La suite à lire dans la prochaine édition de votre Coup d’œil.