Napierville: visite des coulisses de l’église Saint-Cyprien
EXCLUSIF – Coup d’œil a eu un accès privilégié aux coulisses de l’église Saint-Cyprien à Napierville, en compagnie de David Fortin, un travailleur de la construction qui donne de son temps depuis 10 ans pour entretenir ce joyau construit entre 1887 et 1889. Suivez-nous dans cette visite guidée des lieux auxquels le public n’a pas accès.
Premier arrêt: le presbytère. Construit entre 1855 et 1857, on le surnomme «le château Morrison» en l’honneur du curé Charles-François Calixte Morrison, qui fût le 5e curé de Saint-Cyprien de 1853 à 1877. Au rez-de-chaussée, on trouve des bureaux, une cuisine et une salle à manger. L’endroit sent bon le vieux bois et le plancher craque sous nos pas.
On rencontre ensuite Sylvain Numbi, l’actuel curé de Napierville depuis quatre ans. Originaire du Congo, il a élu domicile au 2e étage du presbytère depuis peu.
M. Fortin nous amène ensuite au sous-sol du presbytère. On découvre une pièce qui servait autrefois de «coin à patates». Des bacs emplis de sable y sont aménagés. Tout près, on trouve une pile de sacs de jute. C’est là que les curés entreposaient leurs légumes.
«Il y a quelques années, le prêtre qui était ici avait son jardin à l’extérieur, explique M. Fortin. Il aimait faire à manger et il faisait ses conserves.»
Au sol, on aperçoit une caisse de bouteilles de vin vides. Il s’agit de vin de messe. C’est un vin blanc léger de la Californie, qui compte 12% d’alcool par volume de la maison Cribari, fourni par une entreprise de Los Angeles qui se spécialise dans la fabrication de ce type de produits. Le curé met de deux à trois mois avant de voir le fond d’une bouteille.
Église
On emprunte une passerelle qui relie le presbytère à l’église pour se rendre au sous-sol du lieu de culte. Le plafond est bas; il faut pencher sa tête. On y découvre le cœur du système de gicleurs.
Au passage, on aperçoit des statues de plâtre déposées sur le sol en terre. Elles proviennent de l’église de Saint-Jacques-le-Mineur, qui a fermé ses portes il y a quelques années. M. Fortin explique que, selon la croyance, ces Saints ne peuvent être jetés. Ils doivent être amenés dans une autre église ou enterrés dans un cimetière.
Dans l’obscurité, on distingue une dizaine d’affiches accrochées au plafond. «Ici repose Adéla Frédette décédée le 14 août 1923», peut-on lire sur l’une d’elles.
Au total, pas moins de 297 personnes ont été enterrées sous l’église entre 1845 et 1932. C’est ce que l’on apprend dans le livre Saint-Cyprien et Napierville 175 ans, 1823-1998, écrit par Lionel Fortin. Dans cet ouvrage, l’auteur cite les noms de toutes ces personnes.
À l’étage, on accède au chœur de l’église et à son magnifique autel en bois sculpté et doré, l’œuvre de l’artisan-sculpteur Aldéric Leblanc (1905-1971), de Napierville. Derrière, la sacristie abrite une voûte, où sont précieusement gardés tous les documents officiels comme les actes de mariage ou de baptême.
Grenier
On traverse ensuite la nef par l’allée centrale, longeant les rangées de bancs en bois doré jusqu’aux portes qui mènent sur le parvis. Au passage, on croise «la maison du pardon», le confessionnal, qui sert aujourd’hui à entreposer du matériel.
On emprunte un escalier menant au premier, puis au second niveau du jubé. La vue d’en haut nous permet de contempler la beauté des lieux. C’est là que se trouve aussi l’orgue J. E. Pépin, datant de 1908.
M. Fortin ouvre un panneau situé sur le côté du jeu de tuyaux de l’orgue. On s’engouffre dans cet espace clos pour aboutir entre l’instrument et l’immense fenêtre située au-dessus des portes centrales à l’avant de l’église. Là, une échelle de bois étroite et presque verticale, d’une hauteur de plus de 10 mètres (30 pieds), mène au grenier de l’église. On soulève une trappe pour se retrouver dans l’entre-toit, au-dessus du plafond intérieur de l’église.
Des ouvertures dans le plancher permettent d’accéder aux luminaires qui doivent être descendus à l’aide d’un treuil lorsque vient le temps d’en remplacer les ampoules.
Clocher
Depuis le grenier de l’église, une seconde échelle plus courte mène au clocher. On soulève une trappe pour se retrouver à l’extérieur, là où se trouve la cloche à 26 mètres (85 pieds) du sol. Nous constatons avec étonnement que le rouage de bois permettant de faire retentir la cloche est en décrépitude.
La cloche porte l’inscription latine: Parce Domine. Parce populo tuo. Cyprianus, qui signifie «Protège, Seigneur; protège ton peuple de Saint-Cyprien».