Neuf femmes témoignent de leur parcours en fertilité
Actualité. Dans L’égo de l’infertilité, neuf femmes se confient au sujet de leur parcours, souvent difficile, en fertilité. Parmi elles, on compte Geneviève Filion, une jeune femme de Saint-Rémi, qui a entamé son parcours en fertilité il y a maintenant trois ans.
Mme Filion a décidé de participer à ce projet d’abord pour l’aider elle, à un moment où elle traversait un épisode de dépression à la suite de nombreux insuccès dans ses démarches, mais aussi pour toutes les femmes qui ont entamé un parcours en fertilité. Et elles sont nombreuses.
« Parfois, on ne comprend pas ce qu’on vit, mais lire les mots d’autres femmes nous aide à nous sentir légères, dit-elle. Un couple sur six vit de l’infertilité. Nous sommes plusieurs dans la même situation. C’est très difficile parce que nous vivons beaucoup d’échecs. C’est donc vraiment important d’en parler. »
Famille et proches
Ce livre s’adresse aussi aux familles et aux proches de femmes et de couples qui vivent ces difficultés. « C’est un outil pour les aider à mieux réagir, explique Mme Filion. Souvent, les membres de notre propre famille ne comprennent pas à quel point ça nous affecte. Ce n’est pas parce que je suis stressée que je ne tombe pas enceinte. C’est parce que j’ai des problèmes physiques et médicaux. Quand je n’allais pas bien, mon entourage ne comprenait pas. La seule chose dont j’avais besoin, c’était des encouragements, des câlins et de me faire dire qu’ils m’aimaient. »
On lui suggère souvent de penser l’adoption, mais ce processus est tout aussi long et coûteux que celui de la fertilité. « Les coûts sont très élevés pour l’adoption à l’international et il y a huit ans d’attente pour adopter un enfant de la DPJ », souligne-t-elle.
Je suis devenue plus forte et plus résiliente par rapport à ça. Je suis en action et ça va bien. Je suis capable d’en parler et je souhaite que les autres en parlent aussi.
Geneviève Filion
Son parcours
Le parcours en fertilité de Mme Filion a commencé il y a trois ans. Comme un cancer a été diagnostiqué chez son conjoint, Alexandre Trudeau, on a donc prélevé et congelé son sperme avant ses traitements de chimiothérapie, qui l’ont malheureusement rendu infertile.
Lorsque le couple a décidé d’avoir des enfants, ils ont consulté une première clinique afin de procéder à une insémination, en décembre 2020. Après trois tentatives infructueuses, ils ont consulté une seconde clinique afin de procéder à une fécondation in vitro.
« C’est là qu’on m’a annoncé que j’avais un problème d’infertilité. Mon cœur s’est arrêté. J’ai appris que je suis née avec moins d’ovules que la majorité des femmes. C’est comme si j’approchais de la ménopause. »
Mme Filiion a dû se soumettre à une stimulation ovarienne, puis à une ponction d’ovules. « On doit se faire des injections d’hormones au ventre plusieurs fois par jour pendant deux mois, raconte-t-elle. Ça joue beaucoup sur le moral. »
Après cette première ponction d’ovules, ils ont obtenu un seul embryon qu’on lui a transféré, mais la manœuvre n’a pas fonctionné. C’était en juin 2022. Elle s’est soumise à une deuxième ponction d’ovules en octobre de la même année, avec le transfert d’un embryon, mais elle n’est pas tombée enceinte.
L’hiver dernier, des examens médicaux ont révélé la présence d’une bactérie au niveau de l’utérus, ce qui pouvait expliquer la raison pour laquelle Mme Filion n’arrive pas à tomber enceinte.
À la suite d’un troisième transfert d’embryon réalisé en juillet 2023, elle est finalement tombée enceinte, mais elle a malheureusement fait une fausse couche. « Ça m’a fait de la peine, mais pour la première fois, j’avais gagné une bataille », confie Mme Filion.
Coûts
Un autre obstacle qui se dresse sur le chemin d’un parcours en fertilité est le coût qui y est associé.
« L’infertilité, c’est pour les riches, lance Mme Filion. Chaque ponction d’ovules coûte 11 000 $ et un transfert d’embryon coûte 2500 $. Il y a bien un crédit d’impôt, mais avec mon salaire d’infirmière, je n’y ai pas droit. Pourtant, on vit dans un petit condo et on n’a pas d’argent de trop… »
Tout cela sans compter les douleurs physiques et psychologiques que ces démarches entraînent.
« -Une ponction d’ovules, c’est très dur sur le corps et c’est une procédure très douloureuse, précise Mme Filion. L’infertilité, c’est aussi tout le temps de l’attente. Quand on fait un transfert d’embryon, on doit attendre dix jours avant de faire une prise de sang pour savoir si on est enceinte. Ce sont les dix jours les plus longs de ta vie. Après, on attend notre résultat toute la journée. À chaque étape, on doit attendre des mois avant de voir un médecin. Ça accapare toute notre vie et nous n’avons le contrôle sur rien. C’est ça qui fait qu’on tombe en dépression. »
Tourbillon
Depuis toutes ces années, elle a consulté plusieurs professionnels de la santé pour mettre toutes les chances de son côté. « J’ai vu une ostéopathe, une nutritionniste, j’ai fait de l’acuponcture, de l’hypnose, de la méditation et du yoga, pour m’aider à tomber enceinte », explique Mme Filion.
« L’infertilité, c’est un tourbillon positif-négatif, poursuit-elle. C’est très difficile. Ça change la perception que nous avons de nous-même. Depuis qu’on est jeune, on a à l’esprit qu’on va être maman. On apprend aux filles qu’elles vont devenir mères, mais on n’apprend pas que ça peut être difficile. »
Je veux que les filles qui liront mon texte puissent voir que même si c’est difficile, il faut prendre soin de soi et aimer la vie quand même, malgré les échecs.
Geneviève Filion
Au mois de septembre, Geneviève Filion doit revoir son médecin. « J’espère qu’il me prescrira un nouveau transfert d’embryon congelé, souhaite-t-elle. Il se peut qu’en raison des échecs passés, on me demande de passer d’autres examens, mais j’espère qu’il va me prescrire un nouveau protocole. Je ne connais pas l’avenir, mais je reste positive. »
Se procurer le livre
L’égo de l’infertilité est publié aux Éditions JED Lab. Il est possible de se procurer le livre en prévente en ligne, par le biais du site Internet www.egoinfertilite.com.
Les exemplaires ainsi commandés seront envoyés à compter du 1er septembre.