Pesticides en milieu agricole: les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement n’en font pas assez

ENVIRONNEMENT – Le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Environnement n’ont pas le portrait complet de l’utilisation des pesticides en milieu agricole et ils n’en font pas assez pour aider les agriculteurs à réduire l’utilisation de ces produits. C’est ce que révèle le Rapport du commissaire au développement durable (printemps 2016), rendu public le 2 juin par la vérificatrice générale du Québec Guylaine Leclerc.

Le chapitre 3 de son rapport fait état des travaux menés auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC).

Selon le commissaire au développement durable Jean Cinq-Mars, comme le ministère de l’Environnement n’a pas le portrait complet de l’utilisation des pesticides, ses outils pour mesurer les risques pour la santé et l’environnement manquent de précision. Il cite l’exemple des néonicotinoïdes, qui sont utilisés pour enrober des semences, mais qui ne sont pas comptabilisés dans le bilan des ventes de pesticides.

Eau

La qualité de l’eau des rivières testées en milieu agricole se dégrade. C’est ce que démontre le suivi de la présence de ces produits effectué par le ministère de l’Environnement. «Des pesticides, parmi ceux les plus susceptibles de nuire à la santé et à l’environnement, se trouvent parfois dans les rivières à des concentrations qui dépassent les critères déterminés pour protéger la vie aquatique», peut-on lire dans le rapport du commissaire. Ces pesticides commencent à peine à être testés et les résultats ne sont pas publiés, poursuit-il.

On trouve aussi des pesticides dans l’eau potable, mais en plus faible concentration.

Aliments

M. Cinq-Mars note que la présence de pesticides sur les fruits et légumes et mal connu par le ministère de l’Agriculture. «Un nombre restreint d’aliments sont testés et la présence de certains pesticides largement utilisés au Québec n’est pas évaluée», conclut M. Cinq-Mars.

Il ajoute que l’impact sur la santé de la présence de plusieurs pesticides différents en même temps dans un aliment reste peu connu.

Agriculteurs

Selon l’auteur de ce rapport, «les mesures mises en place par le MAPAQ sont insuffisantes pour amener les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles favorables au développement durable et pour faire contrepoids à l’industrie agrochimique qui influence fortement le marché.»

M. Cinq-Mars est aussi d’avis que peu de mesures réglementaires sont mises en place par le ministère de l’Environnement pour réduire l’usage des pesticides en agriculture.

Le rapport détaillé est disponible au www.vgq.qc.ca.