Plus de 500 000 oies des neiges font un arrêt dans le Haut-Richelieu

Comme chaque année, elles sont plus de 500 000 à se poser dans les champs et sur la rivière Richelieu, entre Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix et Saint-Jean, afin de se nourrir et de refaire leurs forces, avant de repartir pour un voyage de plusieurs milliers de kilomètres, en direction du Grand Nord québécois.

«Elles passent l’hiver sur la côte Atlantique, en Virginie, en Caroline, au New Jersey et au printemps, elles migrent vers le Grand Nord du Québec pour y nicher.  Elles reviennent avec leurs petits, vers la mi-octobre, afin de passer l’hiver sur la côte est des États-Unis», explique Réal Boulet, membre du Club d’ornithologie du Haut-Richelieu, depuis 2002.  

«Le Richelieu représente un corridor migratoire naturel.  Les oies des neiges peuvent voyager à une vitesse de 60 km/h, pendant 24 heures, sans s’arrêter.  Comme elles doivent aussi se reposer, les terres agricoles les attirent.  Elles se nourrissent des restants de maïs et ensuite elles se rassemblent sur la rivière afin de se protéger contre d’éventuels prédateurs tels le coyote, le renard roux ou encore les oiseaux de proie», poursuit M. Boulet.  Individuellement, chacune des oies passe à son rythme et reste quelques jours parmi nous, avant de reprendre son voyage.

Pourquoi sont-elles si nombreuses?

M. Boulet nous explique qu’au XIXe siècle, les oies des neiges étaient très chassées, à un point tel qu’en 1920, il ne restait plus que 20 000 individus en Amérique du Nord.  Au début du XXe siècle, certaines mesures ont été prises afin de rétablir la population et une période d’interdiction de chasse a été imposée.  Comme cet oiseau peut vivre de 10 à 15 ans et que chaque année, les femelles pondent entre 8 et 12 œufs, la population d’oies des neiges a progressivement augmenté, à un point tel qu’aujourd’hui, on en dénombre près de deux millions.

Les changements climatiques contribuent aussi à l’augmentation de la population d’oies des neiges.  « Depuis une vingtaine d’années, les saisons sont davantage propices à la nidification.  Comme les saisons se réchauffent, lorsque les oies nichent dans le Grand Nord, elles peuvent maintenant s’alimenter plus longtemps avant de repartir pour le Sud.  Elles ont donc davantage de succès avec leur portée », précise M. Boulet. 

Le réchauffement des saisons a un impact direct sur le comportement des oies, ce qui entraîne certaines conséquences indésirables pour les humains.  Comme le printemps est plus hâtif, dans les régions où elles passent l’hiver sur la côte est américaine, la végétation commence souvent à pousser dans les champs des agriculteurs, avant même que les oies n’aient quitté pour le Nord. 

«Des agriculteurs sont payés pour cultiver des champs qui serviront à nourrir les oies des neiges et ainsi empêcher qu’elles ne détruisent les champs des cultivateurs», relate M. Boulet.

Pourquoi s’arrêtent-elles chez nous?

Dans les années 1980, comme elles étaient moins nombreuses, le seul endroit où nous pouvions les observer était à Cap Tourmente, au nord de la ville de Québec.  Mais à mesure que la population a augmenté, la nourriture a commencé à manquer et le corridor de migration s’est agrandi.  C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, on peut les observer dans la région du Haut-Richelieu.  « En 1950, le couloir migratoire faisait 50 km de large, alors qu’aujourd’hui, il s’étend sur près de 500 km», note M. Boulet.

Les oies des neiges ont commencé pourront être observées jusqu’à la mi-avril.  Il est notamment possible de les admirer à Saint-Blaise, près de la marina ou encore à Saint-Jean-sur-Richelieu, à partir du stationnement public qui se situe près de la rue Cayer.