Québec sabre une aide financière: de lourdes pertes pour les vignerons de la région
Vin – Le ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ) vient de couper, sans avertissement, une aide financière qu’il versait aux vignerons québécois. Cette décision entraîne un manque à gagner d’environ 200 000$ pour Yvan Quirion, propriétaire du vignoble Domaine Saint-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur.
Cette contribution était attendue depuis plusieurs mois par les producteurs de vin de la province qui vendent leurs produits à la Société des alcools du Québec (SAQ).
En vertu du Programme de commercialisation et de mise en valeur des vins québécois, un montant leur est versé pour chaque bouteille vendue à la SAQ.
L’entente liant le MAPAQ et les vignerons devait prendre fin en mars 2017, explique M. Quirion qui, à titre de président de l’Association des vignerons du Québec, représente 95% des producteurs de vin de la province.
Dans un premier temps, le gouvernement a décidé de plafonner l’aide versée à 100 000$ plutôt que 300 000$ pour la période allant du 29 mars au 12 septembre 2015.
Depuis le 13 septembre 2015 jusqu’au 31 mars 2016, il n’y a plus aucun programme en vigueur. Or, les vignerons réalisent environ 70% de leurs ventes durant cette période, notamment pendant les Fêtes.
«Ce que je comprends du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, c’est que je vais recevoir zéro», déplore M. Quirion.
Ça touche tous les vignobles. «Que l’on pense au Domaine clos Saint-Bernard, situé à Saint-Bernard-de-Lacolle ou encore au Chat botté, à Hemmingford, qui voulaient entrer leur vin rosé à la SAQ au printemps», poursuit Yvan Quirion.
Ce dernier craint les répercussions pour les plus petits producteurs et ceux qui débutent dans cette industrie. «Moi, j’ai assez de volume pour me refaire en restauration, dit-il. C’est pire pour les petits vignerons qui se sont endettés. Ça coûte cher de démarrer un vignoble. Ils commencent à vendre à la SAQ et en partant, on leur coupe les jambes.»
Programme
Pour une bouteille de vin québécois vendue 16$ à la SAQ, le vigneron reçoit environ 6$ de la part de la société d’État. À cela s’ajoutaient environ 5$ en vertu du Programme, ce qui n’est plus le cas.
M. Quirion précise que le Programme est une mesure visant à rétablir l’équilibre par rapport à tous les produits étrangers qui sont offerts à la SAQ et qui sont largement subventionnés.
«Ce que le ministre Paradis ne comprend pas, c’est que ce n’est pas une subvention. C’est une majoration équitable, explique M. Quirion. Ça sert à compétitionner les 15 000 vins étrangers qui sont subventionnés. On est [l’endroit] qui a le plus de compétition chez [lui] au monde.»
L’Association des vignerons du Québec déplore l’attitude de Pierre Paradis et réclame un nouveau programme d’aide permanent pour ne plus dépendre de l’humeur des ministres qui se succèdent. «Le ministre ne nous parle pas, dit M. Quirion. Il ne nous a jamais rencontrés.»
Selon Yvan Quirion, de tels programmes existent dans de nombreuses provinces canadiennes et ailleurs dans le monde, de manière structurée et permanente.