Saint-Blaise: rare visite d’une chouette lapone

ORNITHOLIGIE – Depuis le 25 janvier, les ornithologues sont nombreux à se donner rendez-vous à l’intersection de la rue principale et du chemin du Grand-Bernier à Saint-Blaise. Une visiteuse rare, une chouette lapone, a élu domicile sur un fil électrique. Son séjour dans la région pourrait se prolonger jusqu’au printemps.

Jumelles et caméras à la main, les amateurs ont les yeux rivés vers ce nouvel arrivant.

«Je revenais du travail lorsque je l’ai aperçue sur le fil. Je suis allée chercher mon appareil photo. Elle ne bougeait pas. Elle restait là à me regarder», explique Mélanie Vachon, qui a été la première à publier des photos de la visiteuse sur les réseaux sociaux.

Depuis, la résidente de Saint-Blaise remarque sa présence au quotidien. «On la voit chercher de la nourriture dans les champs. Elle ne va pas très loin. Elle s’est même posée sur une pancarte de la Route verte. Elle était à deux pieds de moi», raconte la citoyenne.

Jusqu’à maintenant, l’oiseau semble apprécier son nouvel environnement.

Venue du Nord

«La chouette lapone est rare dans la région, confirme Geneviève Perreault, biologiste pour le Regroupement QuébecOiseaux. Son habitat se trouve dans la forêt boréale au nord du Québec. Il y en a beaucoup en Abitibi-Témiscamingue.»

Cet hiver, plusieurs observations ont été signalées à Montréal, Laval et Vaudreuil-Dorion. «Elle descend au sud en fonction de la fluctuation de la population de micromammifères, explique la spécialiste. La chouette lapone s’alimente de petits rongeurs, surtout le campagnol à dos roux.»

«Ces derniers se nourrissent de la semence produite par les conifères, précise-t-elle. Celle-ci à un cycle aux quatre ans. Lorsqu’il y a moins de nourriture, il y a moins de campagnols.»

Voilà pourquoi la chouette lapone visite le sud de la province aux quatre à cinq ans. «C’est une belle rareté ici, confirme le garde-parc de la SEPAQ et citoyen de Saint-Jean-sur-Richelieu, Denis Henri. C’est la plus grande chouette du Québec. Elle suscite la curiosité.»

Impressionnante

L’oiseau qui appartient à la famille des strigidés (hiboux) se distingue de ses congénères d’abord par sa taille. La femelle est plus grosse que le mâle. Elle peut peser plus de 3,5 livres, alors que son compagnon fait osciller la balance au maximum à 2,5 livres.

Son disque facial prononcé, sa tache noire et blanche au niveau du menton et ses yeux jaunes rendent les clichés d’elle spectaculaires.

Printemps

Elle pourrait demeurer dans la région jusqu’au mois de mars, peut-être même avril. «Si elle a de la nourriture et un abri pour se reposer, pourquoi irait-elle ailleurs?, questionne Geneviève Perreault. Si elle n’est pas farouche, il est important de ne pas la nourrir. Certains offrent des souris pour avoir de belles photos. Cela augmente les risques de collisions avec des véhicules.»

Cette dernière invite les ornithologues à être attentifs, puisque la chouette lapone ne risque pas d’être la seule rareté de l’hiver. «La nyctale de Tengmalm et la chouette épervière se nourrissent également de campagnols. Ils seront affectés par le même cycle et descendront peut-être au sud», conclut-elle.