Saint-Cyprien: les proprios du resto-bar le Douglas tournent la page
AFFAIRES – Après avoir passé les 49 dernières années à travailler sept jours par semaine, Richard Fortin et Lucette Charbonneau tirent leur révérence. Les propriétaires du célèbre resto-bar et motel Douglas, à Saint-Cyprien, passent le flambeau.
L’histoire du Douglas, c’est d’abord une histoire de famille. Tout a commencé au début des années 1950. Le père de M. Fortin construit un restaurant à l’endroit où se trouve aujourd’hui la bretelle d’accès de l’autoroute 15. L’endroit s’appelait Chez Charles. On y trouvait un restaurant, mais aussi un garage, une station d’essence et même un zoo où il était possible d’admirer des pigeons, des lapins, des paons et des singes.
En 1965, ils sont expropriés pour permettre la construction de l’autoroute. Le Québec se met en branle. On se prépare en vue de l’Expo 67. Le Douglas ouvre ses portes à l’emplacement actuel en 1967. On y trouve un restaurant, mais aussi une quinzaine de chambres à louer à l’étage.
Dès son ouverture, le restaurant a pu profiter de la manne de voyageurs qui se déplaçaient pour l’Expo.
«Je travaillais les fins de semaine et tous les étés, se souvient M. Fortin. Mon père est décédé en 1971 et j’ai embarqué à temps plein.»
En octobre 1976, le Douglas est détruit par un incendie. Il rouvrira ses portes l’année suivante, mais sans ses chambres. «On avait assuré seulement 60% de la valeur, explique M. Fortin. Ça ne couvrait même pas les dettes. Donc, on n’a pas rebâti les chambres.»
Finalement le motel et ses 12 chambres seront construits 10 ans plus tard, en 1987.
Modes
Si le Douglas a réussi à traverser les époques, c’est parce que les propriétaires sont parvenus à se démarquer et à suivre les modes, affirment-ils. Les 10 premières années, le Douglas avait son piano-bar.
De 1977 à 1981, M. Fortin et Mme Charbonneau en avaient fait un club avec orchestre. Ils faisaient affaire avec une agence de Montréal qui les mettait en contact avec des artistes.
«René Simard a chanté ici quand il avait 7 ou 8 ans, dit M. Fortin. Stéphane Rousseau est venu aussi avec Roméo Pérusse et Ricky Dee était l’animateur. C’était la période d’or. Les gens fumaient et prenaient un coup. J’étais plus jeune aussi… Les temps ont bien changé, mais c’est normal.»
La décennie suivante, le Douglas se transforme en discothèque.
«On se faisait demander pourquoi on avait ouvert ça en plein champ, relate Mme Charbonneau. Les gens venaient de La Prairie et de Saint-Jean-sur-Richelieu. On avait aussi des Américains parce qu’ils pouvaient entrer à 18 ans, alors que c’était 21 ans aux États-Unis. On était vraiment tendance.»
Plus tard, une salle de réception a été aménagée pour y organiser des mariages et des fêtes. Aujourd’hui, cette salle de dimension plus modeste peut accueillir des groupes d’environ 75 personnes.
Famille
Aujourd’hui, le Douglas c’est un motel et un resto-bar, mais c’est encore une grande famille. Environ 40 personnes y ont leur emploi.
«Il y a des parents, leurs enfants et leurs petits-enfants qui ont travaillé ici, explique M. Fortin. On a même une mère et ses quatre enfants qui travaillent en ce moment. Il y a un paquet gens qui se sont connus ici et qui se sont mariés.»
Avenir
Qu’est-ce qui attend le couple nouvellement retraité? Plusieurs projets, mais surtout du temps ensemble. Les clients et amis pourront continuer de les croiser au Douglas régulièrement.
«Je vais continuer à venir manger ici. C’est bon!», conclut M. Fortin.
Les clients ont été nombreux à témoigner sur la page Facebook du Douglas. Voici ce qu’ils ont dit.
«Oui que de souvenirs! Ce cher Douglas aura toujours une place spéciale dans mon cœur et vous aussi! Ma première fois où je me suis fait carter, la rencontre de l’homme de ma vie, mon mariage… Mais surtout la pizza ballon spécial Douglas!!! Bonne retraite!»
-Hélène Duquette
«Bonne retraite bien méritée à vous deux. Je garde un très bon souvenir de mon passage dans votre équipe. Vous avez été pour moi de très bons patrons. En plus, j’ai connu l’âme sœur grâce à vous!!! Patrick Filion et moi vous embrassons fort!»
-Melan Faber
«Ma première job d’étudiante
Ma première rencontre amoureuse
Ma première cuite
Que de beaux souvenirs!!!
Bonne et heureuse retraite grandement méritée !!!»
-Sylvie Gagnon
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