Saint-Rémi:Des citoyens veulent démettre le maire de ses fonctions

Une requête pour suspendre provisoirement le maire de Saint-Rémi, Michel Lavoie, a été déposée mardi matin au Palais de Justice de Longueuil par un groupe de citoyens, appuyés dans leurs démarches par la clinique juridique Juripop.

«En vertu de la nouvelle loi 10, modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, qui a été sanctionnée le 16 avril dernier, un maire, qui est accusé au criminel et qui risque plus de deux ans de prison, peut, si un citoyen dépose une requête à cet effet, être suspendu provisoirement de ses fonctions.  Comme il s’agit d’une requête d’urgence, le jugement devrait se faire d’ici un mois», explique Marc-Antoine Cloutier, directeur général de la Clinique juridique Juripop, un organisme à but non lucratif en économie sociale, qui appuie le groupe de citoyens de Saint-Rémi dans ses démarches pour faire démettre le maire de ses fonctions. 

Rappelons que Michel Lavoie a été arrêté en décembre 2012 par les agents de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), ainsi que son fils, Sébastien Lavoie et Dominic Dorais, de Construction Dorais.  M. Lavoie fait face à 7 chefs d’accusation au criminel, dont ceux de complot, de fraude et d’abus de confiance.

Michel Lavoie ne quittera pas son poste

C’est ce qu’il avait affirmé lorsque la question lui a été posée par la conseillère municipale, Sylvie G. Breton, lors de la séance du conseil municipal du 8 avril dernier. 

«Qu’est-ce que vous allez faire avec la loi 10?  Je veux le savoir et mon entourage aussi veut le savoir», lui avait demandé Mme Breton.  

Devant une salle pleine à craquer, M. Lavoie a répété qu’il ne comptait pas se retirer.  «Ceux qui veulent se servir de la loi 10, c’est la loi, il n’y a pas de problème là.  Moi aussi je vais prendre position pour aller me défendre parce que moi, je suis convaincu que je n’ai absolument rien fait de pas correct.  Alors on y va, on va plaider notre cause.  Il n’y a pas de frais à la ville de Saint-Rémi.  J’assume mes propres frais tout le temps.  Ça fait 20 ans que je suis ici à la ville de Saint-Rémi et je n’ai jamais chargé une cenne noire.  Les gens ont le droit, se servent du droit, mais moi aussi j’ai le droit de faire valoir mon point, a-t-il répondu en s’adressant directement aux citoyens présent à l’assemblée.  Je partirai si le juge me dit qu’il faut que je m’en aille.» 

 Une loi pour préserver la confiance des citoyens envers leurs institutions

«Le Barreau a rendu un avis consultatif sur la nouvelle loi 10 et il en est venu à la conclusion qu’elle ne compromet pas la présomption d’innocence et elle protège l’intérêt public», explique M. Cloutier.

Lors de la dernière séance du conseil municipal, M. Lavoie clamait son innocence. 

«Comme tout citoyen, je suis supposé être reconnu innocent jusqu’à mon procès et moi c’est ça que je déplore parce que moi je l’ai vue la preuve et d’après moi, il n’y a rien dedans.  J’assume ma responsabilité.  Je suis convaincu que je n’ai rien fait et il n’y a personne qui va me faire changer d’idée et je vais me battre jusqu’à la fin, un point c’est tout.  Quand j’me couche le soir, je dors sur mes deux oreilles.  Je n’ai pas de remords de conscience pis ça va bien», avait-il déclaré aux journalistes, après la levée de la séance.

Quoi qu’il en soit, M. Lavoie doit se présenter en cours le 13 mai pour son enquête préliminaire, concernant l’enquête criminelle.  En ce qui concerne la requête déposée ce matin, le jugement pourrait être rendu dans quelques semaines.  Si le tribunal décide de suspendre provisoirement le maire, ce dernier continuera d’être rémunéré.  Si au terme du procès au criminel, il devait être accusé, certaines dispositions de la loi 10 permettraient d’exiger du maire qu’il rembourse le salaire qu’il aurait perçu alors qu’il était suspendu.

 Candidat aux élections municipales de novembre

Les élections municipales se tiendront en novembre prochain, dans plus de 7 mois.  Cela représente une éternité en politique, mais comme M. Lavoie est persuadé qu’il sera innocenté, nous lui avons tout de même demandé, lors de la séance du conseil municipal du 8 avril, s’il comptait se représenter lors du prochain scrutin.  «J’vais être là!  Casse-toi pas la tête!», nous a-t-il répondu.