Semaine de la santé et de la sécurité en agriculture
Prévention – La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a recensé 250 accidents et un décès liés à des pièces en mouvement impliquant un travailleur agricole au Québec, entre 2009 et 2013. Le nombre réel d’accidents liés à la machinerie agricole est certainement plus élevé, puisque des quelque 30 000 producteurs que compte le Québec, seulement 11 000 sont inscrits à la CSST.
La 20e édition de la Semaine de la santé et de la sécurité en agriculture se tient du 11 au 18 mars. Cette campagne porte sur le thème des pièces en mouvement sur les machines agricoles qui présentent un des principaux risques de blessures dans ce secteur d’activité.
Selon Denis Roy, qui pilote le dossier de la main-d’œuvre à l’Union des producteurs agricoles (UPA), le tracteur et ses équipements sont responsables d’environ 50% des accidents sur la ferme. «Il y a une quinzaine de décès par année en agriculture, au Québec, explique M. Roy. Il y en a eu un à Val-des-Monts, il y a trois semaines, impliquant un hache-paille.»
Causes
Chaque année, des producteurs agricoles sont mutilés par de la machinerie agricole. Tracteurs, moissonneuses-batteuses ou presses à foin, toutes ces machines sont munies de pièces en mouvement comme la prise de force, l’arbre de transmission, une chaîne, un engrenage ou une poulie qui représentent autant de menaces pour la sécurité des travailleurs.
«Il arrive que les producteurs fassent des travaux de réparation sur la machinerie, qu’ils changent une chaîne et qu’ils oublient de remettre le garde de protection. À force de travailler, ils ne voient plus le danger», soutient M. Roy. Il cite l’exemple de deux personnes qu’il a récemment rencontrées et qui ont perdu un bras après s’être prises dans une machine agricole. «La dame a fait trois tours autour de l’arbre de transmission, raconte-t-il. Ça tourne à 5000 tours à la minute!»
Prévention
Connaître les sources potentielles de risque permet certainement de les prévenir, du moins en partie. Pour ce faire, la CSST rappelle qu’il est important d’inspecter régulièrement la machinerie.
Il est aussi primordial d’appliquer une procédure de cadenassage efficace avant d’effectuer des travaux sur la machinerie. On recommande de toujours porter des vêtements ajustés et d’attacher les cheveux, de rester hors de portée des pièces en mouvement, même lorsque les protecteurs sont en place et de ne jamais enjamber un arbre de transmission. «L’objectif est d’éliminer les risques à la source», rappelle M. Roy.
Selon Julio Lara, qui s’occupe du programme des travailleurs agricoles pour le compte des Travailleurs et Travailleuses unies de l’alimentation et du commerce, la responsabilité de la sécurité sur les fermes incombe tant à l’employeur qu’au travailleur, à condition que ce dernier soit bien informé des dangers. «Les consignes ne sont pas toujours claires parce qu’il y a une barrière du langage», soutient M. Lara, faisant référence au fait que la majorité des travailleurs agricoles ne parlent pas français.
Selon lui, beaucoup de producteurs développent leur propre machinerie, ce qui représente aussi un facteur de risques. «Beaucoup d’employeurs inventent leurs propres machines agricoles. Je ne suis pas contre, mais à côté de ça, ça prendrait un petit manuel qui dit comment l’utiliser de manière sécuritaire.»
Geneviève Trudel, porte-parole de la CSST, explique que l’employeur doit prendre le temps de bien informer, former et superviser ses travailleurs pour l’utilisation sécuritaire des machines présentes dans son entreprise. Elle rappelle aussi qu’en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, il est interdit de fabriquer, fournir, vendre, louer distribuer ou installer un équipement qui n’est pas sécuritaire.
Des ateliers de prévention portant sur ce thème se tiendront partout au Québec, tout au long de l’année. Cette campagne est organisée par la CSST, en collaboration avec l’UPA et le Réseau de santé publique en santé au travail.