Séparés à la naissance: deux frères se retrouvent 80 ans plus tard
RETROUVAILLES – À 83 ans, Claude-André Côté, un résident de Sainte-Clotilde, était loin de se douter qu’il retrouverait un jour son frère cadet, Laurent Simon aujourd’hui âgé de 80 ans, dont il connaissait l’existence, mais qu’il n’avait jamais rencontré depuis sa naissance.
Les deux frères se sont vus pour la toute première fois à Saint-Jérôme, le 22 mai, grâce aux recherches menées par la nièce de M. Côté, Geneviève Bourdon.
M. Côté est l’aîné d’une famille de trois garçons, nés à L’Annonciation, dans les Laurentides. Leur mère, Graziella Moreau, est décédée en 1935 après l’accouchement de son 3e enfant, M. Simon. Incapable de subvenir seul aux besoins de sa famille, leur père, Ignatz Étienne Goëtz, n’a eu d’autre choix que de confier ses garçons à l’adoption.
Les trois frères se sont donc retrouvés dans des familles adoptives différentes à Val-Barrette. Vers l’âge de 11 ans, M. Côté a appris qu’un de ses camarades d’école, Paul, était en fait son frère, le 2e de la famille. Les deux aînés ont gardé contact jusqu’au décès de Paul, il y a cinq ans.
Quant au plus jeune, M. Côté souhaitait le retrouver. Mais comme il ne connaissait ni son nom ni son prénom, c’était pratiquement mission impossible.
Recherche
Après plus d’une centaine d’heures de recherche sur Internet et dans les registres de baptêmes, de mariages ou de sépultures, Mme Bourdon a finalement retrouvé la trace du jeune frère de M. Côté, Laurent Simon, qui habite à Saint-Jérôme.
«C’est un miracle!» a lancé M. Simon lorsque la nièce de M. Côté lui a téléphoné.
Il y a une dizaine de jours, Mme Bourdon et les enfants ont conduits leur oncle et sa conjointe Rachel jusqu’à la résidence de M. Simon sans leur dire où ils allaient. Ils voulaient leur réserver cette surprise pour souligner leur 45e anniversaire de mariage.
Les deux hommes étaient très heureux de se retrouver. «Quand on s’est vu, on s’est donné la main, raconte M. Côté. On a jasé tout l’après-midi. On a parlé de nos emplois, des folies de jeunesse qu’on a faites et des endroits où nous avons habité. On lui a aussi montré des photos de ma famille adoptive.»
Père
M. Côté n’en veut pas à son père de l’avoir confié à l’adoption avec ses frères.
«Ce n’était pas de sa faute, dit-il. En 1935, dans la grosse misère à L’Annonciation, il n’avait pas les moyens de s’occuper seul de trois enfants. Il était en train de crever de faim et nous aussi. Lui, il a perdu sa femme et ses enfants en même temps.»
M. Côté n’a revu son père biologique que 44 ans après avoir été adopté par une autre famille.
«Je n’ai jamais eu l’idée de le chercher avant parce qu’à l’époque les parents adoptifs ne cherchaient pas à ce que l’on sache, explique M. Côté. Quand j’ai eu 15 ans, au Lac-François, j’ai eu vent qu’il voulait nous ravoir, mais je ne voulais pas m’en retourner là. Je ne l’avais pas connu.»
Alors qu’il était âgé de 47 ans, M. Côté a décidé de retrouver son père. Il lui a rendu visite au début des années 1980.
«Je lui ai demandé: What is your name?, se souvient M. Côté. Il m’a répondu: Étienne Goëtz. You are my father, lui a alors répondu M. Côté. Il était content de me voir.»
Plus tard, M. Côté a perdu sa trace. Il ne sait pas s’il est décédé. «Il n’est pas dans les registres, explique M. Côté. A-t-il été enterré comme un chien? Je ne le sais pas.»
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui M. Côté a sept enfants, 34 petits-enfants, une arrière-petite-fille et désormais… un frère! Et ils se sont promis qu’ils allaient se revoir.