Service de sécurité incendie de Saint-Édouard: le directeur et plusieurs pompiers démissionnent en bloc
Actualité. Le directeur du Service de sécurité incendie (SSI) de Saint-Édouard, Yann Lussier, ainsi que huit pompiers ont démissionné en bloc au cours des derniers jours. Le maire, Alexandre Bastien, indique que les services des incendies voisins couvrent Saint-Édouard jusqu’à ce que la situation se rétablisse.
C’est l’adoption d’une résolution par le conseil municipal, lors de l’assemblée du 7 mars, qui est à l’origine du départ de M. Lussier, le 17 mars. Cette résolution vise à ajouter la municipalité de Sainte-Clotilde à une entente de partage du personnel-cadre des services des incendies avec quatre autres municipalités.
Saint-Édouard n’est pas dans la liste des municipalités d’entraide automatique pour la force de frappe pour Sainte-Clotilde parce que c’est trop loin.
Yann Lussier, directeur démissionnaire du SSI de Saint-Édouard
L’entente en vigueur
Cette entente, qui est en vigueur depuis le mois de juillet 2021, prévoit le partage du personnel-cadre entre Saint-Rémi, Saint-Michel, Saint-Édouard et Sherrington, afin d’assurer une garde de soir et les fins de semaine.
En vertu de cette entente, à tour de rôle, le directeur ou le chef aux opérations de chacune de ces quatre municipalités assure la garde pendant une semaine. L’objectif est d’offrir du répit au personnel-cadre, pour lui éviter de devoir être de garde dans sa municipalité 7 jours par semaine, 24 heures par jour.
Résolution
Le 7 mars, le conseil de Saint-Édouard a voté à majorité en faveur de la demande d’adhésion de Sainte-Clotilde à cette entente. Seul le conseiller Alain Dumouchel, qui est aussi pompier, s’y est opposé.
Les trois autres municipalités ont également voté une résolution à cet effet et une première rencontre s’est tenue avec le directeur du SSI de Sainte-Clotilde, le 27 mars, indique Yves Boyer, maire de Sherrington et préfet de la MRC des Jardins-de-Napierville.
Direction commune
D’ailleurs, par une délégation de compétence à la MRC, Saint-Rémi, Saint-Michel, Sherrington et Sainte-Clotilde ont signé une entente afin de se doter d’une direction commune de leur SSI, avec l’objectif de les regrouper dans une même entité, « si les conditions sont réunies ». La MRC a d’ailleurs affiché le poste à pourvoir. Les personnes intéressées ont jusqu’au 6 avril pour poser leur candidature.
« C’est pour ça qu’on a accepté d’ajouter Sainte-Clotilde dans l’entente de partage du personnel-cadre, précise M. Boyer. Nous voulons harmoniser les casernes avec une même vision, ce qui va faciliter la communication vers un regroupement. Un regroupement nous permettrait de nous assurer d’avoir les bonnes personnes à la bonne place, qui seraient qualifiées et toujours prêtes à intervenir, afin d’assurer un service de qualité à nos citoyens. »
Opposition
Yann Lussier a été directeur du SSI à Saint-Édouard de 2001 à 2013, puis de 2020 jusqu’à sa démission. Il occupe également le poste de directeur de l’Institut de protection contre les incendies du Québec.
M. Lussier s’oppose à l’intégration de Sainte-Clotilde dans l’entente parce qu’il estime que son temps de déplacement pour s’y rendre en cas d’incendie, soit une vingtaine de minutes par beau temps, est trop long. Cela représente le double de son temps de réponse dans les autres municipalités, dit-il.
« Dans les paramètres actuels, ce n’est pas un facteur gagnant pour une saine gestion des opérations parce que lorsque l’officier va arriver, beaucoup de choses vont avoir été entreprises, plaide M. Lussier. Les délais d’intervention sont trop longs et je ne veux pas prendre cette imputabilité. »
Démissions
M. Lussier avait annoncé ses couleurs dans un rapport qu’il a soumis au conseil avant l’adoption de la résolution pour inclure -Sainte-Clotilde.
« Vous dites que vous avez pris connaissance de mon rapport. Je n’ai -peut-être pas été assez clair. C’est écrit dans le rapport que moi, je ne continuerai pas [si Sainte-Clotilde est intégrée à l’entente, NDLR] », a déclaré M. Lussier lors de la séance du conseil du 7 mars.
Suivant cette assemblée du conseil, huit pompiers ont aussi remis leur démission.
« J’ai fortement recommandé au directeur général de rencontrer les pompiers pour démystifier tout ça, mais il n’y a eu aucune rencontre et je pense qu’il y a une perte de confiance des pompiers envers le conseil depuis cette séance », déplore M. Lussier.
Réaction du maire
Le maire de Saint-Édouard, Alexandre Bastien, déplore la décision de M. Lussier. « On voulait que Sainte-Clotilde embarque et que les directeurs discutent ensemble, explique-t-il. Nous les avons invités à communiquer, mais M. Lussier n’a pas voulu pour une question de logistique. »
« Cette entente permet de diviser les semaines de garde en cinq au lieu d’en quatre, ajoute le maire. Ça nous donne accès à cinq officiers. Peu importe qui est en poste à Saint-Édoaurd, s’il est malade, en vacances ou qu’il démissionne, on se retrouve sans officier. En 2023, on ne peut pas cracher sur des ressources. »
M. Bastien souligne que parmi les huit pompiers qui ont démissionné, plusieurs sont des membres de la famille de M. Lussier.
« M. Lussier nous a dit qu’il était contre l’intégration de Sainte-Clotilde, mais on ne savait pas que ça allait entraîner une vague de démissions chez les pompiers, dit M. Bastien. Quand ils sont venus au conseil, ils avaient de mauvaises informations. Des pompiers pensent que nous voulons fermer la caserne. Nous n’avons jamais dit cela. »
Suite des choses
Une nouvelle personne a été embauchée pour assurer la direction générale de la municipalité. Elle est entrée en poste depuis lundi.
« Nous avons rencontré les pompiers qui restent pour avoir leur point de vue et leurs préoccupations, conclut le maire. On se donne une semaine pour voir comment ça se passe. Je veux rassurer les citoyens. La municipalité est couverte au niveau de la sécurité incendie pour une période indéterminée, jusqu’à ce qu’on fasse une mise au point là-dessus. »