Terres agricoles en Montérégie
L’augmentation du prix d’achat des terres agricoles en Montérégie devrait diminuer grandement au cours des deux prochaines années. La hausse de 39% enregistrée en 2012 ne devrait pas survenir de nouveau, et la croissance devrait se chiffrer à 6% en 2014 et 4% en 2015.
C’est l’avis qu’a émis l’économiste agricole en chef de la Financière agricole du Canada (FAC), Jean-Philippe Gervais, lors d’une conférence organisée dans le cadre du Carrefour du savoir agricole et présentée la semaine dernière à l’Hôtel Relais Gouverneur de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Les explications de cette stabilisation relative du prix des terres agricoles dans la région sont un retour à la normale des prix du maïs et une demande moins grande des terres du côté des spéculateurs. «Ma prédiction est que l’augmentation sera de 6% ou 7% en 2014 et 3% ou 4% pour 2015, affirme-t-il. Avec les conditions actuelles, c’est impossible de soutenir le rythme enregistré au cours des dernières années. On se dirige vers un atterrissage en douceur de la hausse de la valeur des terres agricoles.»
Ce 4% en 2015 couvrirait l’inflation (environ 2%) et la hausse de production moyenne historique en agriculture (2% par année), avance M. Gervais.
Entre 2011 et 2012, le prix des terres en Montérégie-Est, poussé à la hausse entre autres à cause des forts prix du maïs, a augmenté en moyenne de 7000$ l’hectare soit 39%. Le prix moyen est passé de 11 000$ à 18 210$ en 12 mois.
Les chiffres pour 2013 ne seront disponibles que d’ici un mois, mais déjà, M. Gervais affirme qu’ils seront moins élevés, notamment en raison d’un fort ralentissement de la hausse au cours des six derniers mois de l’année.
Spéculation
Les spéculateurs se sont arraché les terres agricoles ces dernières années parce qu’il s’agit d’actifs stables et rentables. Entre 2000 et 2013, mentionne Jean-Philippe Gervais, l’indice S&P 500 est resté stable (0% d’augmentation). Les terres québécoises, elles, ont affiché une augmentation de 90%, et les terres canadiennes, 230%. Ces croissances, contrairement à la bourse, se sont effectuées sous la forme d’une longue pente ascendante sans pertes soudaines.
Cette tendance sera renversée au cours des prochaines années, prétend Jean-Philippe Gervais. Le rendement a été tellement intéressant au cours des dernières années que les perspectives de conserver le même rythme ne sont pas très optimistes.
«Une terre chère, en pratique, offre des rendements moins élevés, explique-t-il. Il sera difficile de retrouver la performance des cinq dernières années au cours des cinq prochaines. L’intérêt envers ces terres sera donc plus bas parce que le rendement sera évalué à la baisse.»