Tourisme sexuel: la police cible Monsieur Tout-le-Monde

Les autorités policières fédérales et montréalaises ciblent le touriste sexuel occasionnel dans une première campagne de sensibilisation contre l’exploitation sexuelle durant le Grand prix de Montréal, notamment au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.

par Laurence Houde-Roy

«On a décidé de cibler Monsieur Tout-le-Monde surtout, celui qui vient visiter Montréal avec ses amis et qui, hors de son quotidien, serait tenté pour une fois et pour le plaisir de s’acheter des services sexuels», a indiqué la caporale Camille Habel de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

 La GRC et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) mèneront pour la première fois une campagne de sensibilisation visuelle dans le cadre du Grand prix de Montréal qui commence vendredi. Ils continueront leurs opérations policières sur le terrain pour faire cesser les réseaux de prostitutions, mais ajouteront ce message visuel pour «tenter de perturber ceux qui seraient tentés» d’acheter des services sexuels lors de leur passage éclair à Montréal.

 La GRC était présente mercredi à l’aéroport de Montréal et au poste frontalier de St-Bernard-de-Lacolle avec un kiosque et des affiches qui rappellent que l’achat de services sexuels est un crime. Le SPVM a fait de même au métro Peel et au centre-ville vendredi. Ils seront également présents sur le circuit Gilles-Villeneuve.

Leurs partenaires américains, comme le Federal Bureau of Investigations (FBI) et le Homeland Security Investigations (HSI), utiliseront également la même campagne de sensibilisation de leur côté de la frontière pour faire passer le même message.

La caporale Habel rappelle que les événements d’envergure internationale à Montréal amènent une hausse de l’offre de services sexuels et de la demande. Elle reconnaît que cette campagne n’empêchera pas complètement les gestes illégaux, mais espère que certains reviendront sur leurs intentions. «On essaie de leur faire comprendre que même si c’est une exception dans leur vie à eux, ils contribuent au financement des réseaux d’exploitation sexuelle et de trafic humain et la majorité de ces femmes ne le font pas par choix, explique la caporale. S’il y a une personne dans un groupe d’amis à qui on peut faire réaliser que ça n’a pas d’allure d’acheter ces services, et que derrière chaque femme il y a un grand réseau, ce sera au moins ça.»

La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) se réjouit de cette initiative et croit qu’il est important de rappeler aux touristes, surtout à l’aéroport, que la loi a changé il y a deux ans et que c’est maintenant l’achat de services sexuels qui est criminel. Sa porte-parole Éliane Legault-Roy espère que cette campagne et la présence policière en décourageront certains et rappelle que les offres d’agences de voyage pour un séjour à Montréal incluant des services d’escorte existent toujours.

40%

La GRC rappelle que 40% des prostituées sont mineures.