Une centaine d’employés sans travail après la fermeture de l’usine Saladexpress
Actualité. L’entreprise Saladexpress, située à Saint-Rémi, qui se spécialise dans la transformation de salades et de légumes précoupés depuis 1989, a annoncé sa fermeture, le 6 juin, entraînant la perte d’une centaine d’emplois.
Dans un communiqué lapidaire, contenant une seule ligne de texte, publié le 6 juin, Saladexpress a annoncé la « fermeture de ses opérations ». Pourtant, il y a à peine une semaine, l’entreprise affichait une publication sur sa page officielle du réseau social LinkedIn, afin de souligner ses 35 ans. « Notre barbecue annuel a pris une tournure de célébration particulière aujourd’hui alors que Saladexpress entame sa 35e année et une toute nouvelle saison avec des légumes locaux », peut-on y lire.
Une fermeture inexpliquée
On ne connaît pas la raison de la fermeture de l’usine. Est-ce que l’entreprise est en faillite ? Est-ce qu’elle sera vendue ? -Impossible d’avoir une réponse du côté de Saladexpress. Maude Carrier, directrice des finances de l’entreprise, a répondu par courriel que Saladexpress n’avait aucune autre information à transmettre que celle contenue dans le communiqué.
Propriété française
Agrial, une entreprise coopérative agricole et agroalimentaire française, qui emploie 22 000 personnes, est devenue l’actionnaire majoritaire de Saladexpress, en 2018. Nous avons tenté, en vain, de joindre Agrial pour obtenir des explications. Claire Audusseau, responsable des communications chez Agrial, nous a, elle aussi, dirigés vers le même communiqué de presse.
Fonds de solidarité FTQ
L’actionnaire minoritaire de Saladexpress est le Fonds de solidarité FTQ, qui a investi 8,6 M$ dans l’entreprise, en 2010.
« Le Fonds a été avisé de cette décision après qu’elle ait été prise, explique Patrick McQuilkin, conseiller principal aux relations de presse et aux communications au Fonds de solidarité FTQ. Comme actionnaire minoritaire, nous n’avons aucun contrôle là-dessus. »
« Nos premières pensées sont pour les travailleurs et les agriculteurs qui sont affectés par la nouvelle », précise-t-il.
Ce dernier dit ne pas savoir si Saladexpress est en faillite. « On suit le dossier de près, ajoute M. McQuilkin. On va tout faire ce qui est nécessaire pour protéger l’intérêt de nos actionnaires, mais à date, il n’y a rien d’annoncé à part la fermeture de l’usine. C’est à Agrial et à Saladexpress de commenter davantage. »
Pas de faillite en vue
Rien ne laissait présager cette fermeture aux yeux de Martin Courville, un représentant du Syndicat de Métallos, qui représente environ 70 travailleurs syndiqués dans cette usine.
« On a su deux jours avant l’annonce faite aux employés qu’il allait y avoir une rencontre, mais en ne sachant pas de quoi il serait question, dit-il. On a été mis devant un fait accompli. »
Ça s’est fait comme ça se fait malheureusement trop souvent, en cowboy.
Martin Courville, représentant du Syndicat des Métallos
Selon lui, il n’y avait aucun signe avant-coureur qui permettait de croire que l’usine fermerait ses portes. « On savait qu’il y avait une baisse des ventes. L’usine avait perdu un certain client, mais rien pour mettre l’entreprise en danger, précise-t-il. Nous avions des rencontres de relations de travail régulièrement et rien ne pointait vers une faillite. »
M. Courville assure que les Métallos seront présents pour faire respecter les droits des travailleurs. « On nous a assuré que les employés recevront leur paye, leurs heures en banque, leurs vacances et leur avis de licenciement, dit-il. Nous avons un avocat au dossier qui est prêt à intervenir si l’employeur ne respecte pas ses obligations. Environ 18 travailleurs étrangers temporaires travaillaient là. On va s’assurer que leurs droits sont aussi respectés. »
« Les gens sont peinés. Certains travaillaient là depuis 20, 30 et même 35 ans. Nous allons faire tout ce qu’on peut pour les aider à se replacer ailleurs autour », conclut M. Courville.
Un impact majeur pour les agriculteurs
Cette fermeture subite est aussi inexplicable pour les agriculteurs, comme Catherine Lefebvre, qui venait de signer une entente d’approvisionnement en chou avec Saladexpress, il y à peine trois semaines.
« Je produis 50 % de mes choux rouges pour Saladexpress, explique l’agricultrice de Saint-Michel, qui est aussi la présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. Ce n’est pas un volume que j’avais prévu vendre sur le marché en gros. Ma production pour eux commençait à la mi-juillet, mais en juin, c’est déjà semé dans les serres ou planté dans les champs, donc on ne peut pas revenir en arrière. »
Plusieurs autres producteurs locaux sont touchés par cette fermeture. « Il y a une remorque de laitue par jour qui entrait chez -Saladexpress et une ou deux remorques de chou vert par semaine », illustre-t-elle.
Elle ne sait pas si l’entreprise est en faillite. Elle ne sait pas non plus si l’inventaire qui est déjà dans l’usine pourra être récupéré par les producteurs. « J’ai fait analyser mon contrat d’approvisionnement avec Saladexpress et il n’y a rien à faire. C’est la première fois de ma vie que ça arrive. C’est vraiment un coup dur pour le secteur maraîcher », conclut Mme Lefebvre.
Investissements récents
Rappelons qu’en novembre 2020, l’entreprise annonçait un investissement de 5 M$ à son usine, pour la construction d’un entrepôt réfrigéré de 900 m2 à la fine pointe de la technologie.
À l’été 2022, on annonçait que les quelque 75 employés syndiqués de l’usine en étaient venus à une entente avec l’employeur pour le renouvellement de leur contrat pour une période de quatre ans, qui comprenait notamment une augmentation de salaire de 25,4 %.
À la fin du mois de janvier, la députée de Sanguinet, Christine Fréchette, a visité l’usine de Saladexpress. Dans une publication sur sa page Facebook, elle nous informait que l’entreprise transformait plus de 100 tonnes de produits frais par semaine, à l’intention des marchés québécois, ontarien et du nord-est des États-Unis.