Une entreprise de Saint-Cyprien invente le vélo-pupitre
ÉDUCATION – L’entreprise Équipe Labrie, située à Saint-Cyprien-de-Napierville, ne fait pas que concevoir et fabriquer de la machinerie industrielle et agricole. Elle a récemment mis au point un tout nouvel outil pour aider les enfants qui ont un déficit d’attention à mieux apprendre en classe: le vélo-pupitre.
Similaire au vélo stationnaire, le vélo-pupitre est muni d’une selle et d’un pédalier, à la différence que le guidon est remplacé par une table de travail inclinée.
«On a designé et conçu tout ça, explique Dominic Girard, copropriétaire de l’entreprise Équipe Labrie. C’est complètement un nouveau créneau pour nous.»
Toute son équipe, qui compte une vingtaine d’employés, a mis la main à la pâte. «Ils nous ont tous donné leur point de vue», dit-il.
Le développement de cet appareil a débuté à l’été 2015. M. Girard et les siens ont mis six mois à fabriquer un vélo-pupitre durable, mais surtout silencieux.
L’appareil est commercialisé par l’entreprise Bouger pour réussir, mise sur pied par Mario Leroux, un orthopédagogue qui travaille dans une école primaire de Laval. C’est lui qui a approché l’Équipe Labrie pour concevoir le vélo-pupitre.
«Il y a une compagnie sud-américaine qui en fait, explique M. Leroux. Je les ai essayés et après trois mois, ils ont brisé. En plus, ça pédalait dans le beurre. Ce que l’Équipe Labrie fait, c’est quelque chose d’unique en soi. Ça n’existe pas sur le marché.»
Bienfaits
Souffrant d’un trouble du déficit de l’attention, ainsi que deux de ses trois garçons, M. Leroux connaissait le besoin de ces personnes de bouger pour mieux apprendre.
«Le mouvement et l’attention sont reliés dans le cerveau, explique M. Leroux. Un enfant qui a un déficit d’attention et qui bouge en classe, ça dérange, mais c’est sa seule façon d’apprendre.»
L’école secondaire Joséphine-Dandurand, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a fait l’acquisition de trois vélos-pupitres en 2016. «Je l’utilise une fois par jour, affirmait Maximilien Cyr, 16 ans, dans une entrevue accordée en janvier au journal Canada Français. J’ai tout de suite voulu l’essayer, car cela avait l’air le fun. Ça m’aide à me concentrer.»
«Je ne suis pas capable de rester assis, expliquait pour sa part Gabriel Pépin, un élève de 16 ans qui utilise régulièrement l’appareil. Les mathématiques, ce n’est pas ma matière préférée. C’est plus difficile. Je pédale souvent à ce moment-là.»
Selon M. Leroux, l’effet bénéfique du mouvement perdure presque aussi longtemps que le temps passé sur le vélo, une fois l’activité terminée.
Marchés
Le vélo-pupitre n’est pas destiné qu’au marché des écoles. M. Girard planche actuellement sur une nouvelle génération de vélos-pupitres qui pourront être utilisés dans les milieux de travail. Son équipe est à en concevoir le prototype qui fera l’objet de différents tests dans les prochaines semaines. Ce nouveau produit pourrait être disponible d’ici environ deux mois.
L’Équipe Labrie a d’autres idées pour le futur. «On pourrait retrouver des vélos-pupitres dans des salles d’attente ou à l’aéroport, dit-il. Pourquoi pas dans les parcs.»
Le fabricant souhaite aussi réaliser une percée dans les marchés du Nouveau-Brunswick et de l’Europe.
Le vélo-pupitre en chiffres
400
En un peu plus d’un an, il s’est vendu plus de 400 vélos-pupitres à travers le Québec, mais aussi en Ontario et même dans le Grand-Nord.
1650 $
C’est le prix de vente d’un vélo-pupitre.
1
L’Équipe Labrie fabrique les vélos-pupitres en série d’une centaine à la fois, ce qui nécessite un peu plus d’un mois de travail.
(Avec la collaboration de Marie-Josée Parent)