Essai du Nissan Qashqai 2018
Les automobilistes canadiens aiment les véhicules utilitaires sport et les stratèges de Nissan l’ont compris. Depuis 2011, ils en offrent rien de moins que six, de tailles et de conception différentes, afin de répondre aux attentes d’autant de catégories d’acheteurs.
C’est d’ailleurs pour profiter de l’engouement actuel envers les petits utilitaires que le Qashqai a été lancé en mai 2017. Et ce nouveau venu cartonne ! En un an, sa popularité lui a permis de se hisser à la seconde place du palmarès des ventes de Nissan au pays. Fin avril, il a devancé le Murano pour se glisser derrière l’omnipotent Rogue, le modèle le plus populaire de la marque depuis 2012. Cette année, le modèle a remporté notre prix Auto123.com en tant que VUS Subcompact 2018 de l'année.
Signe des temps, ce trio d’utilitaires a généré à lui seul 55 % des ventes de la marque durant le premier trimestre de l’année. Imaginez, il y a dix ans, la gamme Nissan ne comptait que deux utilitaires…
Mieux qu’une automobile compacte ?
Chez Nissan, on estime que la popularité du Qashqai est liée aux avantages qu’il procure par rapport à une voiture compacte, comme la Sentra. À certains égards, c’est vrai. Une garde au sol supérieure (187 mm contre 161) contribue, par exemple, à hausser la position de conduite, un facteur qui a rendu les VUS si populaires. De plus, son coffre transformable que découvre un grand hayon (par ailleurs très facile à relever) lui donne une grande polyvalence, qualité indéniable qu’une automobile n’offrira jamais en raison de son coffre plus petit de conception plus contraignante. Les cotes de volume utile de ces deux véhicules le démontrent éloquemment : le coffre d’une Sentra fait 428 L, alors que celui du Qashqai peut varier de 563 à 1 730 L selon l’utilisation de la banquette arrière, qui bénéficie de dossiers rabattables asymétriques de série.
Cela dit, on imaginerait l’habitacle à cinq places du Qashqai plus spacieux, puisque le véhicule paraît plus gros. La comparaison de ses cotes d’habitabilité et de celles de la Sentra dévoile, au contraire, de grandes similitudes. Légèrement plus court (4,4 m contre 4,6), mais bâti sur un châssis ayant un empattement comparable (2 646 mm contre 2 700), l’utilitaire offre, à quelques millimètres près, autant de dégagement au niveau de la tête, des épaules et des hanches que la berline compacte populaire. Curieusement, toutefois, les occupants de sa banquette arrière disposent de 10 % moins d’espace au niveau des jambes.
Du côté mécanique, les différences sont plus marquées. De cylindrée supérieure, le moteur du Qashqai est plus puissant que celui d’une Sentra. De plus, cet utilitaire peut avoir quatre roues motrices, un attribut apprécié des automobilistes qui doivent affronter un hiver rigoureux.
Comme chez nos voisins étatsuniens (chez qui le Qashqai est appelé Rogue Sport), les trois versions S, SV et SL (la plus cossue) partagent donc un 4-cylindres de 2,0 L à injection directe; un moteur semblable à celui utilisé pour la petite fourgonnette commerciale NV200.
Une boîte manuelle pour les nostalgiques
Ce moteur, qui livre 141 ch et 147 lb-pi de couple, est jumelé à une boîte de vitesses manuelle à six rapports, du moins pour ce qui est des Qashqai S et SV à deux roues motrices (avant) — des versions d’entrée de gamme. Le constructeur offre également une boîte automatique Xtronic à variation continue avec mode manuel. Elle fait partie des équipements optionnels de ces deux versions, alors qu’elle figure parmi la dotation de série du Qashqai SL, tout comme la transmission intégrale, un système de type réactif, qui est également proposée contre supplément pour les versions S et SV assorties de la boîte automatique.
À l’instar d’autres constructeurs, et contrairement la filiale étatsunienne, Nissan Canada a choisi d’offrir une boîte manuelle pour deux raisons. D’une part, elle lui permet de satisfaire des automobilistes nostalgiques ou irréductibles (c’est selon), pour lesquels seul ce genre de boîte de vitesses convient. Une frange d’acheteurs qui représente au mieux 10 à 15 % de la clientèle du Qashqai. D’autre part, cette boîte manuelle permet d’offrir un véhicule de ce genre pour « moins de » 20 000 $ — 19 998 $ plus précisément. Ce prix de base de la version d’entrée de gamme S fait du Qashqai le VUS le moins cher de sa catégorie, une particularité qui contribue assurément à détourner l’attention de nombreux acheteurs.
Outre ce prix, le Qashqai figure aussi parmi les utilitaires les moins gourmands de sa catégorie, et cela justement grâce à sa boîte à variation continue. Cette dernière lui procure un rendement écoénergétique supérieur d’environ 10 % à la boîte manuelle, et ce même avec la transmission intégrale. Cette qualité suffirait à justifier la disparition prochaine de la boîte manuelle qui, de toute façon, n’offre pas un maniement très précis, ce qu’un essai réalisé cet hiver nous a permis de constater.
L’attrait du Qashqai réside aussi dans sa dotation de série, qui répond vraisemblablement bien aux attentes des acheteurs canadiens. Elle comprend, entre autres, des sièges avant chauffants, une caméra arrière, des lève-vitres électriques, un climatiseur, des rétroviseurs électriques et chauffants, et un régulateur de vitesse. On retrouve aussi l’interface Bluetooth, toutefois les systèmes CarPlay d’Apple et Android Auto manquent à l’appel. Ils ne figurent même pas au catalogue.
Parfait pour les nomades urbains
D’un point de vue esthétique, la silhouette du Qashqai rappelle le Rogue. C’est normal puisque ces deux véhicules partagent la même plateforme. Les sièges avant et l’essentiel du tableau de bord sont également communs. Toutefois, la carrosserie plus longue du Rogue lui permet d’offrir un habitacle à sept places, du moins en option.
Les dimensions compactes du Qashqai en font un rival des Honda HR-V, Subaru Crosstrek, Mazda CX-3 et autres petits VUS du genre. Des véhicules qui se révèlent pratiques dans un centre-ville congestionné. D’ailleurs, le constructeur affirme que le Qashqai a été conçu à l’intention de « nomades urbains », d’où son appellation empruntée au Kachkaïs, des nomades du sud-ouest de l’Iran.
Son succès actuel confirme qu’il est arrivé au bon moment dans un marché en effervescence. La diversification de l’offre dans ce créneau, avec l’arrivée du Hyundai Kona et du Ford EcoSport, expose toutefois le Qashqai à concurrence qui va en s’accentuant. Une concurrence qu’il subira également au sein de la gamme Nissan lorsque le Kicks, un modèle plus petit encore, se substituera au Juke cet été.
Cette autre nouveauté fait déjà saliver par un prix de base attrayant (17 998 $) et un groupe motopropulseur plus écoénergétique encore. Il risque de fragiliser le succès commercial du Qashqai, ne serait-ce qu’en rendant ses versions d’entrée de gamme moins désirables — à commencer par le modèle S à boîte manuelle dont nous avons fait l’essai. Le Qashqai gardera l’avantage d’un habitacle plus spacieux, d’un coffre plus volumineux et d’une mécanique plus puissante, certes. Mais le Kicks, lui, aura désormais l’avantage de la nouveauté.
Contenu original de auto123.