Un an de prison pour Karine Chainey

Karine Chainey, cette enseignante de français à l’école secondaire Pierre-Bédard, à Saint-Rémi, qui a plaidé coupable le 31 janvier à des accusations d’attouchements sexuels sur un mineur alors qu’elle était en situation d’autorité, s’est vue imposer une peine d’emprisonnement de 12 mois par le juge Stéphane Godri, au palais de justice de Longueuil, le 2 avril.  Elle devra donc être détenue pendant encore 316 jours, puisqu’elle était déjà incarcérée depuis le 12 février.

Les cheveux courts et sans teinture, portant des vêtements d’un vert éclatant, Mme Chainey s’est présentée dans le box des accusés menottes aux poignets.  Elle semblait calme et à part quelques sanglots qu’elle a essuyés, l’audience s’est tenue dans la sérénité.

Le procureur de la Couronne, Me Éric Thériault, a d’abord pris la parole pour expliquer au juge les raisons qui les avaient amenés, lui et l’avocate de Mme Chainey, Me Marie-Joëlle Demers, à s’entendre pour recommander au tribunal d’infliger à l’accusée la peine minimale de 12 mois de détention, prévue pour ce type de crime. 

Rappelons que Mme Chainey a entretenu une relation amoureuse avec un adolescent qui était âgé de 16 ans, alors qu’elle était en position d’autorité vis-à-vis lui.  Ils se sont fréquentés pendant environ un an et ils auraient eu une quarantaine de relations sexuelles complètes.

Selon Me Thériault, il n’y a pas de victime dans cette affaire puisque l’adolescent n’a jamais porté plainte contre Mme Chainey.  Ce sont plutôt une quinzaine de témoins qui ont observé des comportements qu’ils jugeaient étranges, qui ont éveillé les soupçons.  C’est lors d’un interrogatoire de la police qu’elle a tout avoué. 

La victime principale, pour Me Thériault, c’est le système scolaire et plus particulièrement l’école secondaire Pierre-Bédard.  Il croit que ce genre de comportement risque d’entacher la réputation du rôle d’enseignant.  «C’est une erreur de jugement monumentale qui lui coûte très cher», a-t-il rappelé, en soulignant le fait qu’elle perdait son emploi et qu’elle serait privée de la présence de ses trois enfants pendant sa détention.

Facteurs atténuants

Le rapport présententiel déposé en preuve a démontré que Mme Chainey n’a jamais tenté de se désinculper.  Elle a plaidé coupable pour éviter aux témoins d’avoir à témoigner.  «Le rapport présententiel est positif de la première à la dernière page», explique Me Thériault.  Son ex-conjoint, son médecin, sa travailleuse sociale et sa mère ont été rencontrés.  Selon ce rapport, elle éprouve du regret, de la honte et de l’empathie.  Selon les témoins interrogés dans cette affaire, Mme Chainey est une très bonne mère et un des professeurs les plus appréciés de l’école.

Son avocate, Me Demers, a souligné la collaboration de l’accusée.  «Dès la première rencontre avec les policiers, elle a tout admis.  Elle a très bien collaboré tout au long de l’enquête.»  Selon le rapport présententiel, elle présente un très faible risque de récidive.  Selon son avocate, Mme Chainey a exprimé le désir, une fois sortie de prison, de retourner aux études et de se trouver un autre emploi.

Après que les deux avocats aient pris la parole, le juge Godri a demandé à Mme Chainey si elle avait quelque chose à ajouter.  Elle s’est levée et a simplement dit: «Non merci», avant de se rasseoir.

Jugement

Le juge Godri a ensuite expliqué sa décision.  Selon lui, il y a bel et bien une victime dans cette affaire.  Il estime qu’il va nécessairement y avoir des conséquences pour l’adolescent, puisque dans son milieu, tout le monde sait qui il est.

Il lui impose donc une sentence d’emprisonnement de 365 jours, à partir du 12 février 2014, puis une probation de deux ans pendant laquelle Mme Chainey ne pourra se rendre à l’école Pierre-Bédard ni entrer en communication avec la victime.  Elle ne pourra pas non plus occuper un emploi qui implique la présence de mineurs.  Elle devra également consentir à un prélèvement d’ADN et sera inscrite au registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans.