Covid-19: L’Estacade pourrait perdre plus de 50% de ses revenus annuels
CORONAVIRUS – Tous les groupes scolaires qui avaient réservé L’Estacade pour une journée ou un court séjour en mai et en juin ont annulé leur activité. Cela représente une perte de revenus de 350 000 $, soit le tiers du budget annuel de cet organisme sans but lucratif. À cela s’ajouteront des pertes de 250 000 $, si les camps de vacances du mois de juillet et août sont annulés.
Habituellement, L’Estacade accueille 500 jeunes tous les jours du mois de mai. Il profite de ce magnifique site situé en bordure de la rivière Richelieu, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix pour y pratiquer le tir à l’arc, l’escalade, la randonnée en forêt et plus encore, le temps d’une journée.
D’autres groupes scolaires y organisent des classes vertes et ils séjournent quelques jours sur place.
«Ici, il ne se passe plus rien depuis le 15 mars, se désole le directeur général de L’Estacade, Yannick Godin. Même si l’école recommence, le problème c’est qu’on sait déjà qu’on n’aura rien en mai et en juin parce qu’on a perdu toutes nos réservations.»
Camps
Au mois de juillet et août, L’Estacade accueille environ 150 enfants inscrits au camp de jour municipal de Lacolle, Noyan, Saint-Valentin, Clarenceville et Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. M. Godin a bon espoir que les camps de jour vont rouvrir.
De plus, tout au long de l’été, des jeunes séjournent une semaine en camp de vacances au centre de plein air. Ce sont 600 enfants qui profitent ainsi des installations de L’Estacade, dont 200 jeunes issus de milieux défavorisés, qui sont référés par des organismes communautaires et le réseau de la santé.
«À ce temps-ci de l’année, nos camps de vacances sont remplis à 75 % habituellement, mais là j’ai seulement 25 % d’inscriptions et certaines d’entre elles ont été prises avant la pandémie, donc elles risquent d’être annulées.»
Décision
M. Godin presse les autorités de prendre une décision rapidement parce qu’une organisation comme la sienne a besoin de temps pour s’adapter aux nouvelles exigences sanitaires qui pourraient lui être imposées.
«On n’a aucun revenu en ce moment, rappelle M. Godin. Mon seul espoir, ce sont les camps de jour municipaux et les camps de vacances. On est dans l’incertitude, mais il va falloir prendre une décision bientôt parce que ça se prépare des camps», plaide-t-il.
Il doit aussi attendre de connaître les normes de salubrité qui seront imposées.
«Est-ce que la Santé publique va permettre aux jeunes qui viennent de partout au Québec de nous visiter, demande-t-il? On reçoit jusqu’à 120 jeunes en même temps, qui dorment à huit par chambre, dans deux grands pavillons. Je vais aussi devoir embaucher plus de personnel pour l’entretien et acheter des produits désinfectants. Pour être rentable, il va falloir ouvrir au moins à 50 % sinon ça ne marchera pas.»
Pertes
Après l’annulation des activités scolaires en mai et en juin, si L’Estacade ne peut pas ouvrir pour ses camps de vacances en juillet et août, ses pertes de revenus pourraient atteindre 600 000 $.
«On est chanceux parce qu’on avait des sous en banque, mais nous avons espoir qu’on va recevoir des fonds du gouvernement pour nous aider, indique M. Godin. On ne sait pas si on aura droit à une compensation. Sur des revenus annuels de 1 M$, a va avoir facilement 50 % de pertes. On a déjà des annulations de groupes qui devaient venir en octobre et en novembre. Nos pertes vont s’échelonner jusqu’en 2021.»
Les difficultés que connait L’Estacade ont aussi un impact sur l’emploi dans la région.
Il faut que les autorités se penchent sur les camps de vacances parce que toute cette industrie est en péril.
-Yannick Godin, directeur général de L’Estacade
«En cinq ans, nos revenus annuels sont passés de 600 000 $ à 1 M$ et le nombre d’animateurs qu’on embauche est passé de 25 à 60, précise M. Godin. Normalement, à partir de la mi-mai, on est 50 ou 60 employés, mais là, on va être deux.»
Cette perte de revenus met également en péril les projets d’agrandissement de L’Estacade.
«On avait un projet de construction d’un nouveau pavillon pour accueillir plus de jeunes, d’une valeur de 500 000 $. La construction devait commencer cet automne, mais là tout est sur la glace.»
Nouveau revenus
M. Godin tente par tous les moyens de trouver d’autres sources de revenus pour compenser ces pertes.
Au mois de mars, il a notamment hébergé une vingtaine de travailleurs agricoles étrangers pendant leur quarantaine, lorsqu’ils sont arrivés au Québec.
«Nous prix sont plus avantageux qu’à l’hôtel et au lieu d’être pris dans une chambre, ici les travailleurs peuvent se promener en forêt et marcher au bord de l’eau», dit M. Godin.
Il invite d’ailleurs les agriculteurs qui ont besoin d’espace pour héberger leurs travailleurs pendant leur période d’isolement obligatoire à communiquer avec lui.
«On pourrait servir de résidence pour les aînés qui se remettent de la COVID-19 et qui ne peuvent pas retourner en CHSLD. On s’est offert, mais on n’a pas eu de retour. On pourrait aussi offrir un service de garde pour les enfants qui en ont besoin. On sait que certaines garderies n’ouvriront pas. Je dois trouver d’autres sources de financement, mais je veux aussi aider la communauté», conclut M. Godin.