Daniel Daoust déclaré coupable d’homicide involontaire
Justice. Daniel Daoust, 58 ans, a été déclaré coupable le 19 décembre d’avoir causé la mort d’Erick Huot, commettant ainsi un homicide involontaire coupable, le 25 août 2021, à Clarenceville.
Durant près d’une heure, le 19 décembre, le juge Dominique Dudemaine a lu sa décision basée sur une analyse minutieuse des témoignages et des résultats d’expertise présentés au procès.
Il n’a pas cru l’accusé qui invoquait la légitime défense pour justifier les coups portés à la victime, tout comme il a rejeté les prétentions de la défense soutenant que la poursuite n’avait pas réussi à établir la cause exacte du décès de Huot.
La preuve
La preuve a révélé que la victime était décédée à la suite d’une altercation avec l’accusé qui a utilisé un manche en métal pour le frapper à la tête à plusieurs reprises. Les événements se sont produits dans le garage attenant à la maison où résidait Daoust, sur la rue Manon, à Clarenceville. Le mobile de l’attaque demeure inconnu. L’accusé et la victime étaient seuls sur les lieux du drame.
Légitime défense
Après avoir résumé la douzaine de témoignages entendus au procès tenu en mai et juin 2024, le juge a d’abord analysé celui de l’accusé qui connaissait la victime depuis 2006. Dans la nuit du 23 au 24 août ainsi que le 24 août durant la journée, les deux hommes ont consommé de la cocaïne et de l’alcool en bonne quantité.
Durant la nuit du 25 août, Daoust a raconté que Huot est venu le réveiller au milieu de la nuit. Il voulait aller dans le garage pour qu’il lui montre son « bike ». L’accusé s’est levé et a vu Huot en train de se faire une « track de coke ». Il était magané, a-t-il témoigné en parlant de la victime intoxiquée.
Rendu dans le garage pour voir la moto, Huot lui a demandé de la « winder », c’est-à-dire de mettre les gaz et tourner la poignée. Daoust a dit s’être retourné pour aller chercher la clé dans la maison. C’est là que Huot placé derrière lui l’a empoigné par le cou en le tirant et en serrant. L’accusé a relaté avoir attrapé le bras de Huot pour le tourner. Il s’est retrouvé face à la victime qui a mis ses bras autour de la poitrine de l’accusé et lui a donné deux ou trois coups de tête. Toujours selon l’accusé, Huot disait : « Hostie, m’a te tuer, m’a te tuer ».
Barre de métal
Daoust a relaté que dans l’altercation, il s’est retrouvé à califourchon sur la victime. Pour se défendre, il s’est emparé d’une barre de métal et lui a asséné quelques coups sur le côté gauche de la tête et un à l’arrière de la tête. En -contre-interrogatoire, Daoust reconnaîtra avoir donné 100 % des coups, alors que la victime était sous lui en position semi-assise. L’accusé explique avoir réussi à le maîtriser et à se sauver. Il a enfermé la victime en vissant la porte du garage. Il s’est rendu chez son beau-frère pour obtenir de l’aide.
Son avocat, Me Richard Prihoda, a plaidé que son client avait témoigné de façon franche. Pour Me Clémence Giroux, procureure de la poursuite, le témoignage de l’accusé est évolutif. Les déclarations données après les événements sont incompatibles avec son témoignage rendu au procès et inconciliables avec l’expertise de la scène de crime.
Preuve scientifique
Le juge donne raison à la Couronne. Il relève d’abord que dans ses déclarations tant à son beau-frère qu’aux premiers répondants et aux policiers dans les heures qui ont suivi l’agression, Daoust ne mentionne pas l’utilisation d’une barre de métal durant l’altercation. Pour le juge, l’omission de cet élément important attaque la valeur de son témoignage.
Le scénario élaboré par l’accusé est totalement discrédité par l’examen de la scène de crime et les résultats d’autopsie montrant plusieurs lésions traumatiques contondantes au corps de la victime. « La preuve scientifique démontre trois sites d’agression, quatorze coups à la tête ainsi qu’un nombre important de blessures de défense. »
Daoust a affirmé avoir été à califourchon sur la victime et n’avoir donné qu’une « couple de coups » à la tête. La preuve présentée par la pathologiste, la Dre Caroline Tanguay, contredit cette version. Quant à l’expertise de la biologiste Jacinthe Prévost, une spécialiste en analyse des taches et des projections de sang, elle montre que plusieurs impacts ont eu lieu à 39 cm du plancher et que les coups à la tête ont été portés à divers endroits dans le garage.
Par ailleurs, le juge estime qu’en l’absence d’un témoignage fiable, l’accusé n’a pas réussi à démontrer le caractère vraisemblable de la légitime défense. Il est aussi d’avis que le ministère public a réussi à établir, hors de tout doute raisonnable, que l’accusé n’a pas agi de façon raisonnable dans les circonstances.
« La force employée par l’accusé est sans commune mesure avec la force employée par la victime. Les blessures minimales que l’on retrouve chez l’accusé en comparaison avec les blessures que l’on retrouve chez la victime démontrent que la riposte a été beaucoup plus violente que l’attaque », écrit-il.
Homicide involontaire
Daoust a reconnu être l’auteur des voies de fait ayant causé des lésions corporelles à Huot, mais il contestait avoir causé la mort. Selon la Dre Tanguay, le décès de Huot est attribuable à l’effet combiné d’un traumatisme contondant à la tête et de l’état d’intoxication, principalement par l’alcool (une alcoolémie de 231 à 255 mg) de la victime.
La défense a tenté d’expliquer le décès par d’autres raisons: coup de chaleur, problèmes de cœur, etc. Le juge est d’avis que ces hypothèses ne sont pas supportées par la preuve.
Avec les nombreux coups portés à la tête de la victime qui ont entraîné d’importantes projections de sang, l’accusé devait savoir que les blessures étaient importantes et pas passagères. Le juge conclut que la poursuite a prouvé, hors de tout doute raisonnable, la commission d’un homicide involontaire coupable.
À la demande de Me Giroux, le juge a ordonné l’incarcération de Daoust après avoir prononcé le verdict. Les observations sur la peine auront lieu dans la semaine du 31 mars.