L’industrie du contreplaqué décoratif dénonce une concurrence déloyale de la Chine

MONTRÉAL — Des années se sont écoulées depuis que Carlos Zarate et d’autres membres de l’industrie canadienne du contreplaqué décoratif ont commencé à parler au gouvernement fédéral d’un problème croissant dans leur secteur d’activité. 

Le président de l’Association canadienne du contreplaqué et des placages de bois dur (ACCPBD) met en garde contre une industrie en déclin, mais pas en raison de la baisse de la demande pour des choses comme les armoires de cuisine, les panneaux de bois décoratifs, les meubles et autres produits de bois non structuraux. 

M. Zarate, qui est également le président d’Industrie Ergie à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec, a déclaré que les membres de l’association ont vu leur part de marché au Canada diminuer parce qu’ils sont incapables de concurrencer les produits de contreplaqué importés de Chine à des prix que les producteurs canadiens ne pourraient jamais espérer égaler, encore moins battre. 

L’industrie veut que des droits soient imposés aux exportateurs chinois, qui, disent-ils, bénéficient d’avantages injustes, comme d’importantes subventions gouvernementales et l’accès au bois récolté illégalement, inondant les marchés mondiaux de produits bon marché qui nuisent considérablement à leurs concurrents.

Ils ont été abasourdis par leur incapacité à convaincre les autorités canadiennes de sévir contre les produits chinois, qui sont assujettis pourtant à des droits compensateurs élevés aux États-Unis depuis 2017. 

Les intervenants de l’industrie canadienne se sont plaints à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) de la situation en avril 2020, demandant une enquête sur le dumping et les subventions pour leurs concurrents en Chine. 

«Les ventes perdues et les réductions de prix ont causé un préjudice important aux producteurs canadiens. Au fil du temps, certains clients ont simplement cessé de demander aux producteurs canadiens de concurrencer les prix des importations chinoises», ont-ils déclaré à l’ASFC dans une présentation. 

«Les producteurs doivent de plus en plus se tourner vers d’autres marchés d’exportation pour vendre leurs produits. Le principal marché d’exportation est les États-Unis, qui sont maintenant protégés contre les importations chinoises subventionnées.»   

L’enquête de l’agence ne s’est pas déroulée comme M. Zarate l’avait espéré, et l’association a interjeté appel devant la Cour fédérale de la décision du président de l’ASFC de laisser tomber l’enquête.  

La Cour d’appel fédérale a confirmé la décision en avril, ce qui a porté un autre coup à l’industrie au Canada.

Selon M. Zarate, l’industrie est en contraction, un processus qui s’est accéléré au cours des 15 dernières années lorsque les exportateurs chinois ont accru leur présence au Canada. Elles représentent maintenant plus de la moitié de la part de marché du pays du contreplaqué décoratif.

Il estime que les entreprises canadiennes se retrouvent en concurrence dans un marché «perturbé», où les produits fabriqués en Chine coûtent la moitié, voire le tiers, du prix des produits fabriqués au Canada. 

«Nous avons vu de nombreuses usines de contreplaqué et de placage canadiens disparaître au fil des ans parce qu’ils ne pouvaient pas concurrencer les importations chinoises», a-t-il affirmé. 

Gordon LaFortune, un avocat spécialisé en droit commercial basé à Ottawa, a représenté plusieurs entreprises chinoises qui ont été examinées par l’Agence des services frontaliers du Canada. 

Il a dit que ses clients étaient en mesure de démontrer que leurs coûts n’étaient pas faussés, comme le prétendent les intervenants de l’industrie canadienne, ce qui signifie qu’il n’y avait pas de «situation particulière du marché qui justifiait l’imposition de droits sur leurs produits. 

En 2017, la Commission du commerce international des États-Unis a conclu que les importations chinoises nuisaient aux producteurs américains et elle a imposé des droits compensateurs de plus de 180 % en se fondant sur des plaintes de l’industrie semblables à celles des entreprises canadiennes.