Peu de progrès dans la lutte contre la corruption, dit un rapport

BERLIN — La plupart des pays de planète peinent à combattre la corruption et 95 % d’entre eux n’affichent que peu ou pas de progrès à ce chapitre depuis 2017, prévient mardi le nouveau rapport annuel de Transparency International.

Le rapport Corruption Perceptions Index mesure la perception du niveau de corruption du secteur public selon des experts et des gens d’affaires. Le document constate que les gouvernements empêtrés dans la corruption sont incapables de protéger leurs citoyens, et prévient que la grogne populaire est plus susceptible de se transformer en violence.

«La corruption fait de notre monde un endroit plus dangereux. Les gouvernements ont collectivement été incapables de progresser dans leur lutte contre elle, ce qui alimente la montée actuelle de la violence et des conflits ― et menace des gens partout», a dit la présidente de Transparency International, Delia Ferreira Rubio.

«La seule manière pour les États de s’en sortir est de travailler dur, d’éliminer la corruption à tous les niveaux pour s’assurer que les gouvernements travaillent pour tous et non seulement pour une petite élite», a-t-elle ajouté.

Le rapport accorde aux pays une note entre 0 (très corrompu) et 100 (très propre). Le Danemark arrive en première place avec 90 points, devant la Finlande et la Suède avec 87. Des institutions démocratiques solides et un respect des droits de la personne font de ces pays certains des plus paisibles du monde, dit le document.

Le Canada conserve sa 14e place avec 74 points, sur un pied d’égalité avec l’Estonie et l’Islande. Le Canada obtenait 84 points il y a dix ans.

Le Royaume-Uni a perdu cinq points à 73, le pire score de son histoire. La Suisse (82 points) et les Pays-Bas (80 points) sont en déclin, en raison de préoccupations liées à l’intégrité et au lobbying.

La Russie (28 points) est citée en exemple flagrant de l’impact que peut avoir la corruption sur la paix et la stabilité. Des kleptocrates, explique le rapport, ont amassé de grandes fortunes en restant fidèles au président Vladimir Poutine, qui leur octroie des contrats gouvernementaux et protège leurs intérêts économiques.

«L’absence de tout frein au pouvoir de Poutine lui a permis de pourchasser ses ambitions géopolitiques en toute impunité, dit le rapport. Cette attaque (contre l’Ukraine) a déstabilisé le continent européen, menace la démocratie, et a fait des dizaines de milliers de morts.»

Avant l’invasion, l’Ukraine (33 points) obtenait un faible score, mais était sur le bon chemin avec des améliorations modestes.

L’indice classe 180 pays et territoires. La Somalie arrive dernière avec 12 points, tout juste devant le Soudan du Sud et la Syrie avec 13 points.

Seulement huit pays se sont améliorés l’an dernier, notamment l’Irlande, la Corée du
Sud, l’Arménie et l’Angola.

L’indice est comptabilisé depuis 1995 à partir de 13 sources de données différentes qui proviennent entre autres du Forum économique mondial et de la Banque mondiale.