Crise des substances: Une Première Nation de la Colombie-Britannique sonne l’alarme

ZEBALLOS, C.-B. — Une communauté autochtone de la côte nord-ouest de l’île de Vancouver a déclaré l’état d’urgence en raison de «l’impact exponentiel des drogues et de l’alcool» sur ses habitants, en particulier sur les enfants et les jeunes.

La nation Ehattesaht a indiqué dans une déclaration que six jeunes étaient morts d’une surdose de drogue au sein du petit village au cours des derniers mois.

Le chef et le conseil de la nation appellent les décideurs politiques de la Colombie-Britannique et du gouvernement fédéral à s’asseoir avec eux pour les aider à trouver les ressources nécessaires à la création d’un «plan de survie».

Le Conseil national avait d’ailleurs essayé d’élaborer un plan global, mais n’avait pas réussi à franchir «les barrières institutionnelles pour trouver des programmes pouvant répondre aux besoins désespérés de la population».

Le chef, Simon John, dit que la nation reçoit un appel ou une lettre toutes les quelques semaines concernant des problèmes d’utilisation des terres et d’autres priorités gouvernementales, mais qu’il n’arrivait tout de même pas à attirer l’attention des ministères des services sociaux.

Il a déclaré qu’Ehattesaht n’avait plus la capacité à faire face à la crise avec le peu de ressources disponibles.

Ehattesaht est l’une des 14 nations Nuu-chah-nulth de l’île de Vancouver et compte plus de 500 membres.

Traumatismes intergénérationnels

Simon John a souligné que sa communauté faisait du surplace, «épuisée» et toujours aux prises avec les traumatismes intergénérationnels des pensionnats et des systèmes d’oppression coloniale.

«Je sais qu’il y a de bonnes paroles de la part du gouvernement, mais nous sommes toujours passés d’un ministère ou d’un département à un autre, a-t-il expliqué. Chaque jour, je m’assois avec des familles qui ont le cœur brisé d’inquiétude, et c’est inacceptable».

La nation demande aux gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada d’être «créatifs et flexibles» et de répondre de façon adaptée aux besoins d’une petite communauté isolée.

Le chef a indiqué qu’Ehattesaht tenterait d’ici là de stabiliser la crise en se concentrant sur le bien-être de ses membres les plus vulnérables, ajoutant qu’un quart des membres de la nation étaient mal logés, dans la rue ou encore des enfants pris en charge.

«La réconciliation est un travail très difficile à comprendre pour de nombreuses personnes. (…) Nous avons besoin des services et du soutien ainsi que du contrôle de nos terres afin que nos gens travaillent et que nos communautés soient en bonne santé».

La crise des surdoses a fait plus de 11 000 morts en Colombie-Britannique depuis la déclaration d’urgence sanitaire, en 2016.

Le médecin en chef de la First Nations Health Authority a déclaré que les Autochtones mouraient cinq fois plus souvent de drogues toxiques que le reste de la population générale.