Deux cas de variole du singe signalés au Québec, les premiers confirmés au pays

MONTRÉAL — Deux premiers cas de personnes infectées par la variole du singe au Québec ont été confirmés jeudi soir par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Il s’agit des deux premiers cas confirmés au Canada, après que les autorités de l’État du Massachusetts eurent signalé mercredi un cas de variole du singe chez un homme qui avait récemment voyagé au Canada.

Cette personne de citoyenneté américaine «a utilisé un moyen de transport privé et pourrait avoir été infectée avant ou pendant sa visite à Montréal», indique un communiqué publié jeudi par l’Agence de la santé publique du Canada.

Plus tôt jeudi, on apprenait que les autorités de la santé publique enquêtaient sur 17 cas suspects de variole du singe dans la région de Montréal.

Le MSSS a tenu à rassurer la population. «Bien que la vigilance soit de mise, la variole simienne se contracte par des contacts prolongés et rapprochés avec une personne infectieuse. Sa contagiosité est donc considérée limitée par rapport à d’autres virus (grippe, COVID-19, etc.)», affirme le ministère dans un communiqué.

Le ministère de la Santé du Québec affirme qu’une vingtaine de cas de lésions ulcéreuses génitales sont actuellement sous investigation. Des enquêtes épidémiologiques doivent identifier des contacts potentiellement à risque et les informer des mesures de protection.

La directrice régionale de la santé publique de Montréal déclarait jeudi en conférence de presse que des cas présumés de variole du singe n’avaient pas encore été confirmés par un laboratoire, mais sur la base des récentes éclosions en Europe et d’un cas signalé aux États-Unis, il est «fort possible» qu’il s’agisse de ce virus.

La docteure Mylène Drouin a précisé que la maladie se transmettait par contact étroit et par gouttelettes, et qu’il n’y avait ainsi aucun risque à prendre les transports en commun ou à faire l’épicerie. «Ce qu’on a vu dans des éclosions antérieures, c’est qu’il y a un certain nombre de cas dans certains groupes, mais ce n’était pas quelque chose qui entraînait une transmission communautaire soutenue à terme», a indiqué la directrice de la santé publique.

La docteure Drouin a indiqué que les premiers cas suspects à Montréal avaient été signalés le 12 mai dernier par des cliniques spécialisées dans les infections transmissibles sexuellement; ces malades avaient présenté leurs premiers symptômes autour du 29 avril. Elle a ajouté que ces cas étaient surtout liés à des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes, «même si ce n’est pas une infection transmise sexuellement ou par le sang», a précisé la docteure Drouin.

«Actuellement, on voit beaucoup la transmission au niveau animal, on a des éclosions à travers l’histoire de transmission humaine, mais ce n’est pas très contagieux, ça prend des contacts étroits, prolongés, par gouttelettes», a indiqué la docteure Drouin.

Selon la docteure Drouin, la plupart des cas suspects signalés à Montréal ne sont pas graves: leurs symptômes impliquent un épisode de fièvre, de frissons, de maux de tête pendant trois à cinq jours, suivi de l’apparition d’une éruption cutanée douloureuse dans la région génitale, mais qui peut être ailleurs sur le corps. La période d’incubation est de 5 à 21 jours, mais la contagiosité commence cinq jours avant les premiers symptômes, puis dure pendant toute la période de lésions cutanées, a indiqué la docteure Drouin.

Les «contacts étroits» sont les personnes qui vivent avec un cas et les partenaires sexuels, a-t-elle précisé. Les «contacts étroits» devraient être à l’affût de tout symptôme et consulter au besoin, mais ils n’ont pas besoin de s’isoler.

La santé publique a ouvert une enquête épidémiologique et demande maintenant aux médecins de signaler les cas suspects, même s’il ne s’agit pas d’une maladie à déclaration obligatoire. Les gens qui présentent des symptômes devraient aussi contacter un médecin, a indiqué la docteure Drouin.

«Il y a beaucoup d’incertitudes, la forme, la présentation clinique qu’on a actuellement n’est pas typique de ce qu’on a déjà vu dans des éclosions antérieures, a admis la directrice de la santé publique de Montréal. Donc, évidemment, avec cette enquête-là, on va comprendre un petit peu plus les taux d’attaque, les chaînes de transmission, mais somme toute, on n’a pas à paniquer à l’échelle populationnelle: on le voit clairement, ça prend des contacts étroits.»

Une maladie rare

La variole du singe, maladie virale rare de la famille de la variole, mais plus bénigne, est généralement limitée à l’Afrique. De rares cas aux États-Unis et ailleurs sont habituellement liés à un voyage dans ce continent. Un petit nombre de cas confirmés ou suspects ont été signalés ce mois-ci au Royaume-Uni, au Portugal et en Espagne.

Les autorités sanitaires américaines ont déclaré qu’elles étaient en contact avec les autorités du Royaume-Uni et du Canada dans le cadre de l’enquête. Mais «à l’heure actuelle, nous ne disposons d’aucune information permettant d’établir un lien entre le cas du Massachusetts et les cas du Royaume-Uni», a affirmé Jennifer McQuiston, des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Le cas américain ne présente aucun risque pour le public, et le résident du Massachusetts est hospitalisé, mais en bonne santé, ont indiqué les autorités sanitaires.

Les symptômes de la variole du singe commencent généralement par un syndrome grippal et un gonflement des ganglions lymphatiques, puis survient une éruption cutanée généralisée sur le visage et le corps, selon les CDC.

La plupart des infections durent de deux à quatre semaines. Les infections par cette souche de variole du singe sont mortelles chez environ 1 personne atteinte sur 100, mais le taux de mortalité peut être plus élevé chez les personnes immunodéprimées.

— Avec des informations de l’Associated Press