Hydro-Québec: Legault s’estime victime des perceptions

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault s’estime traité injustement dans la controverse suivant le départ de la présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu.

«J’ai lu et entendu comme vous toutes sortes de commentaires et je pense que c’est injuste», a-t-il déclaré en mêlée de presse au parlement, après une longue déclaration préliminaire, comme pour remettre les pendules à l’heure.

Il a été rapporté que Mme Brochu avait démissionné la semaine dernière en raison de désaccords avec le gouvernement, mais elle a démenti. Depuis, une controverse perdure sur les orientations d’Hydro-Québec et les intentions des caquistes en matière de développement hydro-électrique. Le gouvernement a été accusé de vouloir attirer des investissements en garantissant des tarifs d’électricité ridiculement bas.  

M. Legault a répété à de nombreuses reprises qu’il ne faut pas opposer l’intérêt des Québécois à l’intérêt des entreprises. 

«Il n’y a pas deux clans au Québec: le clan qui défend les intérêts des Québécois, puis le clan qui défend les intérêts des entreprises. Il y a juste un clan qui travaille, d’abord, au bénéfice des citoyens. (…) Dans certains cas, pour travailler au bénéfice des Québécois, il faut travailler avec certaines entreprises.»

Il a longuement expliqué qu’il n’allait pas vendre au rabais l’électricité aux entreprises pour les attirer au Québec, mais qu’il allait s’assurer que les retombées allaient être supérieures aux avantages tarifaires accordés. 

La présidente sortante d’Hydro avait affirmé que la société d’État ne devait pas devenir le «Dollarama» de l’électricité – allusion à cette chaîne de magasins qui vend des articles à prix modique.  

«Je ne pense pas qu’elle répéterait ça aujourd’hui», a rétorqué M. Legault.

Lors d’une réunion en décembre avec plusieurs ministres, le premier ministre et Mme Brochu, «on était tous d’accord pour dire: jamais Hydro-Québec ne doit signer un contrat si le rabais qui est donné est supérieur aux revenus additionnels au gouvernement du Québec», a assuré M. Legault. 

Il ne cesse de répéter depuis les élections qu’il faudra construire de nouveaux barrages au Québec en raison d’une part, de la baisse des surplus actuels, et d’autre part, de l’ampleur des approvisionnements requis dans les 20 prochaines années pour effectuer la décarbonation de l’économie.

Ainsi, le plan stratégique actuel d’Hydro soutient qu’il faudra produire 100 TWh additionnels, soit le double de la production actuelle, pour effectuer la décarbonation du Québec, a rappelé le premier ministre.

Cependant, il a refusé de préciser mercredi quelles seraient les rivières ciblées pour être harnachées. 

Pour sa part, Hydro-Québec avait déjà laissé entendre avant les Fêtes qu’elle était en train d’effectuer une révision de son inventaire des rivières qui ont un potentiel hydro-électrique.

Le Québec doit prévoir et préparer un plan B, a soutenu M. Legault, notamment en raison de négociations à venir dans les prochains mois avec Terre-Neuve-et-Labrador.

En effet, la province voisine veut réviser l’entente actuelle sur le barrage de Churchill Falls qui vient à échéance en 2041. Terre-Neuve-et-Labrador estime qu’elle a été flouée et désavantagée lors de la signature du contrat de cette centrale gérée en partenariat avec Hydro-Québec, qui achète son énergie à un tarif fixe. 

«Je ne veux pas me retrouver sans plan B et être forcé d’accepter n’importe quel tarif proposé par (le premier ministre de Terre-Neuve) Andrew Furey, a conclu M. Legault. Si on veut être dans une bonne position de négociation, on doit avoir un plan pour Churchill Falls et cela veut dire de nouveaux barrages.»