Le deuxième vol nolisé transportant des réfugiés ukrainiens est arrivé à Montréal

MONTRÉAL — Des dizaines de personnes se sont déplacées à l’aéroport de Montréal avec des bouquets de fleurs et de ballons, dimanche, pour souhaiter la bienvenue aux centaines de réfugiés ukrainiens fuyant l’invasion russe et espérant rebâtir leur vie au Canada.

Le deuxième de trois vols nolisés transportant des réfugiés ukrainiens ayant reçu une autorisation d’urgence pour entrer au Canada a décollé de Pologne et est arrivé à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau peu avant 11 h 00 dimanche.

Ce sont 306 réfugiés Ukrainiens et une vingtaine d’animaux de compagnie qui ont été accueillis par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et la secrétaire parlementaire pour le ministre de l’Immigration, Marie-France Lalonde.

«L’accueil de ces familles à Montréal rappelle les répercussions humaines de la guerre que mène Poutine, ainsi que la promesse continue du Canada d’offrir un refuge temporaire aux personnes dans le besoin», a souligné Mme Joly.

Si quelques passagers ont pu sauter dans les bras de leurs proches à leur sortie de l’avion, d’autres ont mis les pieds en terre parfaitement inconnue sans savoir ce que l’avenir leur réserve.

Alina Shuvalova a fui le Donbass, une région lourdement frappée par l’armée russe depuis le début de l’invasion du régime de Vladimir Poutine. Elle a confié n’avoir aucun proche à Montréal et a prévu s’installer à l’hôtel avec son enfant d’un an.

«La situation est très difficile près de ma ville, a décrit Mme Shuvalova à La Presse Canadienne. Mes parents m’appellent et me disent qu’ils entendent des bombardements tous les jours. Je veux juste sauver la vie de mon enfant. Je suis très reconnaissante d’être arrivée ici.»

Yuiiy Topolnytsky et sa mère ont patienté pendant des heures pour accueillir des membres de leur famille à l’aéroport.

«Cette guerre a pris de bonnes personnes, a-t-il raconté. Le fils de ma tante, il tremble à cause des sirènes, il est traumatisé. Déjà, lorsqu’il attendait son visa en Pologne, il était si soulagé de ne plus entendre les sirènes.»

«C’est un garçon brillant, il aura une foule d’opportunités ici, peut-être même qu’il deviendra premier ministre du Canada, qui sait!»

Orysia Krucko, du Ukrainian-Canadian Congress (UCC) qui collabore avec le ministère de l’Immigration du Québec pour aider les arrivants à s’établir dans la province, a expliqué que les gens qui arrivent seuls seront logés dans des hôtels de Montréal.

«Nous sommes heureux de l’arrivée de ce deuxième vol, mais il faut garder en tête que c’est une tragédie. Ce sont des gens qui arrivent d’un pays en guerre.»

Lundi dernier, un appareil s’était posé à Winnipeg avec à son bord des ressortissants ukrainiens fuyant l’invasion russe. Un troisième vol nolisé est attendu à Halifax jeudi.

Le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, a indiqué que les trois vols devraient emmener un total de près de 900 réfugiés ayant reçu une autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (ACUVU).

Le gouvernement fédéral a déjà accueilli des milliers d’Ukrainiens depuis le début de l’invasion déclenchée par le régime de Vladimir Poutine à la fin du mois de février.

D’après les données du gouvernement, le Canada aurait reçu plus de 259 000 demandes de résidence temporaire en date du 25 mai. Au total 120 668 demandes ont été approuvées jusqu’ici. Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador avait lui aussi nolisé un avion pour accueillir 166 Ukrainiens sur son territoire.

Présente à l’aéroport Trudeau, la ministre Mélanie Joly a décrit la scène comme étant la conséquence d’une «guerre illégale et injustifiable».

Tout en admettant que le Canada pourrait faire mieux que de commencer à recevoir des réfugiés après près de 100 jours de conflit, elle a indiqué que les nouveaux arrivants auront droit à une aide financière à compter du 2 juin.

«C’est une situation extrêmement difficile. Ils sont tous passés à travers un traumatisme évidemment», a-t-elle reconnu en promettant de continuer de leur offrir du soutien psychologique, matériel et même de l’aide à l’emploi.

Vlada Polishchuk était tout sourire alors qu’elle tenait un gâteau traditionnel dans ses mains. Sa famille ne faisait toutefois pas partie des passagers attendus.

«On a offert aux membres de ma famille de venir ici, mais ils ont tous refusé, a-t-elle relaté. Ils ont tous le sentiment qu’ils sont chez eux là-bas, alors pourquoi ils partiraient?»

Mme Polishchuk, qui vit à Montréal depuis sept ans, affirme avoir elle-même songé à rentrer en Ukraine pour soutenir ses proches.

«Mais je vois ce qu’il se passe et je peux leur être encore plus utile à partir d’ici même si à plusieurs moments je me suis sentie impuissante. On vit dans deux mondes différents», estime-t-elle.

C’est la solidarité et la mobilisation de la communauté ukrainienne qui lui permettent à la fois de s’accrocher et d’agir pour faire une différence.