Le PM Jason Kenney quitte la chefferie du Parti conservateur uni de l’Alberta

CALGARY — Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, quitte son poste de chef du Parti conservateur uni (PCU) après avoir remporté de justesse le vote de confiance à la direction du parti. 

M. Kenney a reçu 51,4 % d’appuis, selon les résultats des votes publiés mercredi soir. 

Jason Kenney a dit à ses partisans que ce n’était pas le résultat qu’il espérait et que, pour lui, c’était insuffisant pour continuer à diriger le parti. 

S’il avait reçu moins de 50 % + 1, M. Kenney aurait dû démissionner selon les règles du parti et une course à la direction aurait été automatiquement déclenchée. 

Normalement, les chefs considèrent de 75 à 80 % ou plus, le pourcentage d’appuis nécessaires lors d’un mandat pour maintenir de la crédibilité et continuer à diriger leur parti. 

M. Kenney avait déclaré un plus tôt qu’il accepterait une faible majorité, parce que le vote de confiance était faussé par des députés à la dernière minute qui ne voulaient que saborder son parti conservateur. 

«Bien que 51% des votes aient franchi le seuil constitutionnel de la majorité, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un appui suffisant pour continuer à diriger, a déclaré M. Kenney mercredi soir devant des militants réunis à Calgary, visiblement surpris par cette annonce. 

«J’ai informé le président du parti de mon intention de démissionner de mon poste de chef du Parti conservateur uni », leur a-t-il expliqué.

«Nous devons aller de l’avant unis. Nous devons mettre le passé derrière nous et un grand nombre de nos membres se sont ainsi prononcés», a aussi affirmé Jason Kenney, tout en soulignant qu’il a recommandé aux instances du parti de déclencher le processus pour la course à sa succession au moment jugé opportun.

Le moment menant à ce vote de confiance a revêtu une importance accrue au cours de la dernière année alors que M. Kenney a été secoué par de piètres résultats dans les sondages, des campagnes de financement décevantes et la dissidence ouverte de certains membres de son parti et de son caucus. 

L’évènement a également été marqué par la controverse, après avoir été retardé d’un an pour la tenue d’un vote en personne le 9 avril à Red Deer, en Alberta. Cependant, lorsque 15 000 membres se sont inscrits — soit cinq fois plus que prévu —, le parti a dit qu’il ne pouvait pas s’occuper de la logistique et a plutôt opté pour un vote par correspondance ouvert à l’ensemble des 59 000 membres. 

Des voix se sont immédiatement élevées pour critiquer le changement, perçu par certains comme voulant donner ainsi l’avantage à Jason Kenney qui semblait sur la voie de perdre le vote en personne des membres du parti.

Élections Alberta enquête également sur des allégations d’achat en gros de cartes de membres et le parti fait l’objet d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au sujet d’allégations de fraude électorale lors de la course à la direction du parti en 2017, remportée par Jason Kenney. 

Deux députés d’arrière-ban qui ont ouvertement critiqué M. Kenney l’an dernier — Todd Loewen et Drew Barnes — ont été expulsés du caucus et ont siégé comme indépendants. 

D’autres députés d’arrière-ban, Jason Stephan, Peter Guthrie et Brian Jean — qui ont aidé Jason Kenney à fonder le PCU — ont ouvertement exhorté le premier ministre à démissionner pour le bien du parti. 

Le chef conservateur albertain a tenté de minimiser la dissidence en la liant directement au mécontentement à l’égard des restrictions liées à la COVID-19 que son gouvernement a acceptées pour tenter de freiner la propagation du virus. 

Ses opposants au sein du caucus estimaient que l’insatisfaction manifestée concernait aussi les politiques et le style de gestion de Jason Kenney, qu’ils estimaient condescendant, méprisant et antidémocratique. 

Dans le passé, l’ancien premier ministre progressiste-conservateur Ralph Klein a démissionné après avoir obtenu 55% d’appuis lors d’un vote de confiance en 2006.

Les ex-premiers ministres Ed Stelmach et Alison Redford ont aussi quitté leurs fonctions en raison de pressions au sein de leur parti.