Les médecins canadiens consacrent 18,5 millions d’heures à de la paperasserie inutile

HALIFAX — Un nouveau rapport publié lundi par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante révèle que les médecins canadiens consacrent 18,5 millions d’heures par année à des tâches administratives inutiles.

Le rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), intitulé «Les patients avant la paperasse», recommande aux provinces de réduire de 10 % les formalités administratives en médecine. La fédération estime qu’à l’échelle nationale, 10 % de paperasserie en moins permettrait de gagner du temps, ce qui équivaut à 5,5 millions de visites de patients.

La Dre Leisha Hawker, présidente de Doctors Nova Scotia, qui représente tous les médecins agréés de la province, indique que l’élimination des redondances de la paperasserie et la réduction des formulaires médicaux peuvent améliorer les soins aux patients et réduire l’épuisement professionnel des médecins.

«Beaucoup de médecins font généralement ce travail en dehors des heures de bureau, tôt le matin avant l’ouverture des cliniques, pendant les pauses dîner inexistantes ou après le coucher du soleil», affirme la Dre Hawker en entrevue. Elle ajoute que le travail administratif consiste généralement à «naviguer dans des dossiers médicaux électroniques mal conçus ou à remplir des formulaires».

Un médecin consacre plus de 10 heures par semaine à la paperasse médicale, dit-elle, dont une grande partie est requise par le gouvernement provincial pour des programmes comme les soins pharmaceutiques ou le soutien aux personnes handicapées. Certains formulaires médicaux sont nécessaires, mais beaucoup sont plus longs et plus détaillés qu’ils ne devraient l’être, selon Mme Hawker.

«Si nous améliorons l’efficacité des formulaires de 10 ou 20 % — en raison du temps considérable que les médecins mettent à remplir les formulaires —, ce serait une amélioration assez spectaculaire», avance-t-elle. En Nouvelle-Écosse, dit-elle, une réduction de 10 % du temps consacré à la paperasserie permettrait théoriquement environ 150 000 visites de patients supplémentaires par an.

«Ce qui rend les médecins heureux, c’est en fait de parler aux patients et d’aider à améliorer leur santé et leur vie. Tout ce qui éloigne les médecins des soins directs aux patients contribue à l’épuisement professionnel», rappelle-t-elle.

Laura Jones, vice-présidente exécutive de la FCEI et co-auteure du rapport, indique en entrevue que la Nouvelle-Écosse ouvre la voie au Canada en matière de réduction des formalités administratives en médecine.

Elle ajoute que, alors que les Canadiens s’inquiètent de la pression sur le système de santé, la recherche de la réduction du travail administratif inutile est «trop souvent négligée».

«La réduction de la paperasserie est un outil incroyablement puissant qui a beaucoup de potentiel pour améliorer des vies», dit Mme Jones.

Doctors Nova Scotia travaille avec le ministère de la Santé et le Bureau de l’efficacité de la réglementation et des services depuis 2019 pour identifier les redondances de documents. Jusqu’à présent, trois formulaires utilisés par les médecins de la Nouvelle-Écosse ont été simplifiés.

L’association médicale professionnelle estime que sur les 1,36 million d’heures de travail annuelles consacrées par les médecins à des tâches administratives, environ 500 000 de ces heures sont consacrées à du travail inutile. Avant le rapport de la FCEI, Doctors Nova Scotia s’était fixé comme objectif de réduire les heures de travail administratif de 50 000 heures par an.

Les estimations nationales de la nouvelle étude sont extrapolées aux données de toutes les provinces à partir d’une étude de 2020 en Nouvelle-Écosse. Cette étude, menée par Doctors Nova Scotia et le Bureau de l’efficacité de la réglementation et des services, a interrogé 500 médecins qui ont déclaré qu’en moyenne, 38 % de leur travail administratif est inutile.

La porte-parole de la FCEI, Dariya Baiguzhiyeva, indique que l’organisation avait choisi d’étudier le fardeau administratif médical parce que ses membres ont affirmé que les soins de santé devraient être une priorité absolue pour le gouvernement.

«En examinant comment naviguer dans ce domaine au nom de nos membres, nous avons identifié les problèmes de paperasserie parmi les médecins comme un domaine dans lequel nous pourrions travailler», explique Mme Baiguzhiyeva dans un courriel.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.