Les motoneigistes et les gestionnaires de zec cherchent un terrain d’entente

MONTRÉAL — La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ) et la Fédération québécoise des gestionnaires de zones d’exploitation contrôlée (zec) se rencontreront au cours des prochains mois pour esquisser une entente permettant aux motoneigistes de circuler librement dans les sentiers aménagés dans les zecs.

Les deux organisations se donnent jusqu’au début de la prochaine saison de motoneige pour en arriver à une entente qui mettrait fin à la double tarification imposée depuis quelques mois dans certaines régions, où des motoneigistes, qui paient déjà leur cotisation à la FCMQ pour utiliser les sentiers que celle-ci aménage, doivent débourser pour parcourir les tronçons de ces sentiers qui se trouvent dans une zec. 

Le tout est conforme au règlement sur les zones d’exploitation contrôlée de chasse et de pêche, dont certaines sont désormais ouvertes à l’année.

La mesure a suscité beaucoup de mécontentement chez les adeptes de la chenillette, dont certains ont reçu des contraventions au cours des dernières semaines lors de leur passage dans la zec Martin-Valin. La grogne s’est rendue jusqu’au bureau de la ministre Andrée Laforest, députée de Chicoutimi et responsable de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. L’élue aurait alors appelé les organisations à entamer un dialogue pour en venir à une solution pérenne, a indiqué Stéphane Bégin, l’attaché politique de la ministre.

Lors du congrès annuel du Réseau Zec, qui s’est tenu la fin de semaine dernière, les dirigeants des deux organisations ont eu l’occasion d’échanger et c’est à ce moment qu’ils ont convenu d’entreprendre des pourparlers. D’ici la conclusion de la saison de motoneige, qui tire à sa fin, une exemption sera accordée aux membres en règle de la FCMQ qui circulent dans la zec Martin-Valin.

«On est bien contents de la tournure des choses, qui devrait nous permettre de régulariser la situation, pas seulement dans Martin-Valin, mais dans toutes les zecs au Québec», a affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne Stéphane Desroches, directeur général de la FCMQ.

Celui-ci rappelle que la fédération entretient quelque 2400 kilomètres de sentiers à travers le réseau des zecs du Québec et qu’il serait contreproductif que les membres motoneigistes déboursent deux fois pour passer là où ils ont déjà payé un droit de passage.

«Ça fait des années que nos clubs sont sur le territoire des zecs et qu’on investit pour aménager et entretenir les sentiers, relate M. Desroches. On remplace des infrastructures, on prépare des petits chemins. Juste la saison dernière, on a injecté 1 million $ en ponts sur le territoire des zecs. On est déjà des utilisateurs payeurs.»

«Ce qui est dommage, c’est d’avoir émis des contraventions à des motoneigistes, ce qui a fait remonter le dossier à un niveau politique», renchérit le directeur, qui espère que les amendes seront révoquées.

Alain Beaumier, membre du conseil d’administration de la Fédération québécoise des gestionnaires de zec et président du conseil d’administration de la zec Wessonneau, située dans le secteur de La Tuque, en Mauricie, est lui aussi confiant d’en venir à une entente.

«La conclusion de cette rencontre a été qu’on laisse retomber la poussière pour cette saison-ci, le temps de trouver une solution qui convienne à tout le monde», commente-t-il lors d’un bref entretien téléphonique.

Il voit dans les négociations à venir le souvenir des discussions que son organisation avait eues en 2014 avec la Fédération québécoise des clubs de quads, qui avaient aussi mené à une entente. «On avait réglé le problème de passages avec les quadistes, alors on risque de calquer la façon de faire», explique-t-il. 

Si les gestionnaires bénévoles des zecs conviennent qu’il est frustrant de payer deux fois pour passer dans un sentier, ils estiment que les motoneigistes souhaitant s’aventurer hors des sentiers balisés devraient payer un droit de passage.

«Il faut trancher pour en arriver à une entente équitable pour tout le monde», note M. Beaumier.

«C’est compréhensible, ils veulent protéger le territoire, relève M. Desroches. C’est beau la pratique du hors-piste, mais on ne veut pas détruire les écosystèmes ou provoquer des problèmes pour les autres activités qui ont cours le reste de l’année. Ce serait tout à fait normal qu’ils paient quelque chose pour sortir des pistes, et c’est là qu’on va intervenir pour régulariser la situation.»

Environ 127 000 motoneigistes étaient membres de la FCMQ lors de la dernière saison. Annuellement, ce sont plus de 4500 bénévoles qui entretiennent le réseau provincial de sentiers de motoneige, une tâche estimée à près de 800 000 heures par saison.

De son côté, quelque 41 000 membres profitent des activités récréatives offertes dans les 63 zecs de la province, telles que la chasse, la pêche ou de la villégiature. La Fédération québécoise des gestionnaires de zec est un organisme à but non lucratif chargé de l’aménagement, de l’exploitation et de la conservation des écosystèmes.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.