Les Russes auraient caché des mines dans des parcs à Irpin, en Ukraine, selon Joly

OTTAWA — La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré mardi que les troupes russes avaient posé des mines dans des terrains de jeux, des parcs et devant les portes des maisons de petites familles à Irpin, une ville ukrainienne qu’elle a récemment visitée avec le premier ministre.

Mme Joly est allée à Kyiv et sa banlieue d’Irpin, dimanche dernier, avec Justin Trudeau, lors d’une visite surprise en Ukraine pour rouvrir l’ambassade du Canada dans la capitale.

En entrevue depuis Berlin, mardi, elle a raconté qu’on l’avait prévenue en Ukraine de ne pas descendre du trottoir à Irpin, parce que les Russes, avant leur retraite, avaient caché des mines dans cette ville, y compris autour des maisons des gens.

«Ils ont posé des mines partout, pas seulement autour des complexes d’appartements que nous avons vu qui sont complètement bombardés… mais aussi dans les terrains de jeux, dans les parcs, devant les maisons, derrière les maisons», a-t-elle rapporté.

Mme Joly a indiqué qu’Irpin était stratégiquement importante pour les Russes dans leur effort pour capturer Kyiv. La ville est située à côté de Boutcha, où les atrocités russes dirigées contre des civils font l’objet d’enquêtes pour crimes de guerre.

Elle a souligné que 50 000 civils avaient été évacués d’Irpin, qui était populaire auprès des jeunes familles avant l’invasion de la Russie.

«Irpin est une ville qui pourrait être comparée à une banlieue de Toronto ou de Montréal, a-t-elle analysé. C’est une ville qui est très fréquentée par les primo-accédants. Les jeunes familles y achètent leur première maison, leur premier appartement en copropriété, c’est là qu’ils ont leurs enfants. Il y a beaucoup de terrains de jeux, généralement beaucoup de poussettes.»

Même si les troupes russes sont parties, elle a soutenu qu’il est encore trop dangereux pour les familles avec enfants de revenir tant que les mines ne sont pas cartographiées, afin qu’elles puissent être évitées, puis retirées.

Elle a rappelé que le Canada a une certaine expertise en matière de déminage et qu’il l’avait offerte à l’Ukraine, ainsi qu’une contribution de 2 millions $ à l’organisme non gouvernemental «Halo Trust», qui se consacre à l’élimination des mines et des explosifs.

«Nous sommes des spécialistes du déminage, a-t-elle affirmé. C’est nous qui avons créé la convention internationale sur les mines terrestres. Nous avons également la technologie canadienne pour faire face aux mines terrestres. Nous avons beaucoup d’expertise.»

La ministre a ajouté que le Canada contribue également à l’éducation sur le danger des mines pour les adultes et les enfants ukrainiens.

Lors de la visite avec Mme Joly et la vice-première ministre Chrystia Freeland, M. Trudeau a rouvert l’ambassade du Canada à Kyiv et a exprimé son soutien indéfectible au pays assiégé.

Il a rencontré Volodymyr Zelensky en personne pour la première fois depuis l’invasion de la Russie fin février et a annoncé un nouveau soutien militaire canadien de 50 millions $ à l’Ukraine, y compris des caméras de drones, des images satellites, des armes légères et des munitions ainsi qu’un financement pour le déminage.