L’opposition veut qu’Ottawa rapatrie les Canadiens faits prisonniers en Syrie

OTTAWA — La porte-parole néo-démocrate en matière d’Affaires étrangères reconnaît qu’il n’est pas simple de rapatrier les Canadiens faits prisonniers dans le nord de la Syrie, mais elle maintient que le gouvernement fédéral doit en faire plus pour ramener ses citoyens au pays.

La députée du NPD Heather McPherson a souligné que les Canadiens détenus arbitrairement, dont font partie plusieurs jeunes enfants, peinent à survivre dans des conditions difficiles. Rien ne laisse croire que leur situation s’améliorera, selon elle.

Mme McPherson a tenu une conférence de presse en compagnie de plusieurs défenseurs des droits de la personne, jeudi, pour appeler Ottawa à assumer sa responsabilité envers ses citoyens qui languissent dans des camps sordides.

Près d’une quarantaine de Canadiens font partie des milliers de ressortissants étrangers détenus dans des camps syriens tenus par les forces kurdes, qui ont repris cette région déchirée par les conflits.

Le gouvernement fédéral a expliqué que la capacité du Canada à fournir une aide consulaire en Syrie est extrêmement limitée en raison de la situation dangereuse sur le terrain.

Plusieurs familles se sont donc tournées vers la Cour fédérale, plaidant que le refus du gouvernement d’intervenir viole la Charte des droits et libertés, la Loi sur la citoyenneté et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.

Mme McPherson a affirmé que les Canadiens ne devraient pas avoir à s’adresser aux tribunaux pour obtenir les services consulaires auxquels ils ont droit.

«Oui, c’est un défi de taille, mais ce n’est pas une raison pour que le gouvernement ne fasse rien, a argué la députée. Un gouvernement n’a pas le droit de laisser tomber ses citoyens et il ne peut pas prendre des décisions basées sur des craintes.

«Tous les Canadiens prisonniers dans le nord-est de la Syrie doivent être rapatriés. Et ceux qui auraient commis des crimes devraient être poursuivis ici en vertu de notre système judiciaire. D’autres pays l’ont fait, mais le Canada n’a pas encore démontré sa volonté politique.»

La députée du Parti vert Elizabeth May a aussi mentionné qu’elle ne comprenait pas pourquoi le Canada ne rapatriait pas de toute urgence tous ses citoyens.

«Comment pouvons-nous tourner le dos à ces Canadiens?» a-t-elle déploré.

La situation actuelle a permis à Monia Mazigh d’établir un parallèle entre le sort des détenus et ce que son mari, Maher Arar, fait prisonnier en Syrie il y a deux décennies, a vécu.

«Ils ne sont accusés d’aucun crime, leurs familles veulent qu’ils rentrent chez eux, mais le gouvernement canadien les en empêche», a-t-elle laissé tomber, jeudi.

Arar, un Canadien d’origine syrienne, a été détenu à New York en septembre 2002. Peu de temps après, il a été expulsé par les autorités américaines et s’est retrouvé dans une cellule — qui ressemblait davantage à une tombe — à Damas.

Afin d’échapper à la torture, l’ingénieur en télécommunications d’Ottawa a fait de faux aveux à des officiers du renseignement militaire syrien sur une supposée collaboration avec le réseau al-Qaïda d’Oussama ben Laden.

Une enquête fédérale a conclu que des informations erronées transmises par la GRC aux États-Unis avaient très probablement conduit à l’arrestation d’Arar.