Des athlètes exigent de nouveau des enquêtes nationales portant sur les fédérations

OTTAWA — Quatre athlètes ont réitéré leur demande que des enquêtes nationales soient déclenchées afin de faire la lumière sur la culture dans leurs sports respectifs au Canada, lundi, dans le cadre d’une audience du Comité permanent du Patrimoine canadien. 

Les joueuses de soccer Ciara McCormack et Andrea Neil, de même que la boxeuse Myriam Da Silva Rondeau et l’escrimeuse Emily Mason ont chacune demandé le déclenchement d’une enquête portant sur le traitement des plaintes pour abus et la mauvaise gestion qui gangrènent  leurs organisations sportives respectives et celles à travers le pays.

Ces femmes ont discuté devant le Comité permanent du Patrimoine canadien des obstacles qu’elles ont rencontrés lorsqu’elles ont tenté de dénoncer des comportements inappropriés. Elles ont aussi souligné que les athlètes doivent être mieux protégés, en adoptant notamment des lois qui protégeront les athlètes qui choisissent de dénoncer. 

Kirsty Duncan, députée libérale ayant auparavant été ministre des Sciences et des Sports de 2015 à 2019, a dit que davantage de travail devait être fait pour rendre les sports plus sécuritaires pour les jeunes à travers le pays.

«Ma crainte est que si nous n’avons pas d’enquête, nous aurons ces mêmes discussions dans cinq, ou encore 10 ans, a dit Duncan à La Presse Canadienne, lundi. Ce ne sont que des enfants et n’ont qu’une jeunesse à vivre.»

Duncun a précisé qu’une enquête serait longue et d’une grande envergure, permettant ainsi un lieu sécuritaire pour témoigner sur des allégations d’abus ou d’inconduite.

«C’est le temps pour les gens de venir dire ce qu’ils pensent et donner la priorité aux jeunes et aux athlètes, a dit Duncan. Les  vrais leaders interviennent.»

Les propos de Duncan arrivent après que quatre athlètes canadiens, anciens comme actuels, ont rappelé leur volonté d’une enquête nationale sur la culture sportive au Canada

McCormack, qui a rédigé un texte dans lequel elle a décrit les abus dont elle a été témoin de l’ex-entraîneur des Whitecaps de Vancouver et de l’équipe canadienne de soccer féminin Bob Biranda, a mentionné qu’elle ne se sent plus en sécurité au Canada à cause des commentaires qu’elle a émis. Biranda a écopé de 16 mois d’emprisonnement en 2022 pour des méfaits à caractère sexuel qui ont causé «des torts irréparables» à quatre athlètes adolescentes.

«Est-ce que la ministre des Sports regarde ce qui se passe, s’est-elle questionnée. Le premier ministre regarde-t-il? La personne qui prend ces décisions, regarde-t-elle? Cela a eu des conséquences bien plus importantes que nos carrières sportives et c’est ce qui est décevant. J’ai tout simplement honte, honnêtement, d’être Canadienne et de voir que c’est cela que ça signifie pour eux, surtout après tant de mois à manifester.»

Rondeau a remporté une médaille d’or et une d’argent aux Jeux panaméricains, en plus de terminer neuvième aux Jeux olympiques de 2020. Toutefois, elle a dit qu’en raison d’un traumatisme mental, elle ne se souvient pas de ces exploits.

Rondeau a ajouté qu’elle fait l’objet d’une poursuite du directeur haute performance de la Fédération canadienne de boxe pour des commentaires qu’elle a émis sur les réseaux sociaux au sujet de présumées agressions. 

«Nous avons besoin d’aide et avons besoin des gens pour arrêter que ceux au sein de la Fédération utilisent nos plaintes contre nous (dans le système judiciaire)», a dit Rondeau, en larmes.

Rachael Denhollander, une avocate et ex-gymnaste qui a dénoncé les agissements de Larry Nassar chez USA Gymnastics, s’est aussi exprimée. 

La ministre des Sports Pascale St-Onge a dit aux journalistes qu’elle allait s’engager à une réponse, mais qu’elle voulait s’assurer de déterminer la façon dont l’enquête serait organisée.

«Mon objectif est d’avoir un environnement dans lequel les athlètes peuvent témoigner et partager leurs expériences et leurs suggestions», a dit St-Onge.

Les athlètes veulent toutefois une réponse rapide à la situation.

«Plus les jours avancent, plus il y a d’enfants qui sont placés dans ces environnements, s’est exprimée Mason. Ce n’est pas acceptable.»