Le Vermont ouvre les portes de son aide médicale à mourir aux non-résidents

Le Vermont est devenu mardi le premier État américain à modifier sa loi sur l’aide médicale à mourir pour offrir ses services aux personnes en phase terminale qui viennent de l’extérieur de son territoire.

Le gouverneur républicain Phil Scott a signé un projet de loi qui retire l’exigence d’être un résident du Vermont pour obtenir l’aide médicale à mourir dans cet État, où il s’agissait d’un critère depuis de nombreuses années.

L’année dernière, dans le cadre d’un règlement judiciaire, l’Oregon a accepté de cesser d’appliquer l’exigence de résidence de sa loi permettant aux personnes en phase terminale de recevoir des médicaments pour mettre fin à leurs jours. Il a également convenu de demander à l’Assemblée législative de retirer ce critère de sa loi régissant la pratique.

Avant que le Vermont supprime son obligation de résidence, mardi, il avait conclu un accord avec une femme du Connecticut atteinte d’un cancer en phase terminale pour lui permettre de profiter de ses services d’aide médicale à mourir, à condition qu’elle se conforme à d’autres aspects de la loi en vigueur.

«Nous sommes reconnaissants envers les élus du Vermont d’avoir reconnu qu’une frontière d’État ne devrait pas déterminer si vous mourez paisiblement ou à l’agonie», a souligné la présidente du groupe Compassion & Choices, Kim Callinan.

«Les patients se rendent régulièrement dans d’autres États pour utiliser les meilleures options de soins de santé. Il n’y a aucune raison rationnelle pour laquelle ils ne devraient pas pouvoir se rendre dans un autre État pour accéder à l’aide médicale à mourir si l’État dans lequel ils vivent ne l’offre pas», a-t-elle plaidé.

Le Vermont est l’un des 10 États qui autorisent l’aide médicale à mourir. Les détracteurs de ces lois affirment que sans les exigences de résidence, ces États risquent d’attirer de partout des personnes qui veulent venir profiter de leurs services.

En mars, la directrice du comité Vermont Right to Life, Mary Hahn Beerworth, a témoigné devant un comité législatif que la pratique «était et reste un sujet de discorde».

«Pour être claire, Vermont Right to Life s’oppose au concept sous-jacent de l’aide médicale à mourir et s’oppose au retrait de l’exigence de résidence, car il n’y a toujours pas de garanties qui protègent les patients vulnérables de la coercition», a fait valoir Mme Beerworth.

Les personnes qui soutiennent la loi du Vermont rappellent qu’elle comporte des garanties strictes, notamment l’exigence que ceux qui cherchent à l’utiliser soient capables de prendre et de communiquer leur décision en matière de soins de santé à un médecin.

Les patients sont tenus de faire deux demandes de vive voix au médecin dans un certain délai, puis de soumettre une demande écrite qu’ils ont signée en présence d’au moins deux témoins non intéressés. Les témoins doivent signer et confirmer que le patient semblait comprendre la nature du document et était libre de toute contrainte.

Positif pour les gens de la région

Lynda Bluestein, une résidente de 75 ans du Connecticut, et Diana Barnard, une médecin du Vermont, ont poursuivi le Vermont devant un tribunal fédéral l’été dernier, affirmant que son exigence de résidence violait les clauses de la Constitution sur le commerce, l’égalité de protection et les privilèges et immunités.

Mme Barnard se spécialise dans les soins palliatifs et reçoit souvent des patients de l’État voisin de New York, qui, comme le Connecticut, n’autorise pas l’aide médicale à mourir.

Mme Bluestein, quant à elle, a salué mardi le fait que le changement de réglementation dans le Vermont permettra à d’autres personnes du nord-est des États-Unis d’avoir à accès à l’aide médicale à mourir.

«Et par ailleurs, je pense que ça va amener les autres États qui permettent l’aide médicale à mourir à revoir également leur exigence de résidence», a-t-elle affirmé.

Pour Cassandra Johnston, une résidente de New York, la nouvelle a eu l’effet d’un «réel soulagement». Elle a reçu un diagnostic de cancer du sein de stade 3 l’année dernière et vit à 40 minutes de route du Vermont.

«Ça me conforte de savoir que si j’ai besoin de cette option, c’est juste à côté, a reconnu Mme Johnston. Ça change vraiment la vie pour quelqu’un comme moi.»