Saint-Rémi: des animaux pour aider les élèves à s’adapter à l’école Saint-Viateur

ÉDUCATION – Line Saint-Jean est éducatrice spécialisée à l’école primaire Saint-Viateur, à Saint-Rémi. Depuis six ans, elle pratique la zoothérapie avec sa chienne Lili et deux cochons d’Inde. La présence des animaux lors de ses interventions facilite l’adaptation des enfants à l’école. Son objectif: augmenter l’estime de soi des élèves, les stimuler et les motiver.

L’école Saint-Viateur accueille des élèves de la maternelle à la troisième année. Lorsque les enfants entrent à l’école, certains d’entre eux peuvent ressentir de l’anxiété ou se sentir mal à l’aise.

Il y a des jeunes qui restent dans leur coin et ne parlent pas aux autres, explique Mme Saint-Jean. D’autres vont manifester des comportements qui ne sont pas socialement acceptables, comme la colère et l’agressivité, qui peuvent mener jusqu’à la bataille.

Lili est aidée par deux acolytes, les cochons d’Inde Lulu et Frimousse. La présence de ces animaux permet de diminuer le stress des jeunes, lors des interventions de Mme Saint-Jean.

Habiletés

Avec l’aide de ses partenaires animaliers, Mme Saint-Jean enseigne à ces élèves comment s’exprimer. «Faire sa place dans un groupe, ce n’est pas évident, dit-elle. Ça s’enseigne difficilement. Tu ne peux que le vivre.»

Assis!, Debout!, Marche! Les élèves apprennent à s’exprimer à l’aide de messages clairs, en donnant des commandements à la chienne.

«On peut apprendre plein d’habiletés sociales aux enfants avec les animaux, souligne Mme Saint-Jean. Je leur apprends la patience, la persévérance, à attendre leur tour et on fait aussi des jeux pour leur apprendre à perdre. Si l’enfant crie après le chien, ça ne marche pas. Lors de mes interventions, je peux ramener ça à l’enfant et lui demander comment il peut faire la même chose à l’école.»

Interventions

Mme Saint-Jean enseigne la prévention des morsures auprès des classes de maternelle. «Je leur explique quel comportement on doit adopter en présence d’un chien, dit-elle. Côtoyer des animaux implique aussi d’avoir des comportements sécuritaires.»

Elle amène aussi ses cochons d’Inde ou sa chienne dans les classes de première année. «Les cochons d’Inde sont de bons motivateurs pour l’apprentissage de la lecture», assure Mme Saint-Jean.

Les élèves de deuxième année viennent en équipe de deux dans le bureau de Mme Saint-Jean lors des récréations. Ils prennent alors soin des animaux, ils les nourrissent, nettoient leur cage et les prennent dans leurs mains.

Les plus vieux, qui sont en troisième année, viennent aider Mme Saint-Jean à s’occuper des animaux lors des récréations. «Ce sont mes anciens élèves que je suis depuis des années, explique-t-elle. Ça leur permet de vivre quelque chose de valorisant.»

Elle rencontre aussi des élèves individuellement sur le temps de classe. Elle suit une quinzaine de jeunes, dont certains ont un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ou de trouble du spectre de l’autisme. Certains n’ont aucun diagnostic, mais présentent tout de même certaines lacunes au niveau comportemental.

«Lili décroche des sourires. Ça apporte une légèreté et ça crée une appartenance à l’école.»

Line Saint-Jean, éducatrice spécialisée

Chien

Lili est issue d’un croisement entre un caniche et un bichon. Elle est âgée de sept ans. «Elle a été élevée avec une dame seule et deux petites filles, explique Mme Saint-Jean. C’est un petit chien qui est plus à l’aise avec les femmes et les enfants.»

Mme Saint-Jean avait pris l’habitude d’amener sa chienne à l’école, à l’occasion. Plus tard, elle a pris connaissance d’une formation d’une dizaine de jours, qui était offerte par Zoothérapie Québec.

«Mon employeur a accepté de payer pour cette formation, souligne Mme Saint-Jean. Maintenant, à titre d’intervenante en médiation animale, je suis membre de la Corporation des zoothérapeutes du Québec.»

Pour les éducatrices qui voudraient tenter la même expérience, il faut savoir que le chien doit lui aussi être minimalement entraîné. L’animal doit avoir une bonne hygiène, doit être en santé et avoir reçu tous ses vaccins.

«Ce n’est pas du flatte toutou, rappelle Mme Saint-Jean. Si un élève n’est pas en forme ou qu’il accroche la queue du chien, il faut que l’animal soit stable.»

Mme Saint-Jean prendra sa retraite à la fin de la prochaine année scolaire. Elle a fait appel au Coup d’œil pour faire connaître son approche et peut-être donner envie à d’autres éducatrices de prendre le relais.

«Qui sait, peut-être que la lecture de ce reportage saura encourager d’autres intervenants à créer un projet semblable, parce que la zoothérapie avec les enfants et les grands, c’est magique!», lance Mme Saint-Jean.