Habitat de tortues menacées: un site expérimental unique à Clarenceville

ENVIRONNEMENT – Saint-Georges-de-Clarenceville a inauguré une terre agricole protégée, le 29 août. Ce site a été aménagé de façon à fournir un habitat sécuritaire pour les espèces de tortues qui sont menacées. Il servira aussi à expérimenter des techniques d’agroforesterie, où grandes cultures et aménagement forestier cohabitent, de façon à favoriser la biodiversité végétale et faunique.

Ce terrain de 40 hectares, situé à l’intersection du chemin Lakeshore et de la rue Brayton, tout près du lac Champlain, a été vendu au gouvernement du Québec en 2012, par un citoyen, Arnold Reynolds, dans le but de restaurer ce site qui sert d’habitat à plusieurs espèces animales.

«Je suis vraiment impressionnée de voir la quantité de citoyens intéressés par ce projet, s’est réjouie Renée Rouleau, mairesse de Clarenceville. Je suis très heureuse que ce projet unique voie le jour ici.»

Ce projet est mené conjointement par Conservation de la nature Canada (CNC) et le ministère de Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), en collaboration avec la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement (FHQE). La valeur de ces aménagements avoisine les 300 000 $.

Projet

L’objectif premier de ce projet était de restaurer l’habitat d’espèces dont le statut est menacé, comme la tortue molle à épines ou la tortue géographique.

L’étang qui se trouve sur la partie inondable de cette terre a été aménagé de façon à servir de lieu de repos et d’alimentation aux tortues, avec des buttes, des fosses, des canaux, des billots de bois et des roches plates, pour permettre aux tortues de s’exposer au soleil. Ces aménagements serviront aussi aux poissons.

L’étang qui se trouve sur la partie inondable de cette terre a été aménagé de façon à servir de lieu de repos et d’alimentation aux tortues, avec des buttes, des fosses, des canaux, des billots de bois et des roches plates, pour permettre aux tortues de s’exposer au soleil.

Si autrefois, il était possible d’apercevoir la tortue molle à épines dans la rivière des Outaouais, dans le fleuve Saint-Laurent et dans la rivière Richelieu, aujourd’hui, on ne la retrouve que dans le lac Champlain.

On n’en compterait que 100 à 300 individus, répartis entre le Québec et l’État du Vermont, indique Lyne Bouthillier, agente de recherche au MFFP. Son ministère en a marqué une soixantaine, à l’aide de micropuces. Sur la photo, qui se trouve à la une du Coup d’œil, on voit Mme Bouthillier qui tient la carapace d’une tortue géographique femelle, qui a été retrouvée grâce à l’émetteur qu’elle portait sur sa carapace. Malheureusement, elle a été tuée par une hélice de bateau, comme en témoigne la cassure sur sa carapace.

«Il faut ralentir près des rives!, rappelle Mme Bouthillier. Si vous pêchez une tortue, c’est moins dommageable de couper le fil, que d’essayer d’enlever l’hameçon.»

Nous espérons que cette initiative inspirera d’autres agriculteurs à contribuer à leur tour à la protection de notre biodiversité.

Joël Bonin, vice-président associé à CNC

Agroforesterie

Avant de se rendre à l’étang, il faut d’abord traverser 12,5 hectares de terre, dédiés à la culture de maïs biologiques.

Cet espace a été aménagé de façon à en faire un site expérimental unique dans la province. Tous les 36 mètres, une rangée d’espèces indigènes d’arbres (mélèze laricin, chêne à gros fruits, chêne bicolore et  érable rouge) est plantée l’intérieur de la culture principale, ce qui permet de favoriser la biodiversité du site.

Dans quelques années, les scientifiques pourront mesurer ce qu’ils ont gagné en termes de qualité du sol autour des arbres, de rétention d’eau, etc.

«On pense que les cultures vont mieux faire face aux aléas, comme de longues périodes sans pluie ou de grands vents, grâce à la présence des arbres», explique Alain Cogliastro, botaniste-chercheur à l’Institut de recherche en biologie végétale.

Tous les 36 mètres, une rangée d’espèces indigènes d’arbres (mélèze laricin, chêne à gros fruits, chêne bicolore et érable rouge) est plantée l’intérieur de la culture principale, ce qui permet de favoriser la biodiversité du site.

Ainsi, les résultats de cette démarche scientifique montreront peut-être que la perte de superficie de culture au profit de la plantation d’arbres est compensée par cet apport de nutriments. De plus, quand une vingtaine d’années, le bois pourra être récolté et vendu.

Des essais réalisés sur un autre site ont montré qu’il est possible de fabriquer des madriers de sept pouces par sept pouces, avec un mélèze planté 13 ans auparavant.

«À terme, l’objectif est de faire de ce lieu un site de démonstration pour les agriculteurs de grandes cultures de la Montérégie», précise Charles Lussier, géographe chez CLG Agfor.

Caractéristiques du site

  • Plus de 3000 arbres et arbustes plantés.
  • Au total, 12,5 hectares dédiés à la grande culture, au travers desquels 17 rangées d’arbres sont plantées.
  • La plaine inondable, jusqu’où l’eau du lac Champlain monte au printemps, a été reboisée.
  • Aménagement d’un étang pour les tortues menacées.
  • Installation d’un hibernacle à couleuvres, des nichoirs, d’un perchoir à rapaces et d’un dortoir à chauves-souris.
  • Aménagement de deux arboretums, dont un est accessible au public, à l’entrée du site.