L’autocueillette permise pour la récolte de fraises

AGRICULTURE – Le gouvernement l’a confirmé le 28 mai. L’autocueillette sera permise au Québec cet été. À quelques semaines du début de la saison des fraises, les producteurs maraîchers de la région s’en réjouissent. D’autres émettent plutôt des réserves et hésitent encore à permettre l’accès à leurs champs.

«Ça va être une saison spéciale. On va se préparer selon les normes qui nous ont été envoyées», mentionne la copropriétaire de la Fraisière L&L Bessette de Saint-Jean-sur-Richelieu, Lucie Bessette.

Selon le guide de l’autocueillette partagé par les autorités sanitaires, on note l’interdiction de tenir des activités de dégustation et d’animation ainsi que d’aménager des aires de repos.

Les producteurs devront aussi limiter le nombre de cueilleurs sur le site et répartir ces derniers de façon à respecter la distanciation sociale de deux mètres. La mise en place de plages horaires et d’un système de réservation est suggérée afin de réduire l’achalandage.

Sécurité

Aux Fraises Louis Hébert de Saint-Valentin, la gestion que représentent ces mesures a mis un frein à l’enthousiasme des propriétaires.

«Il n’y a rien de coulé dans le béton. On ne sait jamais ce qui peut arriver, mais pour l’instant, on ne pense pas offrir l’autocueillette cette année. On ne trouve pas ça très sécuritaire et il faut penser aux pertes», note la copropriétaire, Dominique Larouche. Si cette décision se confirme, ce sera la première fois depuis 1957 que l’endroit n’admettra pas de cueilleurs dans ses champs.

L’entreprise prévoit plutôt faire appel à ses cueilleurs habituels afin de récolter les petits fruits. Elle vendra ensuite les paniers en kiosque aux clients ou utilisera les fruits pour la fabrication de ses produits transformés offerts sur place. On parle entre autres de boissons alcoolisées, de tartes, de confitures et autres produits originaux créés en collaboration avec des producteurs de la région.

Les champs en fleurs

Autocueillette ou pas, la saison s’annonce bonne dans les champs de la région et pourrait même être légèrement devancée si la température est clémente.

«On pourrait avoir des fraises juste un peu avant le 24 juin. L’an passé, on n’avait pas eu de fraises avant juillet. C’était très tardif », se souvient Lucie Bessette. Du côté de Saint-Valentin, on s’attend à une saison dans la normale.

D’ici le début de la cueillette, la température souhaitée est un heureux mélange de chaleur, de soleil et de pluie. L’équilibre entre chaque élément est important. À titre d’exemple, une chaleur intense poussera le fruit à mûrir trop rapidement, alors que des pluies abondantes gorgeront la fraise d’eau, ce qui diluera le goût sucré tant apprécié des amateurs de petits fruits.

C’est là qu’entre en jeu le soleil qui permet l’évaporation du trop-plein d’eau, explique Mme Bessette tout en précisant que la pluie des derniers jours a fait un grand bien dans les champs de la région.

Revenus de l’autocueillette

Selon les données transmises par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, environ 80 % des entreprises actives dans la production de fraises d’été proposent l’autocueillette, soit 400 fermes réparties à la grandeur de la province.

Combinée aux ventes réalisées dans les kiosques à la ferme, cette pratique génère des revenus de 160 M$ annuellement.