Les mères monoparentales, un actif pour la société sous-estimé

MONTRÉAL — Il faut tout un village pour élever un enfant, veut l’adage. Voilà plus de 30 ans que l’organisme Mères au pouvoir met cette maxime en application en soutenant des dizaines de mères monoparentales pour les aider à améliorer leurs conditions de vie.

Trois familles monoparentales sur quatre à Montréal sont dirigées par des femmes, souligne Valérie Larouche, directrice de l’organisme fondé en 1990 et établi dans le quartier Centre-Sud à Montréal. Près du tiers de ces femmes gagnent moins de 30 000 $ par année, alors qu’elles doivent jongler entre leur emploi, leur rôle de parent et d’autres responsabilités qui incombent au chef de famille.

Elles sont souvent perçues comme étant faibles ou vulnérables, mais les mères monoparentales sont au contraire extrêmement fortes et résilientes, indique Mme Larouche.

«Ce sont des femmes qui ont décidé d’avoir plus de pouvoir d’agir sur leur vie, qui sont en quête de leur indépendance et de leur autonomie, rappelle la directrice. Certaines ont choisi de s’affirmer et de s’affranchir de la violence qu’elles vivaient. D’autres n’ont pas eu de modèle parental et apprennent à devenir de meilleures mères. Ça prend beaucoup de courage.

«Les femmes qui se présentent ici ne font pas pitié, ajoute-t-elle. Personne n’est victime ou misérable: ces femmes arrivent ici avec un projet et veulent donner un bon exemple à leur enfant.»

Mères avec pouvoir s’affaire donc à éliminer les barrières qui empêchent ces mères d’enfants en bas âge de s’épanouir et d’améliorer leur sort, en leur offrant un logement familial et abordable à proximité de plusieurs centres de formation, d’un centre de la petite enfance et d’une école primaire, entre autres.

Du soutien psychosocial est également prodigué à ces femmes de tous âges et de toutes les cultures, qui sont accompagnées dans la construction d’un projet de vie qui leur permet d’anticiper l’avenir avec enthousiasme, que ce soit en dénichant un emploi ou en effectuant un retour aux études.

Un processus qui s’étire tout au plus sur cinq ans et qui se conclut par un taux de réussite de 85 %.

Enseignante à l’université, entrepreneure, doctorante, candidate admise au Barreau, designer d’intérieur ou employée d’une ambassade: tous les rêves sont à la portée de ces femmes à condition qu’on croie en elles, et cela aura des répercussions positives pour l’ensemble de la société.

«On avait des femmes sur l’aide sociale, des femmes peut-être en mauvaise santé. Quand elles nous quittent, elles ont un diplôme ou un emploi, elles se trouvent un logement et contribuent activement à la société, dit Mme Larouche. C’est très évocateur.»

Quelques mois après avoir lancé sa campagne de financement, l’automne dernier, l’organisme a amassé 1,4 million $, soit 70 % de son objectif de 2 millions $ qui lui permettrait de soutenir 50 familles monoparentales annuellement dans une nouvelle unité d’hébergement. Si cet objectif est atteint, Mères avec pouvoir pourrait faire passer sa capacité d’accueil à 80 logements et ainsi soutenir près du double de ménages, et ce, sans doubler ses ressources et ses effectifs.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.