Domaine Neige à Hemmingford: la cidrerie perd toutes ses marques de commerce

ACTUALITÉ – La cidrerie Domaine Neige, à Hemmingford, fondée par François Pouliot, vient de perdre toutes ses marques de commerce au profit d’un groupe d’investisseurs concurrents.

Dès cette semaine, des camions-citernes vont prendre la direction de Hemmingford pour récupérer quelque 60 000 litres de jus ainsi que tout l’inventaire du Domaine Neige. Ces produits seront entreposés dans un entrepôt de la Société des alcools du Québec, en attendant que leurs nouveaux propriétaires obtiennent les permis requis pour fabriquer du cidre et le vendre.

Une chicane entre actionnaires et un recours exercé par leur banque qui a mené à la vente de leurs actifs sont la source de ce malheureux dénouement pour cette entreprise de la région.

En août 2016, la cidrerie, qui s’appelait alors La Face Cachée de la Pomme, s’est associée à la société Pomdial pour former un nouveau groupe, CidreCo. L’objectif était de trouver des investisseurs pour faire grandir l’entreprise de Hemmingford et de procéder à l’acquisition de la cidrerie Domaine Pinnacle, à Frelishburg.

«On s’est associés à un ce groupe pour nous aider à grandir, explique M. Pouliot. Ils devaient nous aider à combler notre faiblesse dans la gestion. On voulait amener notre entreprise ailleurs et continuer notre vision de conquérir le monde avec notre cidre.»

Mésentente

Dès l’automne 2016, rien de va plus entre les partenaires d’affaires.

«Ils ont essayé de nous évincer complètement de la gestion, déplore M. Pouliot. Une de nos valeurs, c’était la promotion de la culture québécoise, du français, mais au bout de deux semaines, tout était en anglais ici, parce qu’un des actionnaires était unilingue anglophone.»

Comme toutes les décisions devaient se prendre à l’unanimité, l’entreprise s’est retrouvée complètement bloquée, puisque les partenaires ne partageaient pas la même vision, souligne le président du Domaine Neige.

«On voulait peut-être développer un centre de production industriel à Hemmingford, comme cela avait été convenu, mais eux voulaient maintenant faire ça à Montréal», illustre M. Pouliot.

Comme rien ne va plus entre les parties, à trois reprises, M. Pouliot dépose des offres pour racheter les parts de ses partenaires, offres qui sont restées lettres mortes.

On produit le plus fin de notre culture… embouteillé. C’est notre mission et nous allons continuer à faire ça.

François Pouliot, président et fondateur du Domaine Neige

Saisie

Voyant que les partenaires n’arrivaient pas à s’entendre, leur institution financière a enclenché des démarches pour que les actifs de CidreCo soient saisis.

«Nous n’étions pas en défaut de paiement, assure M. Pouliot. Quand il y une chicane entre actionnaires, la loi permet à la banque de nommer un séquestre et de lancer un appel d’offres public.»

Au total, six offres ont été déposées pour le rachat des marques de commerce du Domaine Neige (cidre de glace Neige, Gin de Neige, Bulle de Neige, Dégel, Smac!, Neige Noir, etc.) et de son inventaire.

Entre temps, M. Pouliot s’était trouvé de nouveaux investisseurs et il a déposé une offre, mais aussi ses partenaires avec qui il est en conflit. La cause a été entendue à la Cour supérieure du Québec, le 20 juin et la décision a été rendue le 22 juin. C’est l’offre de Pomdial, les nouveaux associés du Domaine Neige devenus ses concurrents, qui a été retenue.

«Notre bébé, notre cidre de glace Neige, notre Smac! et le Petit Pinnacle que nous avions développé, ne nous appartiennent plus», écrivait Stéphane Beaudoin, associée principale du Domaine Neige, dans une lettre publiée sur Facebook, le 22 juin.

Stéphanie Beaudoin, associée principale et directrice artistique du Domaine Neige, et François Pouliot, président et fondateur de la cidrerie.

Suite

Heureusement, le domaine en lui-même, le verger et les bâtiments ne font pas partie de la transaction.

François Pouliot a la ferme intention de se retrousser les manches et de continuer à produire du cidre de glace à Hemmingford.

«Ces gens voulaient désincarner les marques pour en faire des produits industriels, se désole M. Pouliot. On pensait qu’ils étaient là pour développer notre entreprise, mais en fait, ils voulaient profiter de notre notoriété. Neige, ce n’est pas juste une marque sur les tablettes. Avant, j’étais en cinéma et pour moi, le cidre, c’est un produit artistique. Quand les gens boivent un verre de Neige, j’espère que ça les fasse sourire, que ça les fasse voyager et que ça leur donne une émotion.

M. Pouliot assure qu’il se relèvera et qu’il produira encore du cidre de glace cet hiver, comme il le fait chaque hiver depuis 1994, mais sous un autre nom que celui de Neige.