Grâce à un don de 150 000 $ de sa patronne: il réalise son rêve de marcher à nouveau

ACTUALITÉ – Amputé des deux jambes au-dessus du genou à la suite d’un accident de travail, Aurélien Bucquet pourra enfin réaliser son rêve, celui de marcher le jour de son mariage. Ce rêve est rendu possible grâce à la générosité de sa patronne, Marie-Josée Chenail, qui lui offre les 150 000 $ que coûte une opération visant à lui greffer des prothèses permanentes. Il s’envolera pour l’Australie, le 15 novembre, pour subir cette chirurgie qui porte le nom d’osséointégration.

Le 25 octobre 2010, la vie de M. Bucquet a basculé. Alors qu’il travaillait dans une usine où l’on fabrique de l’asphalte, il est entré dans une machine, ce qui a déclenché un senseur qui a actionné une vis sans fin, dans laquelle ses jambes sont restées coincées.

«L’accident est arrivé à 10 h et à 15 h, j’étais amputé», raconte M. Bucquet.

La première année suivant son accident, M. Bucquet se déplaçait debout, à l’aide de prothèses. Inconfortables et mal adaptées, ces prothèses lui causaient beaucoup de douleur. Il a donc décidé de les abandonner au profit d’un fauteuil roulant.

«Ça tient par succion ou avec une courroie attachée, explique-t-il. Si tu bouges et que la succion lâche ou si la jambe entre trop creux dans la prothèse, c’est douloureux. Ça prend 20 minutes à installer. J’ai deux enfants, âgés de cinq et six ans. Quand ils étaient plus jeunes et moins autonomes, j’avais bien de la difficulté à gérer tout cela. J’avais de la misère à les suivre en traversant la rue avec mes prothèses. Je n’avais pas confiance en mes prothèses. C’est comme si tu te mets sur des échasses et on te demande de travailler. Ça jouait sur mon mental.»

Inconfortables et mal adaptées, ces prothèses lui causaient beaucoup de douleur. Il a donc décidé de les abandonner au profit d’un fauteuil roulant.

Rencontre

M. Bucquet s’était résigné à se déplacer en fauteuil roulant jusqu’à ce qu’il rencontre Kathy Wilchek, en janvier 2014. C’est l’hôpital Charles-Lemoyne qui a appelé M. Bucquet pour lui demander s’il pouvait apporter du réconfort à cette femme qui venait d’être amputée des deux jambes, après avoir contracté la bactérie mangeuse de chair. C’est elle qui lui a fait connaître l’osséointégration.

«Un an après son amputation, elle est partie en Australie et un mois après son opération, elle marchait, raconte M. Bucquet. Tu vois qu’elle a un problème de marche, mais tu ne peux pas dire qu’elle est amputée des deux jambes. Elle marche même mieux que certaines personnes qui ont un problème de genou.»

Générosité

Il y a environ un an, M. Bucquet a discuté de cette technologie avec une collègue, Julie Ostiguy, chez Pavages Chenail, à Saint-Rémi, où il travaille. Cette dernière a décidé de mettre sur pied une campagne de financement au sein de l’entreprise, pour l’aider à défrayer le coût de l’opération. Des employés ont d’abord formé un comité et ils sont allés voir la patronne, Marie-Josée Chenail.

«Elle m’a dit qu’elle allait prendre ça en charge. Elle m’a annoncé ça il y a deux mois, raconte M. Bucquet. Elle m’a dit qu’elle voulait m’aider et me redonner la chance de remarcher un jour. Je suis tombé sur une bonne étoile.»

Les mots lui manquent pour exprimer toute sa gratitude envers sa patronne de l’époque, l’entreprise ayant été vendue il y a quelques mois. «Marie-Josée avait une compagnie de 200 employés et elle les traitait comme ses propres enfants, souligne M. Bucquet. Le bonheur de ses employés était plus important que la prospérité de l’entreprise. Beaucoup de gens ont un grand cœur, mais elle, c’est plus que ça.»

C’est un rêve que j’avais mis de côté, mais que ma patronne, Marie-Josée Chenail, m’a redonné, celui de remarcher un jour.

Aurélien Bucquet

Osséointégration

Si M. Bucquet doit se faire opérer en Australie, c’est en raison de la complexité de son cas. Il est amputé des deux jambes, en plus d’être atteint du diabète de type 1. La chirurgie sera réalisée par le Dr Munjed Al Muderis qui se spécialise dans la technique de l’osséointégration.

«Mon cas est plus lourd, dit-il. Ils ne veulent pas le faire au Canada parce que c’est trop lourd pour l’expérience qu’ils ont.»

L’intervention dure entre deux et quatre heures. Elle consiste à insérer une tige de métal dans l’os de la cuisse de M. Bucquet de façon permanente. Une section de cette tige, d’une longueur de deux à quatre pouces, sort de la jambe amputée, pour permettre d’y fixer une prothèse, qui comprend un genou et un pied.

La chirurgie aura lieu le 21 novembre. La semaine suivante sera consacrée à sa convalescence et il sera de retour au pays le 7 décembre.

Rêve

«Mes enfants ne m’ont jamais vu marcher, confie M. Bucquet. Le feeling va être complètement différent. Ça va être quelque chose de gros pour eux. C’est la chose qui me perturbe le plus. Pour eux, c’est normal que papa soit en fauteuil roulant. Ils sont contents de s’imaginer que je vais être debout. Ils sont très excités. Je pense que ça va être une adaptation pour eux aussi.»

Lui et sa copine sont fiancés depuis cet été. Cette opération va maintenant lui permettre de réaliser son rêve, celui de marcher le jour de son mariage, qui est prévu à l’été 2020.

Campagne de sociofiancement

M. Bucquet a démarré une campagne de sociofinancement pour l’aider à défrayer le coût du voyage. Mme Chenail défraie le coût de l’opération, mais M. Bucquet doit amasser l’argent nécessaire pour les billets d’avion, le logement, la nourriture, les paiements hypothécaires, pendant son séjour en Australie, mais aussi à son retour, pendant sa convalescence.

Son objectif est d’amasser 25 000 $. À trois jours de son départ, il avait amassé un peu plus de 6000 $. Les personnes qui veulent aider M. Bucquet peuvent le faire en faisant un don en ligne, sur le site gofundme.com.