Les agriculteurs font valoir leurs efforts pour réduire les pesticides

AGRICULTURE – Dans le cadre de leur campagne de sensibilisation pour promouvoir la cohabitation harmonieuse en zone agricole, l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie (UPA) et les MRC de la région font la promotion des efforts déployés par les agriculteurs pour réduire leur utilisation des pesticides. Le dernier bilan des ventes de pesticides au Québec le reflète bien, puisqu’on note une baisse de près 30 % en 2018, par rapport à 2017.

C’est ce que révèle le plus récent bilan des ventes de pesticides dans la province publié par le gouvernement du Québec, soit celui de l’année 2018.

Ce bilan fait état d’une baisse globale des ventes de pesticides de l’ordre de 27,5 % par rapport à 2017.

«Il s’agit d’une chute qui n’avait jamais été observée», se réjouit Isabelle Matteau, coordonnatrice au Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI) du Centre local de développement des Jardins-de-Napierville (CLD). Le PELI a pour mission de valoriser et de promouvoir les méthodes alternatives aux pesticides pour lutter contre les ennemis des cultures.

Les auteurs du bilan indiquent que cette baisse est notamment due à la diminution des ventes de deux herbicides, soit l’atrazine, en baisse de 58,7 %, et le glyphosate, connu sous le nom de Roundup, dont la baisse est de l’ordre de 39 %, par rapport à 2017.

Nouvelle réglementation

Certains de ces produits, dont l’atrazine, sont soumis à une nouvelle réglementation depuis 2018. Les agriculteurs doivent préalablement obtenir une prescription d’un agronome pour pouvoir les utiliser, ce qui pourrait expliquer la diminution des ventes de certains d’entre eux. Il n’y a cependant pas de prescription pour le glyphosate.

«C’est un bilan qui est vraiment intéressant au niveau du travail des agronomes, qui a entraîné une diminution de l’utilisation des pesticides. C’est un succès», pense Mme Matteau.

C’est un bilan positif. C’est une diminution impressionnante des ventes de pesticides.

-Isabelle Matteau, coordonnatrice au PELI

Selon elle, la baisse des ventes de l’atrazine est d’autant plus réjouissante que ce produit a un indice de risque très élevé, même s’il ne s’agit pas du pesticide le plus utilisé. En comparaison, le glyphosate est utilisé dans presque toutes les cultures, mais son indice de risque pour la santé et l’environnement est bien moindre.

«Le fait que l’atrazine doit être prescrite depuis mars 2018 nous indique que la prescription peut avoir un impact sur la réduction de son utilisation, souligne Mme Matteau. Ça signifie que ça pourrait fonctionner pour d’autres pesticides, dont l’indice de risque pour la santé et l’environnement est élevé.»

Isabelle Matteau, coordonnatrice du Pôle d’excellence en lutte intégrée du CLD des Jardins-de-Napierville.

Alternatives

Les fermes parviennent à réduire leur utilisation de pesticides en employant diverses techniques, dont le dépistage des ennemis des cultures dans les champs, ce qui permet d’utiliser les pesticides seulement lorsque cela est nécessaire, plutôt que de le faire de manière préventive.

Ils procèdent aussi à des rotations des cultures dans les champs et ils utilisent des alliés naturels présents dans l’écosystème pour lutter contre les ravageurs des cultures.

«Le dépistage, c’est la base du concept de lutte intégrée pour voir quel est le problème réel, rappelle Mme Matteau. Utiliser les pesticides en prévention, sans dépistage, c’est jeter de l’argent par les fenêtres et ce n’est pas bon pour la santé et l’environnement.»

«Ce bilan est encourageant, mais il faut continuer à répéter le message de l’importance de la lutte intégrée et du dépistage pour appliquer juste ce qui est nécessaire», conclut Mme Matteau.