Marché immobilier: les ventes et les prix explosent dans la région
IMMOBILIER – L’année 2020 a été marquée par un nombre record de ventes de maisons unifamiliales au Québec, selon le plus récent Bilan des ventes d’unifamiliales compilé par la firme JLR, une société d’Équifax. Notre région ne fait pas exception, puisqu’on y a enregistré une importante hausse du nombre de ventes et des prix des maisons.
Pas moins de 103 429 maisons ont changé de main au Québec en 2020, selon JLR. Cela représente une hausse de 18 % par rapport à 2019.
Ces données proviennent des actes notariés publiés au Registre foncier du Québec. Dans sa publication, JLR a comptabilisé les données par division de recensement, qui correspondent aux limites des municipalités régionales de comté (MRC).
Aussi, ces données révèlent qu’en 2020, le prix des maisons était en hausse de 5 % ou plus dans 66 des 75 divisons de recensement analysées par JLR, par rapport à 2019.
Données locales
La situation ne fait pas exception dans notre région. Par exemple, en 2020, il s’est vendu 2011 maisons unifamiliales dans la MRC du Haut-Richelieu, en hausse de 18 % par rapport à 2019.
Même constat dans la MRC des Jardins-de-Napierville, avec la vente de 473 résidences, ce qui correspond à une hausse de 20 % par rapport à 2019.
«C’est une année exceptionnelle même si on a arrêté nos activités physiques pendant six semaines, remarque le courtier immobilier Robert Sicotte. C’est une année record pour le nombre de ventes, la surenchère, les offres multiples et la hausse des prix.»
Cette hausse des ventes entraîne une baisse marquée du nombre de résidences qui sont disponibles sur le marché pour d’éventuels acheteurs, qui se retrouvent devant bien peu de choix.
«Dans certains secteurs, les maisons prenaient entre six et douze mois à se vendre, mais au cours de 2020, ça pouvait prendre moins d’un mois, explique M. Sicotte. Même à Lacolle, des maisons se vendent en moins d’une semaine.»
Ce dernier a été témoin de scènes frôlant l’absurde, comme ce propriétaire qui a reçu 48 visites et 20 offres en seulement trois jours.
«On a même eu un couple qui a dû quitter sa maison avec leur enfant pendant une fin de semaine, parce qu’il y avait trop de visites à l’horaire, illustre le courtier immobilier. À la fin, il y a un seul grand gagnant et c’est le vendeur.»
Dans une telle situation, le recours aux services d’un courtier s’avère essentiel, précise M. Sicotte.
«Il n’y a pratiquement plus de ventes entre particuliers, dit-il. Avec un courtier, c’est plus facile d’obtenir le maximum pour sa propriété. De plus, ce n’est pas tous les vendeurs qui peuvent gérer 20 offres simultanées en privé.»
Hausse des prix
Les prix des maisons sont à la hausse à l’échelle du Québec, mais aussi dans notre région.
En 2020, le prix médian d’une maison dans la MRC des Jardins-de-Napierville était de 287 500 $, soit une hausse de 11 % par rapport à 2019, selon les données de JLR.
La hausse est encore plus marquée dans la MRC du Haut-Richelieu, où le prix médian d’une résidence était de 310 000 $ en 2020, soit 15 % de plus qu’en 2019.
«Si le marché continue de monter, et je ne vois pas pourquoi ça arrêterait, le prix des maisons, jugé trop cher aujourd’hui, va être justifié dans six mois, observe M. Sicotte. Les prix augmentent de semaine en semaine.»
Selon lui, il est encore possible de trouver des maisons à prix abordable dans certains secteurs, comme Noyan, Henryville, Saint-Goerges-de-Clarenceville ou Venise-en-Québec.
Explications
Les taux d’intérêt historiquement bas, l’évolution des préférences en matière de logement, l’épargne élevée des ménages et la croissance du revenu disponible sont les principaux facteurs qui expliquent la hausse du nombre de ventes de maisons en 2020, selon les auteurs du Bilan des ventes de maisons unifamiliales de JLR.
«Les Québécois sont des «déménageux», remarque M. Sicotte. Même avant la pandémie, ils déménageaient en moyenne aux six ou sept ans.»
La pandémie a certainement amplifié ce phénomène, notamment avec la venue du télétravail.
Il y a quelques années, les gens avaient le choix d’une maison. Maintenant, ce qu’ils cherchent, c’est un toit. C’est un peu dramatique.
-Robert Sicotte, courtier immobilier
«On voit beaucoup de gens qui quittent Montréal pour s’installer dans la première couronne, comme la MRC du Roussillon, affirme M. Sicotte. De leur côté, les gens qui habitaient dans la première couronne quittent vers les régions un peu plus éloignées pour avoir plus d’espace et des terrains plus grands.»
Peut-être est-ce un effet collatéral de la pandémie, mais M. Sicotte a noté une hausse du nombre de séparations des couples, qui vont vendre leur maison pour se trouver quelque chose de plus petit.
«Les condominiums, qui étaient plus difficiles à vendre, se vendent maintenant plus facilement à hauts prix», dit-il.
Rareté
Cette rareté du nombre de maisons disponibles sur le marché amène certains acheteurs à déposer des offres d’achat qui ne sont pas conditionnelles à une inspection préalable.
«C’est une chose à ne pas faire, prévient M. Sicotte. Il ne faut jamais négliger l’inspection.»
Question de diminuer la pression sur les vendeurs, M. Sicotte et son équipe leur offrent une clause particulière qui implique que la vente de leur maison est conditionnelle au fait qu’ils se trouvent d’abord une propriété qui leur convient.
«Ils peuvent ainsi profiter du marché qui est favorable aux vendeurs, sans prendre de risques», conclut M. Sicotte.