Reportage sur des déchets de construction jetés sur des terres agricoles: «Ça ne reflète pas la réalité» -Jean-Pierre Barbeau, maraîcher

ACTUALITÉ – Dans un reportage intitulé «Les vidanges dans nos campagnes», diffusé le 14 mars, à l’émission Enquête de Radio-Canada, la journaliste Marie-Maude Denis soutient que de la terre et des déchets de construction ont été déversés illégalement sur une terre agricole de l’entreprise Le maraîcher A. Barbeau et fils, à Saint-Rémi. Selon son propriétaire, Jean-Pierre Barbeau, tout a été fait en respect des lois.

Ces résidus proviennent d’un chantier de construction de condos et de la démolition de l’hôpital Saint-Luc, à Montréal. Le reportage parle d’un dépotoir à ciel ouvert, au milieu d’un champ de laitue.

Mme Denis s’est rendue sur la terre agricole en question, à l’automne 2018, et dit avoir trouvé des tas de briques, mais aussi des tuyaux, des fils électriques, du plastique et d’autres déchets.

«À voir le dénivelé avec la terre agricole après, c’est certain que s’il y a des sols contaminés là-dedans, ça s’écoule directement dans les sols agricoles juste à côté», commente l’avocat en droit de l’environnement, Michel Bélanger, à qui l’équipe d'<@Ri>Enquête<@$p> a montré les images captées chez M. Barbeau.

Réaction

De son côté, M. Barbeau assure que tout a été fait dans les règles. Il précise aussi que l’endroit où ces résidus sont déposés était impropre à la culture.

«On n’a pas fait ça au milieu d’un champ de salade. De la plateforme qu’on a faite, jusqu’au premier champ cultivé, il y a 200 m ou 300 m. Si je réussis à faire pousser de la laitue au milieu du béton concassé, je devrais recevoir un prix de l’Ordre du mérite agricole!», lance-t-il à la blague.

Pour tous les sols qui sont entrés ici, avant qu’on entre un voyage, j’ai toujours l’inspection dans mes poches.

-Jean-Pierre Barbeau, agriculteur

Ces briques et ce béton concassé lui serve à rehausser un lot, dans le but d’y construite un entrepôt de 50 pieds par 100 pieds. Ces matériaux lui servent aussi pour l’entretien et la construction de que quelque 7 km de chemin. Il a ainsi utilisé environ 30 000 tonnes de béton concassé au cours de la dernière année pour réaliser ces travaux. «J’en ai assez pour faire ce que je veux faire pour les deux prochaines années», précise M. Barbeau.

Débris

Dans le reportage, la journaliste montre de nombreux débris qui ne sont pas de la brique ou du ciment. M. Barbeau explique que la loi tolère jusqu’à 1 % de résidus non organiques, comme ceux trouvés sur sa terre. On parle de plastique, de fils électriques ou encore d’acier.

Il s’est aussi fait livrer des milliers de tonnes de terre. Il assure que des représentants de la Commission de protection du territoire agricole du Québec sont venus sur sa terre et ont vu ce qu’il fait. Même chose pour le ministère de l’Environnement. «Ils sont venus ici et ils ont fait leur travail. Ils ont pris une vingtaine d’échantillons», dit-il.

Ces analyses ont démontré qu’il y avait présence de contamination à un endroit. «Ils ont trouvé un rond contaminé, admet M. Barbeau. C’est peut-être même moi qui l’ai contaminé. Un cylindre sur un bulldozer peut faire défaut n’importe quand. Sur les 4000 voyages de terre qui sont entrés depuis 2016, il y en a 6 qui étaient contaminés et le contracteur est reparti avec.»

Ville

Du côté de la Ville de Saint-Rémi, on assure que le permis de construction, qui a été octroyé à M. Barbeau, spécifiait que la fondation en matériaux concassés devait être conforme aux normes  du ministère de l’Environnement, explique Magali Filocco, responsable des communications à la Ville de Saint-Rémi.

«Lors de l’émission du permis le 2 mars 2018, le propriétaire avait indiqué lors de sa demande de permis de construction que le bâtiment destiné à engranger des bacs à légumes serait construit sur des pierres concassées, affirme Mme Filocco. La provenance n’avait pas été évoquée et c’est pourquoi l’inspectrice municipale avait inscrit sur le permis de construction que la fondation en pierre en matériaux concassés devrait être conforme aux normes du ministère de l’Environnement. C’est un automatisme lorsqu’il est question de remblais.»

Entre temps, M. Barbeau songe à mettre en demeure Radio-Canada pour les propos tenus dans ce reportage.

Il est aussi possible de lire le dossier d’Enquête et de revoir l’épisode en cliquand sur ce lien.