Nouvel accord commercial avec les États-Unis: les producteurs laitiers dans l’incertitude
ACTUALITÉ – Le nouvel accord commercial liant les État-Unis, le Mexique et le Canada a été renouvelé le 30 septembre. Le gouvernement canadien a dû faire des concessions pour satisfaire les exigences des Américains. Ce sont les producteurs laitiers qui devront céder une part de marché aux produits de nos voisins du sud. Il encore est encore trop tôt pour estimer leurs pertes à venir.
C’est du moins l’avis de Christian Kaiser, président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Haut-Richelieu, qui est lui-même un producteur laitier, à Noyan.
«Il nous manque beaucoup de détails, dit-il. On ne sait pas comment ils vont appliquer certaines clauses. Ça pourrait avoir des effets beaucoup plus grands ou plus petits que le 3,59 % de marché qui a été cédé.»
Avec cet accord, les Américains éliminent le lait de classe 7, qui entre dans la fabrication du fromage.
Cette classe est née d’une entente conclue en 2016, entre les producteurs de lait et les transformateurs canadiens. Cette entente prévoit que les producteurs d’ici peuvent vendre leur lait écrémé excédentaire aux transformateurs canadiens à un prix plus compétitif. Cela permet aux producteurs du pays de concurrencer les produits similaires d’autres pays qui sont vendus au Canada à très bas prix.
L’élimination de la classe 7 signifie que les producteurs de lait canadiens devront désormais vendre ce type de lait dans la classe animale. Ce lait sera désormais destiné à la fabrication du lait en poudre pour les veaux, entre autres. Cependant, le prix obtenu pour cette classe de lait est inférieur à celui du lait destiné à la fabrication du fromage.
Maintenant, les Américains veulent être mis au courant de tout changement qu’on va apporter au système de gestion de l’offre.
Christian Kaiser, producteur laitier
Pertes
Selon M. Kaiser, bien qu’il soit trop tôt pour anticiper les pertes à venir, cela pourrait représenter jusqu’à 3 $ l’hectolitre de lait, qui se vend 70 $ en moyenne. Cela représente une baisse d’environ 4 % du prix qu’ils obtiennent présentement.
«Ça va nous obliger à retourner à la table de négociation, les producteurs et les transformateurs», dit M. Kaiser.
Croissance
L’industrie laitière connait une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 1 % à 3 % depuis les 20 dernières années, précise M. Kaiser.
La forte compétition dans ce secteur, l’arrivée de plusieurs nouveaux produits sur le marché et la hausse de popularité du beurre expliquent ce phénomène.
«Dans le fond, ils ont sauvé l’intégrité du système [de la gestion de l’offre: ndlr], tempère M. Kaiser. Le Canada a donné quelque chose qu’on n’avait pas il y a deux ans. Il n’a pas donné de la production qu’on avait déjà, mais ça nous enlève de la croissance pour les prochaines années.»
Selon M. Kaiser, ce ralentissement de la croissance va se traduire par une baisse des retombées économiques de l’industrie laitière.
«Le gouvernement vient de donner de l’argent parce qu’il y avait de la croissance, dit-il. Il y a beaucoup de nouvelles étables qui ont été construites et de nouveaux équipements qui ont été achetés dans les dernières années. Cet accord va ralentir l’investissement des producteurs dans leur communauté.»
L’industrie laitière en chiffres
MRC des Jardins-de-Napierville
- On y compte 38 entreprises laitières, qui se partagent un quota de 2422,35 kg de matières grasses. Cela représente environ 2400 vaches.
MRC du Haut-Richelieu
- On y retrouve 112 entreprises laitières, qui se partagent un quota de 10 002,89 kg. Cela représente environ 10 000 vaches.
Au Canada, la valeur d’un quota d’un kilogramme de matière grasse, qui équivaut approximativement à la production d’une vache, est de 24 000 $.
Source: Les Producteurs de lait du Québec.