Pratiques agroenvironnementales: les agriculteurs seront récompensés

Agriculture. Le ministre québécois de l’Agriculture, -André -Lamontagne, a annoncé, le 8 février, le déploiement d’un programme de rétribution des pratiques agroenvironnementales. Cette annonce s’accompagne d’un budget de 14 M$ par année, et ce, jusqu’au 31 mars 2025 ou jusqu’à l’épuisement des crédits.

La somme totale versée pourra atteindre jusqu’à un maximum de 50 000 $ par entreprise d’ici 2025. Un premier versement pourra être fait dès l’inscription, au printemps 2022, -assure-t-on du côté du ministère de l’Agriculture.

Objectifs

Ce nouveau programme « concrétise l’intention du gouvernement de partager les risques liés à l’implantation de pratiques agroenvironnementales avec les producteurs agricoles », indique le cabinet du ministre -Lamontagne dans un communiqué. Cette initiative vise à « reconnaître et à récompenser les gains significatifs des entreprises agricoles qui adoptent les meilleures pratiques ».

Cette mesure doit aider le gouvernement à atteindre les objectifs contenus dans son -Plan d’agriculture durable 20202030.

« -Les producteurs agricoles québécois ont pris un virage vert depuis quelques années, remarque le ministre -Lamontagne. Le gouvernement veut reconnaître davantage la qualité de leurs pratiques et récompenser le développement d’une activité agricole durable et respectueuse de l’environnement, mais aussi d’une agriculture qui tient compte de la santé des personnes et des besoins des consommateurs. »

Bonnes pratiques admises

Les pratiques agroenvironnementales qui seront rétribuées sont celles qui auront un impact positif sur l’un ou l’autre de ces cinq aspects, soit la réduction de l’usage des pesticides, l’amélioration de la santé des sols, la maximisation de la gestion des matières fertilisantes, l’optimisation de la gestion de l’eau et l’amélioration de la biodiversité.

Plus précisément, les pratiques admissibles à ce programme concernent la réduction des superficies de culture occupées par le maïs et le soya, qui devraient être remplacées par d’autres cultures.

En ce qui concerne la santé des sols, les bonnes pratiques admises impliquent de n’effectuer aucun travail de sol à l’automne ou au printemps ou encore de semer une plante qui servira de couverture hivernale.

La réduction des herbicides pourra être réalisée en exécutant une pulvérisation localisée ou en effectuant du désherbage mécanique ou physique, par exemple.

L’utilisation de semences de maïs non traitées aux insecticides est une autre des pratiques admissibles dans ce programme.

Pour favoriser la biodiversité, les pratiques qui seront rétribuées sont l’aménagement de bandes riveraines, la plantation d’une haie ou d’un îlot boisé.

Inscription

Le ministère de l’Agriculture a confié l’administration de ce programme à la -Financière agricole du -Québec (FADQ).

Pour s’inscrire, les agriculteurs devront remplir un formulaire électronique accessible dans leur dossier en ligne de la -FADQ. L’inscription se déroulera du 7 mars au 30 avril.

Pour recevoir une rétribution, les entreprises agricoles devront appliquer au moins une des pratiques admissibles au cours des trois prochaines années de culture.

Producteurs de grains

Les -Producteurs de grains du -Québec (PGQ) saluent ce premier pas du gouvernement, tout en se montrant critiques quant au montant qui y est investi, soit 14 M$. Cette somme ne correspond pas aux 70 M$ qui avaient été annoncés lors du dévoilement du -Plan de développement durable du gouvernement, en octobre 2020, qui devaient être consacrés aux pratiques agroenvironnementales. Ils réclament donc du gouvernement québécois qu’il aille plus loin lors du prochain budget « de façon à se rapprocher de ce qui est offert à [leurs] compétiteurs des -États-Unis et de l’Union européenne ».

UPA

La -Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la -Montérégie accueille favorablement cette annonce.

« -En tant que précurseur de ce type de programme, l’UPA -Montérégie est heureuse que le gouvernement reconnaisse financièrement les efforts environnementaux de nos entreprises agricoles d’ici, soutient le président de l’UPA -Montérégie, -Jérémie -Letellier, qui est aussi propriétaire d’une entreprise agricole à -Saint-Cyprien–de-Napierville. »

En effet, dès 2016, l’UPA -Montérégie a implanté le programme -ALUS, qui octroie de l’aide financière aux agriculteurs qui mettent en œuvre des pratiques respectueuses de l’environnement. Tout récemment, l’UPA -Montérégie a aussi mis en place le programme -Ferme agrEAUenvironnementale, en collaboration avec le -Fonds du -Grand -Mouvement de -Desjardins.

« -Nous sommes d’autant plus heureux de cette annonce puisque les producteurs agricoles de la -Montérégie pourront bénéficier à la fois des programmes de la -Fédération de l’UPA et de cette nouvelle initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales pour accélérer l’adoption de pratiques durables et assurer la pérennité de notre agriculture », -conclut-il.

PELI

De son côté, le -Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI) du -Centre local de développement des -Jardins-de-Napierville juge intéressante cette initiative du gouvernement.

« C’est un premier pas, mais il y a plusieurs angles morts, remarque -Nicolas -Chatel-Launay, agent de projet au -PELI. L’adoption de pratiques alternatives aux pesticides, ce n’est pas toujours une question d’argent. Par exemple, la pulvérisation en bande, qui consiste à installer des déflecteurs sur la machinerie pour éviter que les pesticides ne se répandent entre les rangs, ça ne représente pas un coût énorme. Certaines pratiques sont compliquées et nécessitent davantage un appui agronomique que de l’argent. Après 2025, c’est certain que le gouvernement devra aller plus loin. En même temps, si le but avait été d’avoir un programme parfait, il n’y aurait jamais eu de programme. Il devra certainement être bonifié, mais c’est une excellente nouvelle. »