Marc Séguin présente son documentaire «La ferme et son État»

CINÉMA – Le documentaire La ferme et son État, de Marc Séguin, sort en salle le 29 septembre. Dans ce film, l’artiste dénonce les aberrations du système agricole québécois qui empêche les jeunes de faire de l’agriculture autrement.

S’il s’intéresse à l’agriculture, c’est notamment parce qu’il possède lui-même une ferme familiale. «Mon grand-père était agriculteur, dit-il. Je reste à Hemmingford et j’ai des animaux, un potager et une cabane à sucre. Je suis sensible à ça parce que c’est ce dont je me nourris.»

Dans ce documentaire, il réclame une politique agricole québécoise qui tient compte des aspirations des gens qui veulent faire une agriculture à échelle humaine, écologique et responsable.  «On ne peut pas changer le système pour un autre, mais ceux qui veulent faire mieux ne peuvent pas exister, déplore-t-il. Ces gens m’en parlent avec passion, mais c’est difficile pour eux d’en vivre. Le système actuel ne fait pas de place à cette forme d’agriculture. Les subventions ne vont pas vers eux.»

Avec ce documentaire, Marc Séguin veut éduquer la population et expliquer aux gens comment l’agriculture industrielle fonctionne. Pendant un an et demi, il a visité différentes fermes au Québec, mais aussi en Suède, au Danemark et aux États-Unis à la recherche d’autres modèles agricoles viables.

Obstacles

M. Séguin pointe du doigt deux principaux obstacles qui empêchent l’agriculture à petite échelle d’être viable au Québec. «Si quelqu’un veut une petite parcelle, l’accès au territoire est très difficile», dit-il.

Un autre obstacle de taille est celui de l’accès aux subventions qui sont principalement dirigées vers l’agriculture industrielle. «Si un jeune couple veut seulement trois acres pour faire vivre sa famille et sa communauté, ils ne peuvent pas avoir de subvention pour acheter leur terre», souligne M. Séguin.

Il ne souhaite pas que l’agriculture industrielle cesse ses activités. Ce qu’il réclame, c’est qu’une place soit faite aux plus petits joueurs. Il cite l’exemple des quotas pour élever du poulet.

«Au Québec, tous les quotas disponibles sont détenus par l’industrie et on n’a pas le droit de faire plus que 100 poulets hors quotas, explique-t-il. Ça ne permet pas d’en tirer un revenu suffisant. Le résultat, c’est que tout va à l’élevage industriel.» En comparaison, en Alberta et en Colombie-Britannique, il est possible d’élever jusqu’à 2000 poulets hors quotas, rappelle M. Séguin.

Aberrations

Pour l’artiste, l’exemple le plus frappant de l’aberration du système actuel se trouve dans sa cour, à la Ferme des Quatre-Temps, située à Hemmingford. Cette ferme est la propriété du richissime homme d’affaires André Desmarais. Malgré ses ressources colossales, il se bute à de nombreux obstacles qui l’empêchent de mener à bien ce projet.

«Ces gens-là essaient de faire une agriculture différente, dit M. Séguin. Faire pousser des carottes dehors, en décembre, ce n’est pas l’industrie qui va tester ça. Ce sont eux qui prennent ces risques-là. Ils doivent dépenser une fortune en frais juridiques juste pour savoir comment fonctionne le système. Ils ont un cahier de charge gros comme la bible.»