Des usagers du transport adapté manifestent pour un meilleur service

Actualité. Des usagers du transport adapté ont récemment manifesté devant les bureaux du député de Saint-Jean à l’Assemblée nationale, Louis Lemieux, à Saint-Jean-sur-Richelieu, pour réclamer un service qui répond à leurs besoins, souple et ponctuel.

Christine Riel, une résidente de Saint-Jacques-le-Mineur, est une utilisatrice du service de transport adapté depuis 2009. Elle est atteinte d’un trouble de la vue qui l’empêche de conduire. Il ne lui reste que 17 % d’acuité visuelle. 

Mme Riel est aussi la présidente du conseil d’administration du Regroupement des usagers du transport adapté et collectif du Haut-Richelieu (RUTACHR), qui milite en faveur d’un service de transport qui répond au besoin des personnes qui en dépendent. 

Ce service est offert par la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, à qui chacune des municipalités paie une quote-part, pour l’utilisation du service. 

Un transport mésadapté

Théoriquement, les usagers du transport adapté doivent faire une demande de transport la veille de la journée où ils en ont besoin et le lendemain, un véhicule vient les chercher à leur porte, à l’heure souhaitée.

« Dans les faits, c’est eux qui décident quand ils viennent me chercher, déplore Mme Riel. Je manque parfois des rendez-vous parce qu’ils arrivent en retard. Si je dois aller à l’hôpital pour un rendez-vous à 10 h, j’arrive à 8 h 30 avec le transport adapté et je vais être là jusqu’à ce que le transport me ramène, à 15 h. Si les choses ne se passent pas comme prévu et que ça s’étire, ça se peut que je reste prise là. »

La directrice du RUTACHR, Marie-Jo Cajolais, cite d’autres exemples qui démontrent la mauvaise qualité de ce service essentiel pour ces gens. 

« Une personne avait besoin d’un transport pour un rendez-vous à la caisse à 9 h 55, mais on lui offrait un retour seulement à 15 h, dénonce-t-elle. On a répondu à une autre dame qu’on ne lui offrait pas le service parce qu’elle était la seule dans son secteur à le demander. Ces personnes vivent déjà de l’isolement en étant dans leur fauteuil roulant et ils doivent attendre d’autres personnes en fauteuil pour pouvoir sortir de chez elles. »

On se bat pour que tout le monde ait accès au transport adapté pour briser leur isolement. Même si on est en région, ce n’est pas une raison pour se faire refuser un transport. Les municipalités paient leur quote-part et elles sont tannées de ne pas avoir de service.

Marie-Jo Cajolais, directrice du RUTACHR

Pandémie

Mme Riel a remarqué une détérioration de la qualité du service depuis la pandémie. Les heures de disponibilité du service ont été réduites et il manque de véhicules et de chauffeurs. À Saint-Rémi, par exemple, le transport adapté n’est pas offert la fin de semaine, précise Mme Cajolais.

« Avant la pandémie, on était bien servis, mais depuis, ils nous disent qu’il manque de personnel et qu’il y a trop de demandes. Les usagers du transport adapté sont toujours en pandémie parce qu’ils n’ont plus la liberté qu’ils avaient avant », ajoute Mme Riel. 

Solutions

Certaines municipalités rurales envisagent offrir elles-mêmes un service de transport adapté, mais le service ne serait offert que le matin, avec un retour en fin de journée, explique Mme Riel. 

« Pour ma part, quand j’ai des rendez-vous, je dois me fier à mes parents pour me voyager, mais ils ont 80 ans et plus, conclut Mme Riel. Nous n’avons presque plus de vie sociale parce que nous dépendons toujours de quelqu’un d’autre. C’est l’horaire du transport adapté qui dicte mon horaire de vie. »

Recommandations

L’Alliance des regroupements des usagers du transport adapté du Québec (ARUTAQ), un organisme voué à la défense des droits des personnes handicapées admises au transport adapté, qui a organisé cette journée de manifestations à travers le Québec le 18 mars, formule quatre recommandations au gouvernement afin de rétablir l’offre de service de transport adapté pour qu’elle réponde aux besoins de ses utilisateurs. 

L’ARUTAQ réclame la création d’un programme gouvernemental pour le recrutement de chauffeurs pour le transport adapté et un programme rémunéré de formation obligatoire et de qualification de ces chauffeurs. 

Cette organisation demande aussi la création d’un programme d’aide financière spécifique en transport adapté pour la mise en service de véhicules universellement accessibles pour combler l’offre de service manquante.

Enfin, l’ARUTAQ exige une répartition équitable entre les régions de l’investissement de 285 M$ sur cinq ans annoncés par Québec pour le transport adapté.