On récolte des légumes tout l’hiver à la Ferme des Quatre-Temps

Actualité. Le documentaire Récolter l’hiver, qui a récemment été diffusé à Télé-Québec, nous présente le quotidien de maraîchers québécois, dont ceux de la Ferme des Quatre-Temps, à Hemmingford, qui bravent le froid pour produire des légumes biologiques douze mois par année. 

Le bok choy, la bette à carde, le mesclun et la roquette font partie des légumes qui sont récoltés tout l’hiver dans les serres de la Ferme des Quatre-Temps. Depuis sept ans, on y réalise toutes sortes d’expérimentations pour arriver à produire des légumes à l’année. Aujourd’hui, la production hivernale de la Ferme des Quatre-Temps représente environ 20 % de sa production annuelle. 

« Au début, on ne savait pas si ça allait fonctionner, admet Catherine Sylvestre, directrice de production maraîchère à la Ferme des Quatre-Temps. Notre objectif est de réussir à commercialiser des légumes à l’année, pour ne plus être dépendants de l’extérieur. On y parvient en combinant des légumes de conservation qui sont récoltés l’automne, comme les carottes et les oignons, avec des légumes frais produits l’hiver. »

Fonctionnement

Les premiers tests ont été faits dans des serres qui n’étaient pas chauffées. Les plantes étaient recouvertes par des couvertures. Les rendements n’étaient pas très élevés parce que les plants poussaient très lentement. L’équipe de la Ferme des Quatre-Temps a donc décidé de chauffer minimalement les serres, de façon à obtenir une température de 3 degrés Celsius. 

« Avec le chauffage, nous avons réussi à doubler notre récolte, précise Mme Sylvestre. Nous implantons nos légumes d’août à octobre et nous récoltons chaque semaine pendant l’hiver. Dans certaines serres, on fait même une deuxième implantation en janvier, avec les radis et les rabioles, qu’on cueille au mois de mars. » 

Aucun chauffage

Certaines serres ne sont jamais chauffées, dont celle où l’on produit les épinards.

« Ça semble contre-intuitif, mais les légumes à feuilles sont plus adaptés au froid que les légumes racines, qui ne poussent pas bien quand il y a moins de lumière », dit Mme Sylvestre.  

La température ressentie par les plantes passe rarement sous les moins cinq degrés. « Quand le soleil se lève le matin, il fait dégeler les feuilles et ça ne cause pas de dommage. Ces légumes peuvent geler sans mourir », ajoute-t-elle. 

Un exercice rentable

Catherine Sylvestre assure que ce mode de production hivernal peut être très rentable. « Chaque semaine, nos revenus sont plus grands que nos dépenses, assure-t-elle. Ça demande beaucoup moins de travail parce que ça pousse lentement. Nous sommes douze maraîchers l’été, mais seulement quatre l’hiver. Le fait de chauffer les serres à seulement trois degrés permet aussi de diminuer les coûts. »  

Les légumes d’hiver de la Ferme des Quatre-Temps sont vendus dans plusieurs restaurants. Il est aussi possible de s’abonner à ses paniers de légumes biologiques d’hiver, qui sont disponibles à l’épicerie de Hemmingford, entre autres.

Inspiration

Catherine Sylvestre et son équipe ont été inspirées dans leur démarche par Eliot Coleman, un agriculteur et auteur américain qui a écrit un livre sur l’agriculture hivernale, il y a une trentaine d’années. 

« Son livre ne contenait pas de détails sur la façon de planter les légumes. Il y avait tellement d’inconnu… Nous avons fait nos propres tests pendant sept ans, mais là, c’est clair, on sait comment faire pousser des légumes au Québec l’hiver », conclut Mme Sylvestre.

Un documentaire et un livre

Le documentaire Récolter l’hiver est disponible gratuitement en rattrapage sur le site Internet de Télé-Québec. 

Quant à Catherine Sylvestre, elle est la coauteure, avec Jean-Martin Fortier, qui est aussi le cofondateur de la Ferme des Quatre-Temps, du livre Le Maraîchage nordique: découvrir la culture hivernale des légumes, qui contient toute la procédure à suivre pour que d’autres maraîchers, comme eux, fassent pousser des légumes en hiver au Québec. 

Notre nordicité est belle, elle est extraordinaire, elle nous donne des légumes exceptionnels.

Jean-Martin Fortier