La FAA a fait fi de mises en garde de ses ingénieurs sur la sécurité du 737 Max

WASHINGTON — Certains ingénieurs de l’Administration fédérale de l’aviation aux États-Unis (FAA) voulaient clouer au sol les Boeing 737 Max peu de temps après un deuxième accident mortel, mais de hauts responsables de l’agence en ont décidé autrement, indique un organisme de surveillance du gouvernement.

L’inspecteur général du département des Transports a déclaré dans un nouveau rapport que les responsables de la FAA voulaient mieux comprendre les données brutes sur les deux accidents et ont retardé la mise au rancart de l’appareil en dépit d’une pression internationale croissante.

Le bureau de l’inspecteur général a indiqué avoir examiné les courriels et interrogé des responsables de la FAA. L’enquête «a révélé que des ingénieurs du (bureau) de Seattle avaient recommandé d’immobiliser l’avion pendant que l’accident faisait l’objet d’une enquête sur la base de ce qu’ils percevaient comme des similitudes entre les accidents».

Un ingénieur a fait une estimation préliminaire selon laquelle le risque d’un autre accident avec le 737 Max était plus de 13 fois supérieur aux directives de risque de la FAA. Un responsable de la FAA a déclaré que l’analyse «suggérait qu’il y avait 25% de risques d’un accident en 60 jours» si aucune modification n’était apportée aux avions.

«Cependant, ce document n’a pas été achevé et n’a pas fait l’objet d’un examen de la direction en raison du manque de données de vol détaillées», indique le rapport.

Les responsables de la FAA au siège social à Washington et le bureau de l’agence à Seattle ont choisi de ne pas clouer au sol les Boeing 737 Max. «Au lieu de cela, ils ont attendu l’arrivée de données plus détaillées», a déclaré l’organisme de surveillance dans le rapport, qui a été rendu public vendredi.

Le premier écrasement s’est produit en octobre 2018 en Indonésie et a été suivi d’un second en mars 2019 en Éthiopie. Au total, 346 personnes sont mortes.

La FAA a été le dernier grand régulateur de l’aviation à immobiliser le Max – trois jours après le deuxième accident.

La FAA n’a laissé les avions voler à nouveau qu’à la fin de 2020, après que Boeing a modifié un système de contrôle de vol qui pointait de manière autonome le nez de l’avion vers le bas avant les deux accidents.

Le bureau de l’inspecteur général a déclaré que la prudence de la FAA concernant la mise au rancart du Max correspondait à sa tendance à attendre des données détaillées – une explication que les responsables de l’agence avaient donnée à l’époque.

Tout de même, l’organisme de surveillance a recommandé à la FAA de documenter la manière dont les décisions de sécurité clés et urgentes sont prises et d’apporter plusieurs autres modifications à la manière dont elle analyse les accidents.

La FAA a affirmé dans une réponse jointe au rapport de l’inspecteur général qu’elle s’est engagée à prendre des mesures qui amélioreront la sécurité et a commencé à mettre à jour les procédures basées sur les tragédies des avions Max.

Dans une déclaration à l’Associated Press, la FAA a indiqué qu’elle était d’accord avec les recommandations de l’inspecteur général et avait déjà identifié les problèmes décrits dans le rapport.

Des défenseurs de la sécurité et des législateurs ont sévèrement critiqué la FAA pour sa décision de certifier le Max – les responsables de la FAA n’ont pas entièrement compris le système de contrôle de vol impliqué dans les deux accidents. Le Congrès a adopté une loi pour réformer le processus d’examen des nouveaux avions.