Le réchauffement du climat aggrave les inondations et les sécheresses, dit une étude

L’intensité des sécheresses et des précipitations extrêmes a «fortement» augmenté au cours des vingt dernières années, indique une étude publiée lundi par la revue scientifique Nature Water.

Il ne s’agit pas simplement d’événements météorologiques pénibles, mais d’événements extrêmes qui entraînent de mauvaises récoltes, des dommages aux infrastructures, voire des crises humanitaires et des conflits. 

Le tableau d’ensemble provient des données d’une paire de satellites connus sous le nom de GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment), qui ont été utilisés pour mesurer les changements dans le stockage de l’eau sur Terre ― la somme de toute l’eau sur et dans la terre, y compris les eaux souterraines, les eaux de surface, la glace et la neige.

«Il est incroyable que nous puissions désormais suivre l’évolution des eaux continentales depuis l’espace», a déclaré Park Williams, un bioclimatologue de l’Université de Californie à Los Angeles qui n’a pas participé à l’étude. 

«J’ai le sentiment que lorsque les générations futures regarderont en arrière et essaieront de déterminer quand l’humanité a vraiment commencé à comprendre la planète dans son ensemble, cette étude sera l’une de celles qui seront mises en avant», a-t-il ajouté.

Les chercheurs affirment que les données confirment que la fréquence et l’intensité des précipitations et des sécheresses augmentent en raison de l’utilisation de combustibles fossiles et d’autres activités humaines qui libèrent des gaz à effet de serre. 

«J’ai été surpris de voir à quel point l’intensité globale était corrélée aux températures moyennes mondiales», a déclaré Matthew Rodell, l’auteur de l’étude et le directeur adjoint des sciences de la Terre pour l’hydrosphère, la biosphère et la géophysique au Goddard Space Flight Center de la NASA.

Le lien étroit entre ces extrêmes climatiques et l’augmentation des températures moyennes mondiales signifie que la poursuite du réchauffement climatique entraînera davantage de sécheresses et de tempêtes de pluie qui seront pires à bien des égards : plus fréquentes, plus violentes, plus longues et plus importantes. 

Les chercheurs ont examiné 1056 événements survenus entre 2002 et 2021 à l’aide d’un nouvel algorithme qui identifie les endroits où la terre est beaucoup plus humide ou sèche que la normale.

Il en ressort que les pluies les plus extrêmes continuent de se produire en Afrique subsaharienne, au moins jusqu’en décembre 2021, date de la fin des données. Les précipitations extrêmes ont également eu lieu dans le centre et l’est de l’Amérique du Nord entre 2018 et 2021, ainsi qu’en Australie entre 2011 et 2012. 

Les sécheresses les plus intenses ont été une sécheresse record dans le nord-est de l’Amérique du Sud en 2015-2016; un événement dans la région du Cerrado au Brésil qui a commencé en 2019 et se poursuit; et la sécheresse actuelle dans le sud-ouest des États-Unis, qui a provoqué des niveaux d’eau dangereusement bas dans deux des plus grands réservoirs américains, le lac Mead et le lac Powell. Ces niveaux restent bas malgré les fortes pluies de cette année.

Les épisodes de sécheresse ont été 10 % plus nombreux que les épisodes de fortes pluies. Leur étendue géographique et leur durée sont similaires.

Une atmosphère plus chaude augmente la vitesse d’évaporation de l’eau pendant les périodes de sécheresse. Elle contient également plus de vapeur d’eau, ce qui alimente les fortes précipitations. 

L’étude souligne que les infrastructures telles que les aéroports et les stations d’épuration, qui ont été conçues pour résister à des événements qui ne se produisent qu’une fois tous les 100 ans, sont de plus en plus sollicitées, car ces phénomènes extrêmes se produisent plus souvent et avec plus d’intensité. 

«Si l’on se projette dans l’avenir, en termes de gestion des ressources en eau et de lutte contre les inondations, on devrait s’attendre à ce que les extrêmes humides soient plus humides et les extrêmes secs plus secs», a estimé Richard Seager, un climatologue de l’Observatoire de la Terre Lamont Doherty de l’Université de Columbia, qui n’a pas été impliqué dans l’étude.

M. Seager croit qu’il est erroné de penser que les extrêmes humides et secs futurs pourront être gérés de la même manière que par le passé, car «tout sera amplifié aux deux extrémités du spectre sec-humide».

Le stress hydrique devrait affecter de manière significative les communautés pauvres et privées de leurs droits, ainsi que les écosystèmes qui ont été sous-financés et exploités.

Par exemple, les Nations unies ont prévenu que la Somalie connaissait sa plus longue et sa plus grave sécheresse, un événement qui a provoqué la mort de millions de têtes de bétail et une famine généralisée. Le Venezuela, pays confronté depuis des années à des crises politiques et économiques, a eu recours à des coupures d’électricité à l’échelle nationale en avril 2016 en raison de la sécheresse qui a affecté les niveaux d’eau du barrage de Guri.

En ce qui concerne les solutions, l’utilisation des eaux de crue pour reconstituer les aquifères épuisés et l’amélioration de la santé des sols agricoles afin qu’ils puissent mieux absorber l’eau et stocker davantage de carbone ne sont que quelques-unes des méthodes qui pourraient améliorer la résilience de l’eau dans un monde qui se réchauffe, selon l’étude.